(Photo : cometoarmenia.am)
La Grèce ? Rome ? La Turquie peut-être ?
Hé bien non, bienvenue en Arménie, à Garni, à 30 kilomètres au sud-est d'Erevan, la capitale. C'est bien là que se dresse ce temple antique, intact.
De style grec hellénistique, il a été édifié en 77 par le roi Thiridate Ier et dédié à Mithra et "au soleil invaincu", Sol Invictus. Construit en basalte, il a été dévasté par le terrible séisme de 1679 et laissé en ruines. Il faudra attendre 1970 pour qu'il soit reconstruit à l'identique, avec ses propres pierres tombées pendant le tremblement de terre et laissées là depuis.
Il faisait partie d'un vaste ensemble, visiblement une forteresse dont il ne reste quasiment rien excepté les vestiges de bains et des allées pavées. Cette dernière était occupée par les rois arméniens pendant l'été après la conversion du royaume au christianisme, au IVème siècle. Sans que l'on sache pourquoi, il a été épargné par la destruction des sanctuaires païens après la conversion au christianisme de tout le pays. On a retrouvé également sa dédicace, inscription en grec, annonçant sa construction et son inauguration, ce qui permet de le dater bien que l'inscription soit partiellement effacée.
On a également découvert des tombes alentours et des restes de sarcophages en marbre, ce qui laisserait penser qu'il fût également un lieu funéraire. Certains pensent que c'est la raison pour laquelle il fût épargné lors de la destruction des autres sanctuaires païens. D'autres pensent plus prosaïquement que les souverains de l'époque, touchés par sa beauté, refusèrent de le détruire et se contentèrent de le fermer.
Sa décoration est très riche en dépit de son apparente simplicité. Branches d'acanthe, motifs floraux entrelacés de raisins et de grenades, têtes de lions... Lors de sa reconstruction en 1970, les mêmes techniques ont été utilisées, à savoir des pierres taillées maintenues entre elles par des joints de plomb. Il est entouré de 24 colonnes, bâti sur un podium et précédé d'une vaste esplanade pavée qui devait servir pour les cérémonies. Son escalier est bordé de chaque côté par un piédestal orné d'une figure d'Atlas, représenté comme si le Titan supportait le temple sur ses épaules... L'escalier compte neuf marches et chacune est plus haute que la précédente, ce qui implique un effort pour les monter et imposait ainsi une certaine humilité à celui qui "montait" vers le dieu solaire...
(Photo : Hayk Yeghiazaryan)
(Photo : argoul.com)
(Photo : cometoarmenia.am)
(Photo : ancients-origins.net)
Le temple de Garni est aujourd'hui protégé et un site touristique majeur qui draine des milliers d'arméniens, Erevan étant toute proche. Il apparaît même sur certains billets de banque. Une récente inspection par des experts l'a confirmé en "bon, même très bon état".
Chose plus étonnante dans un pays profondément chrétien comme l'Arménie, le temple est devenu le lieu de rendez-vous des "néo-païens" qui y organisent des cérémonies, principalement le 21 mars, jour païen du Nouvel An et lors du festival païen de Vardavar.
Enfin, il ne faut pas oublier le site en lui-même, grandiose de beauté sauvage :
(Photo : armenica.org)
Sur cette vue, on voit à proximité du temple les vestiges des anciens bains de la forteresse :
(Photo : dookinternational.com)