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 INTERFÉRENCES (Yoss)

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Astre*Solitaire

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MessageSujet: INTERFÉRENCES (Yoss)   INTERFÉRENCES (Yoss) Icon_minitimeDim 21 Juil - 13:16

Interférences

de
Yoss




INTERFÉRENCES (Yoss) Mnemos10
Couverture par l'Atelier Octobre rouge



PRÉSENTATION
Tout d'abord publié aux éditions Black Coat Press, dans la collection Rivière blanche - Fusée (85 titres pour le moment, sur l'imaginaire, n° 6) en 2009 et traduit par Sylvie Miller, qui a surtout traduit du Philippe Ward et du Royo, un peu (prix Jacques Chambon de la traduction pour Interférences - merci à Bertrand Bonnet pour cette précision), le titre Intérférences sera réédité chez Mnémos dans la collection Hellios (au n° 7) en 2014. Il s'agit de trois nouvelles en un roman écrites par José Miguel Sánchez Gómez CellorioPinoBellido Valdivía Rámirez-DíazCarnotaCalabeo Can Pascual, que l'on appellera Yoss, auteur cubain né à LaHavane.

Bien que l'on puisse lire roman sur la couverture, ce n'en est pas un, pas vraiment, mais quand même un peu. Qu'avons nous donc entre les mains ? Un livre de 210 page, mais dans un format poche à la taille de police bien grosse, qui gonfle artificiellement le nombre de pages. Reconnaissons tout de même que cela en rend parfois la lecture plus aisée.
Néanmoins, regardons le sommaire et qu'y trouvons-nous ? Une préface de 6 pages de la traductrice. Puis l'Épisode 1 : Les interférences, de 67 pages. Arrive l'Épisode 2 : Les pièces, de 54 pages. Et enfin l'Épisode 3 : Les cheminées, de 26 pages. Soit 147 pages de roman. S'en suit 13 pages d'interview entre l'auteur et sa traductrice, intitulées Interférences, un roman « Underground ». Puis une biographie de 5 pages, À propos de l'auteur. Une page de présentation : Bonus. Le bonus 1 : Ils étaient venus, petite nouvelle de 17 pages ; et le bonus 2 : Seppuku, très courte nouvelle de 9 pages. Soit 173 pages réelles d'histoires (5). C'est donc assez vite avalé (en une journée dans mon cas).

On apprend grâce à l'interview que de fait, la première histoire à avoir été écrite parmi les trois épisodes, est Les cheminées, fin 1991. En 1992, la nouvelle Les interférences est écrite et Yoss se rend compte du potentiel de son arrière-plan. Ils réécrit donc les deux histoires en 2000, en unifiant le background. C'est en 2002 que lui est venue l'idée de Les pièces. Cherchant à unifier le style des trois nouvelles, il s'est rendu compte que l'ordre d'écriture chronologique ne convenait pas, et il a remanié l'ensemble pour qu'au sein même des nouvelles, il y ait cette progression chronologique qui permette d'offrir une double chute, la fin de la nouvelle Les cheminée, qui se replace aussi en perspective comme fin (sur fond de réflexion morale ou sociétale) des trois nouvelles. C'est à ce titre que le mot roman n'est dès lors plus usurpé et que le petit livre de Mnémos tient ses promesse.


QUATRIÈME DE COUVERTURE
« Un regard lucide, critique, mais toujours amoureux... »
Temps de Livres

Deux voisins bien différents : un grand pays, un petit pays. L’un est démocratique et développé. L’autre est gouverné par un Dictateur affable (Suprême Timonier du Destin National)...
Trois événements incongrus viennent bousculer les relations déjà tendues de ces deux voisins-ennemis : une curieuse interférence perturbant les émissions télévisées, un rayon étrange aux effets inattendus, et des cheminées s’élevant rageusement vers les cieux.
Le propos, jamais ouvertement politique, dessine un portrait au vitriol de la société cubaine. C’est truculent, hilarant, divertissant. Entre ce petit pays et son grand voisin, tout est prétexte à des interférences !

Né en 1969 à La Havane où il réside, Yoss est l'un des fers de lance du renouveau de la science-fiction cubaine.
Son premier roman paru en France, Planète à louer, a rencontré un grand succès et a remporté le prix Julia Verlanger en 2011.
Yoss est un auteur engagé qui a choisi la science-fiction pour parler des sujets qui lui tiennent à cœur.

INTERFÉRENCES (Yoss) Blackc10
Couverture d'Antonio Ravier Caparó


HISTOIRES ET CRITIQUE
Les Interférences nous fait d'abord suivre le quotidien d'une famille moyenne cubaine (et c'est vraiment intéressant). Puis surgit la science-fiction et c'est la pensée d'une dictature, son fonctionnement, qui est donnée à voir, pas forcément mauvaise, maléfique, mais pas vraiment conciliante ou compréhensive, facilement effrayante. Ce qui fait la force de la nouvelle, c'est le ton, mordant et incisif de l'auteur. Yoss croque avec brio ses personnages et l'on est tout de suite avec eux. On les aime, simplement pour ce qu'ils sont, même les salauds. J'ai vraiment eux le sentiment de lire l'amour d'un homme pour ses congénères à travers ces quelques lignes. On y découvre aussi la société cubaine et les problématiques de l'existence dans une communauté fermée et soumise depuis si longtemps à un régime dictatorial. Saluons au passage le courage et l'engagement de Yoss pour prendre la plume et dénoncer avec un tel ton la société dans laquelle il vit. Si, sur la forme, c'est donc une complète réussite, sur le fond, je serais moins enthousiaste. L'histoire se déroule, progresse de son petit rythme soutenu mais tranquille, mais certains choix, certaines décisions demeurent peu crédibles, sans compter que la tension narrative y est totalement absente. Et je ne parle pas de la fin en pied de nez. Le soucis, c'est que l'on sent bien que Yoss choisit d'écrire son récit de telle manière qu'il puisse nous donner à voir ce qu'il veut que nous voyons, de nous présentez ce qu'il a à dénoncer, à montrer du doigt, à gentiment railler, au détriment de l'intrigue. On ne plonge pas vraiment au cœur du problème, ni au cœur de l'aventure ou des personnage, on ne cherche pas à comprendre, à utiliser les questionnements soulevés par de telles découvertes, par les bouleversements des rapports humains qui y sont confrontés, afin de planter un décors de SF qui se justifie comme éléments de la narration. On installe un univers géopolitique sur fond de SF, qui permet de faire la passerelle avec le fond social, mais qui reste au final un simple artifice pour générer le contexte souhaité. C'est donc de ce point de vue décevant.

