JEAN COCTEAU

De sa rencontre avec l'écrivain russe Diaghilev, qui, dit-il, lui "déniaisa l'esprit", jusqu'à sa mort, en 1963, une sorte de légende a continuellement entouré Cocteau. Lui-même l'a entretenue avec un sens du jeu qui lui donne la clé de nombre de ses oeuvres, sans qu'il faille confondre jeu et frivolité. Cocteau a toujours voulu accorder écriture poétique et vie intérieure, mais sa fascination pour les pouvoirs magiques de la parole l'a parfois entraîné à ce que certains jugent comme une jouissance stérile de leurs conséquences.

Cocteau joue en permanence sur le couple éternel du mensonge et de la vérité. Si le paradoxe est un masque, il provoque aussi une révélation ; ainsi nulle oeuvre, malgré ses apparences, n'est gratuite. Cocteau n'a guère évolué que par des nuances. Plus exalté dans la période de formation de son art et de son langage, plus serein à l'approche de sa vieillesse, Cocteau n'a jamais cessé d'envoûter son lecteur.

Comme pour beaucoup dans son genre, c'est le personnage qui m'attire plus que son oeuvre (j'ai lu très peu de choses de lui).
Comme pour Dali ou Picasso (que je n'aime pas et ne comprend pas dans leurs oeuvres), j'aime par contre le personnage : touche à tout, cultivé, curieux, atypique... Les gens comme Cocteau sont allés au-delà de leur art, ils se sont créés un univers bien particulier, bien à eux, dans lequel chacun peut piocher pour y trouver ce qui lui convient. Ils se sont bâtis un personnage, une légende, avec du faux et du vrai, des lumières et des zones d'ombre.
Les artistes comme Cocteau ne rentrent pas dans les cases, elles sont trop petites pour eux. Il a été poète, dessinateur, céramiste, dramaturge, cinéaste... Il s'intéressait à tout et a côtoyé tous les plus grands artistes de son temps.
C'est cet ensemble que j'admire chez lui, plus qu'une oeuvre en particulier.

Moi quand je pense à Cocteau je pense avant tout à Jean Marais, ils sont indissociables.

Pour le reste tout comme VS c'est effectivement plus le bouillonnement créatif du personnage qui m'interpelle que son œuvre en elle même.

Cocteau savait s'entourer. Il a quand-même côtoyé Picasso, Diaghilev, Coco Chanel, il a posé pour Modigliani, connu Proust, André Gide, Edith Piaf (il meurt le même jour qu'elle)... Mais aussi Camus, Jean Giono, tout le gratin du théâtre, de la mode, du cinéma, il rencontre l'Abbé Pierre, il a reçu Charlie Chaplin et Matisse...

Et puis Jean Marais bien sûr dont il fût le Pygmalion. "Le corps et l'esprit" disait-on de ce couple atypique où la beauté insolente de Jean Marais côtoyait le génie artistique de son compagnon et mentor.

J'aime énormément Cocteau. J'aime les gens capables de mêler la mythologie à leur univers personnel. Les enfants terribles, par exemple, est une oeuvre qui me tient particulièrement à cœur. Il a compris l'enfance comme personne. Dargelos restera l'un des personnages les plus mystérieux, les plus obscurs qui soient dans la littérature et pourtant, quelle voix !!!
J'aime me dire, in fine, que je suis l'un de ces enfants terribles, qui ne cessera jamais d'imaginer (<< imaginactif >> dirait Topor !) et de rêver. Avec le prix qu'il y a à payer.


Et Jean Marais, magnifique, bien sûr...