SERGIO TOPPI

Né le 11 octobre 1932 à Milan, Sergio Toppi (qui nous a quitté en 2012) reste un maître du dessin en noir et blanc, créateur d'un style propre, très graphique, qui a considérablement influencé de nombreux artistes après lui.
Un style puissant, évocateur, des dessins très soignés mis au service de la BD pour des histoires souvent pleines d'aventures, de voyages et d'exotisme avec des costumes et décors fouillés et un aspect graphique indéniable, très fort, supprimant parfois les cases pour entremêler les images en un style qui annonce déjà le roman graphique.
C'est dans les années 1970 qu'il acquiert définitivement ce style si particulier. Dans les années 1980, il s'essaie à la couleur pour un résultat médiocre, ses dessins fouillés et réalistes s'accommodant mal du passage à la couleur.

Rien que les titres de certaines de ses œuvres annoncent le dépaysement et l'exotisme :

- Le Joyau Mongol
- L'Obélisque Abyssin
- Le Sceptre de Muiredeagh
- Le Calumet de pierre rouge
- Le Collier de Padmasumbawa

(Photo : chezmo.wordpress.com)

(Photo : aleixgoho.blogspot.com)

Un style unique, reconnaissable au premier coup d'œil avec un trait nerveux et aigu, qui peut surprendre, dérouter, mais qui a fait école depuis. Les histoires ? Exotiques, oniriques même, du Japon à l'Amérique précolombienne en passant par l'Afrique avec un côté "Corto Maltese" indéniable dans l'esprit. Certains dessins font penser à des toiles de Klimt par moments... On est bien dans la créativité atypique et le goût du rêve, de la fantaisie des années 70/80.
Son œuvre est d'une grande richesse, n'hésitez pas à aller voir sur le net. Incontournable en Italie, il est hélas plus difficile à trouver en France.

(Photo : babelio.com)

(Photo : labirint.ru)

Toppi est l'un de mes dessinateurs préférés, si ce n'est mon préféré, je suis vraiment fan (et je ne suis pas fan facilement).
J'étais persuadé d'avoir ouvert un sujet sur lui dans le sujet BD, mais, à force d'y avoir pensé plusieurs fois, je me suis trompé en pensant que c'était déjà fait.

Voyageur Solitaire a écrit:

Son œuvre est d'une grande richesse, n'hésitez pas à aller voir sur le net. Incontournable en Italie, il est hélas plus difficile à trouver en France.

Maintenant  c'est beaucoup plus simple de les trouver en France chez son libraire BD, gràce aux éditions Mosquito dont j'ai parlé déjà plusieurs fois (Micheluzzi, etc.). Cette maison d'édition Grenobloise s'est spécialisée dans les auteurs Transalpins et réédite tous les Toppi.

Toppi c'est déjà un dessin unique, comme tu le dis, que l'on peut identifier immédiatement.
Je parlerai de ses BDs plus tard, j'en possède pas mal. D'ailleurs j'avais du te parler de cet auteur et te montrer ses oeuvres quand tu étais passé chez moi. Elles trônent à côté de mes Corto Maltese et de quelques Micheluzzi.

Par contre, le passage à la couleur est pour moi une erreur tant elle ne s'accorde pas avec son style (de manière générale, la couleur passe mal avec le style réaliste et s'accommode bien mieux de la ligne claire). Surtout que, pour ses dessins couleurs, Toppi a privilégié des couleurs vertes, bleues et violettes, pas très heureuses...

Sa minutie au niveau des détails, son inventivité pour les parures, vêtements et bijoux n'est pas loin de celle d'un Jean-Claude Gal, dans un style différent. On notera aussi l'emploi de larges espaces blancs qui viennent "soulager" les parties très chargées et éclairer le dessin. Très fort.
Ces dessins d'aventures japonaises sont incroyables :



Celui-ci me fait penser irrésistiblement à certains tableaux de Klimt :


Mais bon, tous ses dessins sont incroyables, qu'ils décrivent les aventures de ses héros ou les scènes du quotidien le plus banal. Et comme chez Gal, rien n'est coulé dans le même moule : chaque personnage, chaque vêtement, chaque habitat ou paysage a ses particularités, son apparence, son style, le rendant unique. Pas de décors "passe-partout" et de personnages qui se ressemblent tous.
Un maître, décidément.

Toppi aime également éclater les cases, en héritier d'un Druillet : il me donne l'impression de ne pas concevoir une planche de BD dessin par dessin, mais planche par planche, page par page. Il n'hésite donc pas à sortir du cadre d'un dessin pour déborder sur un autre. Ce qui me frappe chez lui c'est le choc que j'ai eu au départ : il m'a fallu un temps d'adaptation. Très souvent avec lui, j'ai l'impression qu'il ne voit pas les choses comme les autres.

Sur la couleur, je mets un bémol à ce que tu as dit. Certes je préfère de loin ses N&B, mais certains de ses dessins en couleur dégagent aussi quelque chose. En couleur, de lui, je n'ai que Le Tarot des Origines, qui comme son nom l'indique un peu, est une série d'illustrations pleine page sur le thème préhistorique, pour un jeu de tarot ésotérique, primal, animal.

Concernant ses BDs, il serait peut-être plus judicieux de créer un deuxième sujet sur lui dans le sujet BD ?
Je peux les détailler titre par titre.

Bien sûr, il est même indispensable d'ouvrir un sujet sur ses BD. Je me suis ici plus attaché à son art et son style, à son dessin si caractéristique.
C'est vrai, toutes ses œuvres en couleurs ne sont pas mauvaises, du moins à mon avis quand il délaisse ces teintes verdâtres et bleues/mauves pas géniales.