HAEINSA, LE TEMPLE AUX 80 000 TABLETTES

Corée du Sud, "Pays du matin calme"... Le temple de Haeinsa, l'un des trois "temples-joyaux" du pays, bâti en 802 au sein d'une nature enchanteresse, de paysages magnifiques.

Mais ce temple abrite surtout un des plus grands trésors de l'art et de la religion bouddhique. Elles sont 80 000. 81 258 pour être exact. 81 258 tablettes de bois, gravées d'un ensemble de textes bouddhistes, le Tripitaka Koreana. Réalisé entre 1237 et 1248, ce fabuleux recueil gravé est une invocation au Bouddha pour protéger le pays des invasions mongoles. Patiemment gravées par une armée de scribes, elles déploient sur leur surface une calligraphie élégante et harmonieuse, presque raffinée. 52 330 152 caractères au total pour 81 258 tablettes de 70 cm de hauteur, 24 de largeur et pesant entre trois et quatre kilos chacune.


Les tablettes sont faites d'un bois spécial, venu des îles du sud du pays et spécialement traité : le bois a trempé trois ans dans de l'eau de mer avant d'être chauffé dans de l'eau salée, puis disposé à l'ombre et exposé au vent durant trois ans... Une fois gravée, chaque tablette était enduite d'une laque spéciale pour la protéger des insectes.
Dans le même temps, les architectes du temple ont mis en place un système de ventilation permettant de protéger ce trésor de l'humidité et de maintenir une température constante. Résultat, les 81 258 tablettes ont traversé les siècles et sont, aujourd'hui encore, parfaitement intactes...

Contrairement à ce que l'on pourrait penser, elles ne sont pas prévues pour être lues : elles servaient en fait de planche d'impression pour imprimer d'autres textes sacrés, une sorte de "matrice" à partir de laquelle on imprimait des textes selon les besoins.
Elles ont été officiellement déclarées "trésor national" par les autorités coréennes.

L'idée d'un incendie me fait quand même peur dans ce bâtiment "boisé"...

Impressionnant !

Voyageur Solitaire, tu es une véritable encyclopédie vivante.

Il voyage en solitaire
Et nul ne l'oblige à se taire.
Il chante la terre.
Il chante la terre.

Merci !

Quelques précisions supplémentaires...
Les tablettes sont gravées en caractères chinois. Elles n'étaient pas les seules autrefois, il existait d'autres recueils de ce genre, mais ils ont été détruits, brûlés ou perdus, principalement au cours des incursions mongoles. Le tripitaka Koreana est donc le dernier exemplaire au monde.
Chaque tablette contient des références bibliographiques, une sorte d'index permettant de situer la source des textes qui y sont reportés. L'ensemble est encore utilisé aujourd'hui (avec 1000 précautions) pour servir de base aux impressions des textes bouddhiques.

D'un point de vue matériel, le bois dont sont constituées les tablettes était immergé dans de la saumure ou de l'eau salée avant d'être séché à l'ombre pour lui éviter de gondoler. La laque répandue sur les deux faces protège le bois des insectes et de l'humidité et le rend imputrescible (ne pourrit pas ou ne se putréfie pas). Une poignée pleine est fixée aux deux extrémités, pour empêcher les tablettes de frotter l'une contre l'autre et assurer ainsi une meilleur ventilation.


Pour le risque d'incendie évoqué par Vic : le bois est très utilisé dans ces régions car il résiste mieux aux secousses sismiques. Mais le bois résiste également au feu mieux qu'on ne le croit. Il se consume lentement et garde plus longtemps ses propriétés mécaniques : les pompiers estiment ainsi qu'une structure en bois livrée aux flammes leur donne 15 minutes de plus pour intervenir avant qu'elle ne s'écroule...