A voir pour constater que même un géant comme Ridley Scott peut se vautrer...
Son
Gladiator était déjà infâme au niveau historique malgré ses qualités mais notre réalisateur semble être tombé dans la marmite du Péplum puisqu'il nous remet le couvert avec rien de moins qu'une nouvelle version des
Dix commandements.
Déjà, pour reprendre ce sujet après le film culte de Cecil B. DeMille servi par deux géants, Yul Bruner et Charlton Heston, faut en vouloir... Scott a sans doute cru compenser par de la 3D et du numérique à outrance sans oublier décors et costumes pharaoniques, c'est le cas de le dire. Le tout accompagné d'un titre qui fait plus penser à un jeu vidéo qu'à un film biblique...
Alors ?
Hé ben... Bon, les décors et les costumes sont magnifiques. Trop. On a du coup un effet hollywoodien, kitsch et surchargé qui passait dans les années 1950 mais plus aujourd'hui. Au final, tout cela ne fait guère authentique, on a vu depuis des documentaires, téléfilms ou reconstitutions historiques bien plus soignées et authentiques. Mais ça reste beau à voir même si par moments, ça ressemble plus au clip
Remember the time de Michael Jackson ou à une soirée au casino
Louxor de Las Vegas...
Bon, qu'est-ce qu'on mange ce soir ?
Niveau numérique, la facture a dû être celle de la grande pyramide vu le déluge d'effets proposé. Soyons francs, les scènes des 10 plaies frappant l'Egypte sont une vraie réussite, c'est à voir, surtout l'attaque des crocodiles et les nuées d'insectes sans oublier la mer qui s'ouvre et se referme. Non, franchement, ça a de la gueule.
Mais bon, le numérique ne fait pas tout, il faut aussi des acteurs et actrices de talent. Et là... Je ne dénigre pas les acteurs principaux qui font tout leur possible. Mais accepter de succéder à Yul Bruner et Charlton Heston dans le rôle du plus célèbre des Pharaons et d'un prophète, on se demande si c'est pas mission impossible... Joël Edgerton campe un Ramsès intéressant, terriblement humain par moments (la scène de la mort de son fils est très bien jouée) mais ne peut rivaliser avec le charisme et la présence impériale de Bruner. Bien que son physique "normal" soit plus crédible quelque part que la musculature impeccable du beau Yul. Christian Bale est un Moïse fadasse, passif, qui donne l'impression déprimante de ne pas y croire lui-même, à 1000 lieues du prophète charismatique faisant vibrer les foules. Et niveau physique, ça ne passe pas du tout avec ce look de jeune premier au brushing nickel bien loin du majestueux patriarche à barbe blanche. Quant à Dieu lui-même, ici pas de voix caverneuse et impérieuse, pas d'éclairs et d'orage pour l'incarner mais un gamin de huit ans colérique et capricieux dont on se demande ce qu'il fout là (lui aussi sans doute). Même la présence de Sigourney Weaver ne rattrape pas ce casting poussif. Sans oublier que tous ces beaux égyptiens des temps pharaoniques sont blancs bien typés européens ou américains, quitte à rajouter une tonne de fond de teint...
Enfin une réalisation passive, qui n'a rien d'épique ou de biblique. Scott déroule son film comme on fait défiler les pages d'un catalogue sur plus de 02h30, ce qui est beaucoup trop long. Pas d'élan, pas de véritable énergie, une succession de faits.
Au final, un divertissement agréable à regarder un après-midi (les paysages extérieurs sont magnifiques) mais ça s'arrête là. On est en plein dans le grand divertissement populaire, coloré et grandiose mais sans aucune profondeur, ni historique ni psychologique.