Un sujet pour parler des livres en rapport avec la Musique.
J'ouvre le bal avec :
Voici donc une bouquin écrit chez Denoël par Christophe Bourseiller. Vous le connaissez probablement, vous avez du le voir dans certains films ou entendu à la radio (jetez donc un coup d'oeil sur sa filmographie)
Christophe Bourseiller, est un acteur, journaliste, écrivain et enseignant français né en 1957.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Christophe_Bourseiller
Un livre qui a divisé les critiques : certains lui reprochent ses partis pris, trop d'anecdotes glanées ci et là, etc...
Finalement le livre n'est pas évident à suivre car les chapitres parlent tour à tour du punk américain, anglais et français. C'est assez logique vu comme les choses vont se télescoper, et que nous sommes dans un milieu culturel avec multiples influences.
Dès le départ, je me suis interrogé sur le lien antre punk et cold wave, j'avoue que ça m'était passé au-dessus de la tête.
Comme je ne connaissais quasiment rien du mouvement punk en dehors de quelques disques emblématiques, de l'histoire des Clash, Sex Pistols, ou Ramones. Ce livre était l'occasion de tout apprendre. En même temps, partir de rien pour un mouvement qui fait l'apologie du rien et du no future, c'est cohérent, non ?
Bon, alors effectivement, je ne regrette pas ma lecture car j'ai appris beaucoup de choses sur le sujet, sur des groupes que je connaissais mais que je n'avais jamais eu envie d'écouter, etc. C'était le but. Je pense que si l'on ne connaît pas la démarche derrière un mouvement culturel, on passe totalement à côté de la musique. Le livre parle donc des groupes punks, un mouvement finalement très éphémère mais qui a essaimé depuis, et de la transition cold wave, ainsi que de l'amorce de la musique des années 80. La Cold Wave, franchement je n'y connaissais rien et ce n'est toujours pas mon truc. J'ai appris que Billy Idol, et Siouxies Sioux (& Banshees) avant d'entamer leur carrières, étaient des groupies des Sex Pistols.
L'auteur situe l'acte précurseur du punk avec
Metal Machine de Lou Reed, vous connaissez peut-être ce double album escroquerie (Lou Reed devait contractuellement faire un album pour un label) où l'on a droit à des bruits de larsen ... sans musique. C'est plutôt bien vu : contestation envers le label et la société de consommation, glorification du rien. OK, Lou Reed précurseur. C'est d'ailleurs audible dès 1968 sur l'album White Light du Velvelt Underground, avec un morceau comme I Heard Her Call My Name (clairement un morceau "protopunk").
En parlant de protopunk, je n'ai pas beaucoup de souvenirs d'avoir lu beaucoup de choses sur les Stooges dans le bouquin. On en parle mais il y a tant d'anecdotes qu'on a du mal à se rappeler de tout. J'ai aussi eu l'impression que certains groupes ont clairement été mis trop en avant, au détriment d'autres. Le plus étonnant est pour moi la relative absence des Clash, un choix d'autant plus curieux que c'était le groupe "contestataire" engagé en politique, un sujet cher à l'auteur. À la rigueur, tant mieux, je connaissais le sujet, cela m'a permis de me focaliser sur d'autres trucs, mais j'ai du mal à comprendre cette quasi disparition.
Côté punk français, je n'étais clairement pas intéressé mais la récupération mondaine parisienne m'a bien fait rigoler. On parle déjà des Bains Douches et des boîtes qui vont faire fureur dans les 80's. En gros, pour la France, Versailles invite les punks à faire des concerts dans leur soirée. Il en va tout autrement côté anglais, où la situation sociale fait rage, et où l'on verra arriver Margareth Thatcher de mai 79 à 1990. En effet les Sex Pistols et leur God Save The Queen bouleversent l'ordre établi en s'attaquant à un tabou. C'est aussi l'émergence des Skin Heads : pas forcément d'extrême droite d'ailleurs (il y a les Red Skins), les choses sont beaucoup plus compliquées, sans oublier les hooligans :
On est clairement dans la provocation du côté de Malcom McLaren (manager des Sex Pistols) et des tenus vestimentaires de Vivienne Westwood.
Les croix gammées affichées par Siouxies Sioux (au passage je ferai remarquer les initiales de son pseudo) et certains punks ne seraient pas à prendre au premier degré : cela ne servirait pas à faire l'apologie du nazisme, mais simplement à provoquer. Un mouvement désespéré, fait par des jeunes crétins qui ne croient pas en l'avenir, se réfugient dans la drogue, veulent choquer... et percer finalement quand même dans le milieu musical. Je vous laisse juge. J'ai oublié aussi de dire que le mouvement punk était également né en forte réaction au mouvement Peace & Love de la fin des 60's. Il faudrait citer aussi les Teddy Bears (dans l'héritage des Rockers, opposés aux Mods), comme quoi la musique et les bandes sont une tradition britannique. Å propos des Mods, le bouquin ne parle pas dans mes souvenirs des Who, dont l'énergie était l'une des marques de fabrique, énergie revendiquée par les Punks : ces derniers étant très souvent limités dans la pratique de leurs instruments de musique, ils se rabattent plutôt sur l'énergie qu'ils y mettent. Et puis les Who, c'était
My Generation, quoi. Précurseur de Generation Chaos donc. C'est marrant, on aura droit aussi à Generation X. Et plein d'autres. Visiblement on est très écolo car on recycle des idées.
Ce qui est étonnant, c'est aussi que parallèlement, la musique reggae explose à Londres. Johnny Rotten le leader des Sex Pistols quittera le groupe pour se lancer dans ce style musical. On connaît aussi la très grande influence du reggae sur les Clash. On pourra donc s'étonner de la coexistence des croix gammées et du reggae. Enfin bref, chez les Skin Head, crânes rasés, il y a à boire et à manger, enfin surtout à boire.
Niveau vestimentaire, on retiendra dans l'esthétique punk les tenues SM de Westwood, le maquillage outrancier, les crêtes iroquoises, les cheveux verts ou orange, sujet évoqué dans le bouquin.
Au niveau des groupes punks, le livre m'a permis de découvrir le groupe Wire -que je présenterai bientôt- dont le premier album
Pink Flag est probablement l'un des meilleurs pour comprendre le punk, avec celui des Sex Pistols et les deux premiers Clash.
Au final, le mouvement punk est assez compliqué à comprendre à cause de son côté provocateur et nihiliste. Le côté énergique et contestataire continue de m'attirer quand on voit la pauvreté des daubes commerciales à succès, ou les tensions de nos sociétés actuelles.
Pour moi l'acte de rébellion n'est pas d'être nihiliste, mais de ne pas céder au vide de la société de consommation où certains médias "grand public" maintiennent les masses dans un TV réalité et des raccourcies géopolitiques. L'acte de rébellion individuel devrait être l'auto-éducation pour développer son esprit critique et se méfier des préjugés. C'est évidemment plus facile à dire qu'à faire, et moins compliqué si l'on est issu d'un milieu non défavorisé.
Bordel, j'ai parlé politique sur le forum...