Les pièces offre un thème de lecture passionnant. C'est un sujet que je n'ai vu traité que dans La planète Shayol, nouvelle de Cordwainer Smith, et appartenant au cycle des Seigneurs de l'Instrumentalité et qui est pour moi l'une des meilleures nouvelles de SF qu'il m'ait été donné de lire. C'est ici, chez Yoss, franchement prenant, les questions soulevées sont nombreuses et l'on s'interroge dès lors sur ce qui défini la vie, l'humanité, l'apparence, et plus spécifiquement, les rapports humains. Mais Yoss retombe rapidement dans son travers et n'explore presque jamais la situation contextuelles de SF qu'il met en place. Il préfère s'attarder sur les comportements, les enjeux politiques et sociaux, pour amener une réflexion sur les modes de gouvernement et nos sociétés de manière plus générale. Bien qu'ironique, très parfois, il ne donne pas de leçon de moral et ne prend jamais parti. À nous de nous faire notre propre opinion. Au final, un regret de voir un si beau thème de SF balayé par un soucis de dénonciation et de réactions des protagonistes qui nous laissent dubitatifs : il est probable que cela ne se serait jamais passé de la sorte dans le monde réel confronté à une telle situation ; plutôt que de prendre le sujet à bras-le-corps pour voir où ces comportements, ces révélations auraient pu nous emmener. Dommage. Cette absence de sérieux, finalement, dans la nature science-fictionnel du récit aboutit à en minimiser par effet de transfert l'impact sur la situation sociale mise en avant dans la nouvelle. Néanmoins, c'est celle qui, de mon point de vue, s'intéresse le plus à son fond. C'est la plus réussie, le meilleur mix entre ton décalé, peinture sociale et thématique SF.

Et ce n'est sûrement pas un hasard, d'où l'intérêt de connaître l'ordre d'écriture des histoires. Car la dernière est -  de très loin - la moins crédible. On est dans un concept jusqu'au-boutiste mais qui ne s'appuie pas sur la SF pour faire son histoire. La SF permet ici simplement de justifier les comportements les plus absurdes, d'excuse à pouvoir raconter le propos, et de dénoncer l'inanité de certaines valeurs et de certaines rivalités. Comme pamphlet, la nouvelle est excellente, et la fin savoureuse. Ce qui explique d'ailleurs sûrement sont succès à Cuba. Mais comme histoire de SF, la nouvelle est juste ratée et la fin impossible - un non sens.

On sent donc bien l'évolution à travers ces trois histoires de l'écriture de Yoss qui - il n'écrit pas que de la SF - commence à prendre la mesure de l'outil et adapte peu à peu son style et ses histoires, ce qu'il a envie de raconter, à ce genre porteur de tous les possibles.
Ce que nous propose Yoss, c'est une science-fiction du présent, comme il l'appelle lui-même. À la frontière définitionnelle avec le fantastique, l'argument de SF permet d'ouvrir des portes, de créer des rapports particuliers pour s'autoriser une réflexion sur des sujets soit de fond, soit actuels. Mais elle n'existe pas pour elle-même. Cette définition du présent l'oblige (la SF) à revoir ses prétentions à la baisse, ne parvenant pas à s'affranchir du cadre où elle apparaît pour finir par s'épanouir. Néanmoins, il faut reconnaître une incroyable fraîcheur, un style efficace, fluide, moqueur qui emporte de suite l'adhésion et donne envie de lire d'autres histoire écrites par Yoss.

Pour conclure, justement, ce livre nous propose deux nouvelles supplémentaires. Elle sont toutes deux déconnectés de notre contexte grand et petit pays. J'ai vraiment apprécié la première qui pour le coup, nous offre une belle tranche de SF, sur fond de comportements humains. Comme elle s'arrête au bon moment, mes quelques reproches auront davantage de mal à s'appliquer, et c'est tant mieux. Seppuku par contre, pose problème. On est plus proche de poésie narrative dans le Japon médiéval que d'une nouvelle de SF. Pas de SF, un style autre. On s'interroge sur sa pertinence et on en ressort perplexe. Était-ce bien utile ? Mais elle n'est pas mauvaise en soi, alors pourquoi pas.

MA NOTE : 14/20 (pour de la SF)


P.S.
Je tiens ici à remercier les éditions Mnémos qui, via la souscription pour le coffret de Clark Asthon Smith, nous ont aimablement offert ce petit recueil à la fois sympathique et de découverte complète. Une très bonne initiative.



Source des images
NooSFere ;
Mnémos.


INTERFÉRENCES (Yoss) Yoss-n10
Yoss pour le site Mnémos

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