1957. Le réalisateur David Lean n'a plus rien à prouver, venant de connaître le triomphe avec
Le pont de la rivière Kwaï. Pourtant, notre homme veut plus, il rêve d'un
biopic avant l'heure, un grand portrait cinématographique d'un personnage de légende. Tenté un moment par Gandhi, il abandonne, cherchant un personnage plus complexe, plus sombre et ambigu. C'est alors qu'il pense à T.L Lawrence, cet agent britannique à l'existence des plus troubles qui rêva, pendant la Première Guerre Mondiale, de réunir et d'unifier les peuples arabes, alors soumis à l'empire ottoman, pour fonder une nouvelle civilisation, un nouveau monde arabe. Aventure qui prendra fin en 1935 quand Lawrence perdra la vie dans un accident de moto.
Décidé, Lean part pour la Jordanie tourner les scènes d'extérieur, s'attachant à magnifier la beauté, l'immensité et la solitude du désert en des images somptueuses. L'armée jordanienne lui fournira les milliers de figurants. Manquent deux choses : les acteurs principaux.
Lean ne veut pas d'acteurs connus, partant du principe que le vrai Lawrence était inconnu avant d'entrer dans l'Histoire. Son choix se porte alors sur un inconnu habitué des seconds rôles, un certain Peter O'Toole qui l'emballe au bout de 10 minutes d'essai :"Vous êtes Lawrence !"
Pour l'autre rôle majeur, ce sera Omar Sharif, superstar en Egypte mais inconnu partout ailleurs.
Le résultat sera, en 1963, une incroyable épopée, une fresque historique magistrale, servie par un Peter O'Toole littéralement habité, hanté par son rôle. Il est véritablement Lawrence d'Arabie, personnage fou, charismatique et visionnaire, idéaliste complexe et ambigu qui rêvait de changer la face du monde.
L'autre héros du film, c'est le désert, sublimé, magnifié par une photographie sublime qui rend toute son immensité, sa lumière, sa solitude.
La première a lieu devant la reine Elizabeth II et le film, acclamé par la critique et le public, récolte sept Oscars. Lean déclarera par la suite :"Maintenant, je peux mourir en paix".
Les spectateurs d'aujourd'hui trouveront sans doute l'ensemble trop long (04 heures à l'origine, mais l'oeuvre sera raccourcie pour être adaptée) et il faut s'intéresser à l'histoire, "être dedans" comme pour
Le dernier empereur.
Mais ça reste une grande et fabuleuse fresque historique comme on en fait plus.