(Photo : webchutney.pk)
C'est un petit bijou, une petite merveille de bois et de brique, magnifiquement ouvragée, situé à Chiniot dans la province du Penjab.
Extrêmement raffiné, richement décoré et coloré, il semble surgi d'un conte des 1001 nuits... Hé bien non ! Ce palais est beaucoup plus jeune puisqu'il a été construit en... 1923.
C'est le Sheikh Omar Hayat, un riche négociant venu de Calcutta qui le fait construire pour célébrer la naissance de son fils. Chiniot étant réputée pour le travail du bois, le Sheikh fait appel aux meilleurs artisans qui vont travailler, nuit et jour, pendant dix ans pour édifier le palais. C'est même plus tard, en 1935, que l'édifice est inauguré. Son commanditaire meurt deux mois plus tard... Son fils prend alors sa suite mais il est retrouvé mort dans sa salle de bains le lendemain de son mariage, en 1938 (asphyxié par les émanations d'un chauffage défectueux). De chagrin, sa mère le suit dans la mort et ils reposent tous deux, côte à côte, dans les jardins.
Le palais passe alors pour hanté, maudit. Les serviteurs y vivent et l'entretiennent pendant deux ans avant de l'abandonner. Un orphelinat y est installé mais les enfants s'y sentent si mal à l'aise que l'endroit est à nouveau abandonné. Puis ce sont des bandits qui s'y installent, une puissante famille de gens peu recommandables qui laissent le bâtiment en piteux état. Il faut alors attendre Ahtar Tahir, un député qui parvient à lever des fonds et fait restaurer le palais pour lui redonner tout son éclat.
Aujourd'hui, le palais est une bibliothèque et un centre culturel. Une nouvelle campagne de restauration lui a redonné progressivement les couleurs éclatantes d'origine :
(Photo : dawn.com)
Mais venez, entrons...
Tout s'articule autour du grand hall central sur lequel donnent les étages, agrémentés de galeries ouvragées :
(Photo : amirmukhtar.com)
(Photo : dawn.com)
Mais là où le travail du bois devient chef-d'oeuvre, c'est du côté de la petite loge... Suivez-moi... Ouvrons cette porte :
Nous voici sur la façade avant du palais, au-dessus de la porte d'entrée. Regardez à droite :
(Photo : dawn.com)
La voici cette fameuse loge, entièrement en bois, incroyablement, magnifiquement ouvragée et d'où les femmes de la maison pouvaient tout voir sans être vues, un véritable petit salon où l'on peut se tenir assis, à plusieurs personnes.
(Photos : imgrum.net)
Il faut surtout se rappeler qu'il n'y a pas si longtemps, le bâtiment n'était plus que ruines et gravats, menaçant de s'effondrer, menacé de démolition. Pillards et squatters avaient emporté meubles, miroirs, vaisselle, avaient arraché vitraux, marbres, bas-reliefs et boiseries.
Malheureusement, l'histoire ne finit pas bien... La restauration du palais engloutit des sommes fabuleuses, les crédits ont été coupés faute d'argent, le programme de rénovation stoppé. A moitié rénové, vivotant sur les maigres rentrées d'argent du musée et de la bibliothèque, le palais Omar Hayat est à nouveau quasiment à l'abandon, s'enfonçant dans le silence et le souvenir de ses splendeurs passées... Une pétition serait en ligne afin de faire inscrire le bâtiment au Patrimoine de l'Unesco afin de pouvoir le sauver.
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(Photo : dawn.com)