Sorti en 2012, réalisé par Andrew Stanton et très attendu,
John Carter fût malheureusement un énorme échec. Et pourtant...
Bon, on se doute qu'il est très casse-gueule de vouloir adapter au cinéma le chef- d'oeuvre d'Edgar Rice Burroughs. Petit rappel pour ceux qui n'auraient pas encore fureté dans notre bibliothèque : peu de temps après la Guerre de Sécession, John Carter, un ancien officier confédéré, vit une expérience extraordinaire. Il meurt et se dédouble, laissant son corps derrière lui, sur Terre, alors que son autre corps se retrouve propulsé sur Mars. Là, il y vivra des aventures extraordinaires, se liera d'amitié avec d'étranges créatures et tombera amoureux d'une princesse entre deux ou trois aller-retours sur Terre. Telle est l'histoire, à la fois Fantasy et Science-Fiction imaginée et écrite par le créateur de Tarzan.
Alors, ce film ?
Franchement, il mérite mieux que la descente en flammes qu'il a subi. Au lieu du grand film épique annoncé, il faut le voir comme un bon divertissement, à la limite (si on veut vraiment être méchant) comme un film de série B pourvu d'un bon budget. La reconstitution de Mars est soignée, crédible, avec du numérique mais sans excès, je vais y revenir. On sent que Stanton est fan de l'oeuvre de Burroughs et qu'il la respecte. Esthétiquement, graphiquement, c'est fidèle au roman. Les scènes d'action sont bonnes, spectaculaires même sans pour autant tomber dans les combats karatéka hystériques si fort à la mode en ce moment.
Ben alors, où est le problème ?
On sent trop quand-même que c'est du Disney : c'est parfois niais, dégoulinant de bons sentiments avec un côté
Les feux de l'amour qui rappelle les pires moments sentimentaux de
L'attaque des clones de Star Wars. Il manque quelque chose de sombre, d'épique, de dur. De plus, Carter s'adapte un peu trop vite et facilement à ce qui lui arrive, il est très vite comme chez lui sur ce monde inconnu et tout ça ne semble guère le troubler. Et du coup, on arrive au gros point faible du film, le casting.
On se retrouve avec un John Carter qui ressemble au
Hercule de la série, une princesse qui a tout d'un clone de
Xena la guerrière, flanqués d'une sorte de chien extraterrestre raté que même Jar Jar Binks n'oserait pas tenir en laisse... Et côté intensité dramatique, le numéro que vous demandez n'est plus disponible...
Et c'est là qu'on en arrive au plus grand paradoxe du film : les personnages de synthèse sont dix fois plus attachants que les vrais ! Nos braves martiens sont vraiment réussis, attachants, crédibles et deviennent presque les vrais héros du film. C'est vraiment un point fort, ces effets spéciaux et ce numérique sobres, maîtrisés, sans excès, à des années- lumières du déluge et du "Je t'en mets plein la gueule" des derniers Star Wars. Une sobriété qui ne fait pas du tout "manque de moyens" ou film à dix balles avec les colonnes en carton-pâte qui rebondissent quand elles s'écroulent, loin de là.
Allez, on se serre les mains !
Au final, bien sûr, les adorateurs de Burroughs crieront au scandale devant ce mélange un peu déconcertant de
Dune et d'
Indiana Jones avec un soupçon de
Gladiator pour la scène de l'arène et de
Dinotopia par moments. On regrettera un casting pas à la hauteur, une musique trop Disney, des dialogues franchement pas terribles et un manque sérieux de souffle épique.
Mais encore une fois, visuellement, c'est une réussite et ça vaut dans ce domaine très largement les délires de la prélogie Star Wars ou d'
Avatar. Un bon film de divertissement, franchement pas mal (sans atteindre les cimes non plus, faut pas déconner) et qui mérite mieux que la raclée qu'il s'est prise au box office. On sent qu'Andrew Stanton aime Burroughs, qu'il a vraiment voulu faire de son mieux mais sans y arriver hélas. Dommage.