Vilain VIK ! A cause de lui j'ai replongé dans mes anciens Wildstorm et délaissé mes lectures "récentes" en retard. Pourquoi ai-je replongé ? Car Urban, dont je ne cesse d'admirer la politique éditoriale, ressort les épisodes de Stormwatch écrits par Warren Ellis et qui précédent le fameux Authority. Du coup je me suis posé la question: le premier est-il bien utile à la compréhension du second ?
On appréciera le titre du volume destiné à attirer le chaland...
Déjà, les lecteurs qui vont le découvrir en relié ont bien de la chance car personnellement il m'a fallut beaucoup de volonté pour suivre une série parue dans pas moins de 4 revues et de façon non chronologique !!!
Warren Ellis arrive donc au numéro 37 de la série Stormwatch. Je n'ai pas eu le courage de lire les précédents en vo et me suis contenté de les feuilleter. J'ai la furieuse impression que la qualité des dessins et des scénarii ne mérite pas mieux.
En même temps que le nouveau scénariste arrive sur la série un nouveau dessinateur Tom Raney. Je vais régler son compte tout de suite à celui là ce sera fait. Ben c'est pas folichon niveau dessin désolé Tom ! Tu dessines mieux que moi, certes, mais je suis loin d'être une référence ou alors du coté de la médiocrité nullissime. Oui le dessin n'est pas très agréable et fait parfois un peu mal aux yeux, et pourtant je trouve qu'il colle bien à l'ambiance qu'Ellis donne au comics. Allez savoir pourquoi ces corps pas toujours bien proportionnés aux allures un peu bancales et ce trait assez sombre ne sont tout compte fait pas si mauvais si on ne cherche pas avant tout l'esthétisme. De plus je trouve qu'au fur et à mesure des épisodes il s'améliore (un peu). Signalons également que Raney enchainera prés de 15 épisodes à la suite ce qui était un exploit chez Wildstorm à l'époque.
On comprendra que ce n'est pas le dessinateur qui m'aura donc poussé de nouveau dans ces pages. Non pas le dessinateur mais bien le scénariste. Mister Ellis est l'un des auteurs britanniques qui gravite dans le milieu du comics américain, c'est souvent un gage de qualité, allez savoir pourquoi... Il a de commun avec Alan Moore la nationalité et la barbe (un tantinet plus courte) mais pas que... J'y reviendrai... Avant d'arriver sur Stormwatch, il avait bossé essentiellement chez Marvel où son travail était disons inégal.
Point commun disais-je donc. Tout le monde conviendra (j'espère) qu'Alan Moore a fait entrer le comics dans l'âge adulte (même s'ils étaient plusieurs sur le coup et que cela ne s'est pas fait en un jour) avec ses Watchmen (oui c'est proche de l'obsession, je sais). Je dirais qu'Ellis a remis quelques briques au dessus des solides fondations faites par le Maître et c'est avec Stormwatch qu'il débuta son labeur. En effet il pris donc une équipe de super héros à mi-chemin entre les Vengeurs et la Ligue de Justice (tant il y ait un chemin entre les deux) et en fit ce qu'une telle équipe serait dans la réalité vraie de vraie. C'est ça la patte d'Ellis : le désir de faire coller l'univers imaginaire des comics au notre et parfois ça fait froid dans le dos.
Que trouverait donc quelqu'un qui achèterait le volume d'Urban ? Revue de détail (Attention quelques spoil trainent):
Stormwatch 37 fait suite à un crossover où l'équipe de héros des nations unies perdit un de ses membre qui s'est révélé être un traitre. L'épisode s'ouvre donc sur l'enterrement de ce dernier et les états d'âmes des membres de l'équipe. En particulier ceux d'Henri Bendix, le Weatherman, le patron de Stormwatch, qui décide de reformater son équipe ainsi que de prendre du jeux vis à vis des nations unies.
Ellis Bendix se débarrasse donc de certains équipiers et en embauche d'autres. Parmi les nouveaux apparaitront Jenny Sparks, Jack Hawksmoor et Rose Tatoo. Accessoirement la première mission du nouveau Stormwatch est d'arrêter un sérial killer sanglant fan de Nietzche. La résolution plus qu'expéditive de la mission ne surprit pas à mon avis que les héros en présence...
Je ne sais pas si à l'époque on se rendait compte que l'enterrement du début était celui des héros de grand-papa.
