Gorak
Messages : 5587 Date d'inscription : 31/08/2012 Age : 50 Localisation : La Principauté de Montbéliard Emploi/loisirs : Paladin - aime la littérature, la musique, les voyages, découvrir d'autres cultures Humeur : Agréable et courtoise
| Sujet: LE RIVAGE DES SYRTES (Julien GRACQ) Mer 7 Déc - 8:03 | |
| Un des plus profonds chefs-d'oeuvre de la littérature existentielle francophone. Ce roman raconte l'histoire d'Orsenna, un empire figé et déclinant, vivant seulement sur sa seule gloire passée. Une torpeur à l'image de la guerre qu'il livre depuis 300 ans au Farghestan, pays situé sur l'autre rive de la mer des Syrtes. Les deux belligérants, en effet, s'ignorent depuis longtemps et aucun ne semble pressé de reprendre un conflit qui n'existe plus que dans les archives. Mais voilà que, pour des raisons obscures, on se remet à parler avec passion du Farghestan, dans le peuple et même dans les milieux cultivés d'Orsenna. Dès lors, c'est comme si toute une nation s'enflammait soudainement pour secouer son inertie. Aldo, un jeune officier dépêché sur le rivage des Syrtes, va servir malgré lui d'instrument à ce brusque réveil en commettant un impair diplomatique : une nuit, alors qu'il commande une patrouille côtière, il passe impunément la frontière et essuie trois coups de canon. Cet incident sera le prétexte à la reprise de la guerre, que le Farghestan semblait souhaiter aussi ardemment que l'empire d'Orsenna, et qui, selon toute vraisemblance, anéantira cette dernière. ------------------- Plus que de raconter une simple histoire, ce que Gracq tente de faire dans " Le Rivage des Syrtes", c'est de suggérer un univers étrange. D'où un goût prononcé pour le détail, des descriptions précises et minutieuses de l'état psychologique du héros, ainsi que certaines longueurs, toutefois savamment étudiées, et qui n'altèrent en rien le mouvement même du récit. Le lecteur apprend ainsi, au moyen de quelques indices discrets, qu'au Farghestan aussi, l'idée de guerre s'est soudainement rallumée. En insinuant par ce moyen qu'on a affaire à deux "frères ennemis", Gracq peut développer le thème du double qui lui est très cher. Nous vivons, au fil des pages, et ce, parfois jusqu'à l'angoisse, l'attente d'une catastrophe vaguement pressentie mais impossible à situer ni même à contrôler, comme si l'auteur, au fond, cherchait à nous faire éprouver, jusqu'au plus profond de notre être, la condition de l'homme face à son destin. |
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Astre*Solitaire
Messages : 2377 Date d'inscription : 09/12/2012
| Sujet: Re: LE RIVAGE DES SYRTES (Julien GRACQ) Mer 7 Déc - 8:27 | |
| C'est marrant que tu parles de Gracq, car suite aux différents auteurs du XXe siècle cités dans les précédant posts, je me suis dit que j'aurais aimé parler de celui-ci. Pourquoi ? Et bien parce que je l'ai maintes fois rencontré lors de mes études, lu de ses articles (un surtout, le plus connu, De la littérature à l'estomac), mais aucun de ses romans et que j'aurais justement bien commencé par celui-ci qui a obtenu le prix Goncourt, prix que Gracq a naturellement refusé, puisque l'année d'avant il dénonçait avec virulence tout le système de l’intelligentsia littéraire parisienne, via l'article sus-nommé. Droit dans ses bottes, peut-être trop, il ne s'est jamais départi de cette inflexibilité qui le conduira à délaisser la fiction pour la critique. Un des rares auteurs du XXe siècle qu'il me tarde de découvrir.
Pour l'anecdote, Tata Wiki m'apprend que : "Julien Gracq est également lecteur de Poe, de Novalis et de Tolkien, dont Le Seigneur des anneaux lui a causé « une forte impression »", termes repris du Magazine Littéraire, mensuel n° 527, de janvier 2013. ^^ _________________ Goburlicheur de chrastymèles
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