COSEY : JONATHAN, À la recherche de Peter Pan ...

Cosey, de son vrai nom Bernard Cosendai (né en 1950 à Lausanne), est un auteur de bande dessinée suisse, dont la plus connue est la série des Jonathan.

En 1970, Bernard Cosendai  rencontre Derib, alors seul auteur suisse de bande dessinée professionnel. Il devient son apprenti et colorie Go West et Yakari.  En 1975, il entre à Tintin avec Jonathan, série d'aventure suivant les pérégrinations himalayennes d'un jeune baroudeur suisse, considéré comme une œuvre militante pour le Tibet.

Cette série, dont il enchaîne les histoires (neuf de 1975 à 1982) lui assure un succès rapide. En 1976, il reçoit le Prix Saint-Michel Avenir puis en 1979, à seulement 29 ans, le Grand Prix Saint-Michel. En janvier 1982, l'album Kate, publié dans Tintin en 1980, obtient l'Alfred du meilleur album au festival d'Angoulême.

Après Le Privilège du serpent, Cosey, que Jonathan commençait à lasser, décide de se lancer dans un diptyque situé en Suisse, À la recherche de Peter Pan. Mais le succès de Kate pousse Le Lombard à lui demander de dessiner encore un Jonathan . À la recherche de Peter Pan est donc repoussé puis publié en 1983-1984 dans Tintin puis en deux volumes dans la collection adulte « Histoires et Légendes », est un nouveau succès critique comme public : l'album se vend plus que le dernier Jonathan en date, à la grande surprise du Lombard. Cela permet à Cosey, toujours relativement jeune, de donner une nouvelle impulsion à sa carrière.

Après avoir dessiné deux nouveaux Jonathan qui se déroulent aux États-Unis, Cosey se lance en 1986 dans Voyage en Italie, dont le premier volume inaugure en 1988 la collection « Aire libre ». Cinq albums suivent dans cette collection entre 1990 et 2003. En 1993, la réédition d'À la recherche de Peter Pan  inaugure la collection « Signé » du Lombard. Cosey est alors un gage de qualité (et de ventes) pour ces collections haut de gamme.
L'album Saigon - Hanoï, qui présente la grande originalité de déconnecter (pour l'essentiel) le fil des dialogues de celui des dessins, obtient le prix du scénario au festival d'Angoulême 1993.

Cosey fit de nombreux voyages au Tibet, où il  y fait retourner Jonathan dans le 12è volet de ses aventures. En 2005, il crée dans Spirou un diptyque, Le Bouddha d'Azur, où le Tibet est traité d'une manière plus documentaire et fouillée. En 2008 sort le quatorzième Jonathan, situé cette fois en Birmanie, où Cosey avait voyagé en 2007.

Jonathan, publiée dans Tintin à partir de 1975, est aussi le nom de son personnage principal de la série. Celle-ci compte en 2016 seize albums, publiés par Le Lombard entre 1977 et 2013.

Jonathan est un occidental Suisse qui parcourt l'Himalaya, à travers l'Inde du Nord et le Népal. Ses pérégrinations lui font traverser le Tibet occupé, rencontrer de nombreux personnages, passer dans des lieux réels comme Leh, Srinagar, Katmandou ou Lhassa. Les aventures de Jonathan sont fortement marquées par des aspects à la fois amoureux, amicaux, esthétiques, politiques et spirituels.
Comme Cosey, Jonathan pratique le ski, la moto trial, aime lire des Védas, Jung, Woody Allen et des bandes dessinées. Jonathan entretient une correspondance imaginaire avec certains de ces auteurs. Au fil des années et de sa curiosité, il acquiert une très bonne connaissance de la culture et de la littérature indienne. Ses yeux bleus lui valent le surnom de "yeux clairs" par les népalais. Rêveur et contemplatif, il est avare de paroles.

Mon avis :

J'ai découvert cette série très tôt, avec un exemplaire de L'espace bleu entre les nuages, probablement peu après sa sortie en 1980. Bien sûr à l'époque, j'ignorais tout du Tibet. Habitué à des BD de mon âge (pour la jeunesse), l'album m'avait intrigué et rompait avec les histoires que je lisais : les scènes d'action étaient peu nombreuses, l'histoire paraissait hors du temps et hors du monde. J'ai lu les autres Jonathan depuis, et relu L'espace bleu entre les nuages, qui reste mon préféré de la série. Une BD intelligente qui évite le manichéisme et le caricatural. C'est une invitation à une promenade, à des voyages initiatiques, ethnologiques, esthétiques, ou conutemplatifs, à vous de voir. Ce qui n'empêche pas certains tomes d'avoir une certaine dose d'action. Enfin, la série se distingue par une poésie, à l'image de certains titres d'albums. Du côté des regrets, je trouve que les tout premiers albums de la série au niveau du dessin n'ont pas atteint la finesse qu'ils auront par la suite, ce qui arrive souvent en BD. On notera que la série est parue en plusieurs intégrales.

   Souviens-toi, Jonathan, 1977 (paru en 1975 dans Tintin, voir Jonathan).
   Et la montagne chantera pour toi, 1977.
   Pieds nus sous les Rhododendrons, 1977.
   Le berceau du Bodhisattva, 1979.
   L'espace bleu entre les nuages, 1980.
   Douniacha, il y a longtemps..., 1980.
   Kate, 1981.
   Le privilège du serpent, 1982.
   Neal et Sylvester, 1983.
   Oncle Howard est de retour, 1985.
   Greyshore island, 1986.
   Celui qui mène les fleuves à la mer, 1997.
   La Saveur du Songrong, 2001.
   Elle ou dix mille lucioles, 2008.
   Atsuko, 2011.
   Celle qui fut, 2013.

Je présenterais dans quelques jours À la recherche de Peter Pan, qui est pour moi un petit chef d'œuvre, et qui est un classique de la BD.

Je lisais ça dans Tintin. Pas de souvenir des histoires,  mais une certaine atmosphère, et des dessins qui s'émancipaient de la ligne claire pure et dure.

Tiens, ça me fait penser à un autre truc de l'époque (très différent, mais les souvenirs c'est comme ça) : Rork. Faudrait que je relise tout ça un peu.