Stormwatch 38 s'ouvre sur les restes d'un agent de Stormwatch assassiné. L'ensemble de l'épisode tourne autour de l'enquête sur fond de nationalisme et de rejet de l'ONU par les USA. Mais aussi sur la nouvelle politique radicale du Weatherman.
Stormwatch 39 s'attaque aux violences policières perpétrées dans une ville des USA.
Stormwatch 40 doit faire face au crash d'un avion en Angleterre. Catastrophe provoquée par Gamorra une nation terroriste. Bendix enverra notamment Rose Tatoo exécuter 233 personnes (autant que le nombre de passagers) sur l'île de Gamorra. Ah cette bonne vieille loi du talion !
Stormwatch 41 est quasiment centrée uniquement sur Synergie le membre de l'équipe qui active les pouvoirs en latence de surhumains s'ignorant comme tel. Elle suit un ados afin de savoir s'il pourrait être digne d'être activé. Mais ce dernier se révèle passablement dérangé et est activé par une inconnue. Ce qui perturbe Synergie et ses copains puisque jusque là elle était la seule capable d'une telle chose.
Stormwatch 42. Situation de crise à Tokyo qui est victime d'attaques terroristes sous fond de références à Mishima.
Stormwatch 43. Cette fois c'est Jack Hawksmoor, l'homme en symbiose avec les villes, qui enquête sur un meurtre. Le responsable n'est pas des moindres et outre le sourire que génère son identité on peut se demander si les services secrets n'étoufferaient pas effectivement un tel scandale.
Stormwatch 44. Dans cet épisode Jenny Sparks âgée de 96 ans mais n'en paraissant que 18 nous résume sa vie et surtout ses précédentes tentatives dans le super héroïsme. C'est un moyen pour l'auteur de survoler rapidement l'histoire des héros de comics. On remarquera que la seconde équipe de Jenny fait furieusement penser aux Watchmen (oui, encore). La fin tragique de ses deux premières équipes explique le côté désabusé de la
jeune dame et peut être son alcoolisme.
Stormwatch 45. Épisode qui fait écho au 38 avec le thème du nationalisme. On y voit au début Battalion, ex membre de l'équipe rétrogradé au rang d'entraineur des membres actifs, attaché sur une bombe alors qu'il était censé prendre un peu de bon temps en famille.
Stormwatch 46. La plupart des membres de l'équipe fait la tournée des bars un peu particuliers à travers le monde (j'ai oublié de dire qu'ils se téléportent à la star trek) afin de mieux se connaitre et de se biturer. Rose, quant à elle, restée sous bonne garde (oui elle est en permanence surveillée) prend un petit moment de détente à caractère sexuel avec son garde justement. Le pauvre homme ne s'en remettra jamais mais Bendix semble couvrir l'incident...
Stormwatch 47. Petite situation de crise : un incubateur extraterrestre qui était jusqu'alors scellé vient de s'ouvrir, c'est ballot ! A noter que les dessins sont réalisés pour cet épisode par Jim Lee le boss des studios Wildstorm qui nous gratifie d'une succession de 22 superbes pleines pages. (Peut être pas son meilleur travail mais ça fait toujours plaisir à voir).
Bilan : Ellis nous livre donc une succession de dix quasi one-shot qui lui servent à présenter d'une part ses nouveaux personnages mais également sa vision du comics moderne avec des thématiques souvent proches des horreurs du monde réel. L'exercice n'est pas facile : présenter l'intrigue, développer l'action, conclure et parsemer d'amorces de situations futures en une vingtaine de pages. Pfu !!! Je suppose que ce format fut choisi à dessin afin de ressusciter une série moribonde. Il sauve en effet la série du naufrage et pose de bases solides qui donnerons naissance au fameux Authority. N'y a-t-il pas dans ce Stormwatch trois des membres de la future équipe. Pour répondre enfin après ce pavé à la question initiale : Non, il n'est pas nécessaire d'avoir lu ces dix épisodes pour ne pas être largué quand on attaque Autority. Mais ce "non" me coute car il minimise l'importance du travail d'Ellis qui chez Wildstorm, alors studio indépendant, a pu s'exprimer sans frein à sa créativité. Pour cela ces histoires valent le coup, malgré une inégalité indéniable et ces dessins si particuliers dont je parlais plus haut. Si je ne les avais pas déjà en souple, je me conseillerais d'acheter ce bouquin. A vous de voir les amis !