Petit tour d'horizon...
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Monde mésopotamien :C'est donc là qu'apparaît la première référence écrite de l'herboristerie ou
phytothérapie, à travers le code d'Hammourabi. Il ne s'agit pas ici d'un texte médical mais bien juridique qui évoque les différents devoirs et responsabilités des médecins, les sanctions qu'ils encourent en cas de faute ou litige et qui va même jusqu'à distinguer un aspect civil et pénal !
A l'époque, la médecine est intimement mêlée à la magie, les remèdes sont accompagnés de prières et d'incantations, on utilise la rose, le fenouil, l'encens, la grenade...
Si la médecine reste impuissante, le malade est alors exposé dans la rue : si les passants connaissent un remède à son mal, ils peuvent ainsi le lui donner.
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En Inde :Ce sont les védas, textes sacrés, qui mentionnent la médecine par les plantes dans le cadre de
l'ayurvéda (science de la vie). Ici, l'alimentation vient se mêler aux plantes, les aliments sont classés, certains correspondant à certains types de personnes, d'autres déconseillés à ces mêmes personnes. Les épices ont une grande importance (souvent considérées comme toniques ou purifiantes), les soins sont reliés aux éléments et à l'homme dans une vision globale et universelle.
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En Chine :C'est l'empereur Shen Nong qui écrit en personne le premier traité d'herboristerie de l'Empire du Milieu, une longue liste des plantes et végétaux les plus utilisés : ginko, ginseng (racine de vie), la réglisse... Si pour les mésopotamiens la maladie est l'oeuvre des démons et mauvais génies, pour les chinois, elle est un déséquilibre dans l'organisme. On rétablit alors l'équilibre par l'alimentation (distinction entre aliments yin et yang), la respiration, la méditation, l'acupuncture... Les plantes ne sont qu'une partie des remèdes utilisés pour rétablir l'harmonie. Malgré cela, encore beaucoup de magie et de superstitions, par rapport à la forme des plantes et racines, à leur lieu d'origine... Ainsi, le ginseng passait comme remède universel parce que sa racine évoque la forme d'un homme. On pensera la même chose au Moyen-Age avec la mandragore.
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L'égypte des pharaons :Le papyrus Ebers (du nom de l'archéologue qui l'a découvert) est une mine d'informations sur l'herboristerie et la médecine des pharaons. Une liste de recommandations qui mettait déjà en garde contre les excès alimentaires et prônait la diététique et l'équilibre alimentaire. Ce qui change beaucoup, c'est la forme : les égyptiens utilisent leurs plantes sous forme d'emplâtres, de cataplasmes, de suppositoires (certains contraceptifs étaient ainsi introduits chez la femme sous cette forme), de pilules... Dans un pays où la lumière blesse, l'ophtalmologie était très avancée et les égyptiens utilisaient déjà des collyres à base de plantes et d'eau pure pour les affections oculaires. Les plantes les plus utilisées ? Ail, oignon, myrrhe, encens, pavot, les aromates pour purifier... L'eau de rose également ainsi que le miel comme antiseptique. Bien sûr, chez un peuple aussi religieux que les égyptiens, le tout était accompagné de prières, incantations et formules magiques. Réputés comme les meilleurs médecins du monde antique, les égyptiens influencèrent énormément la médecine hébraïque et gréco-romaine.
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nde gréco-romain :En Grèce, c'est bien sûr Hippocrate qui domine : il est le premier à vouloir dissocier médecine et magie. La maladie n'est pas un mauvais tour joué par un génie ou un démon, mais le résultat d'un facteur extérieur, de l'hérédité ou d'une mauvaise hygiène de vie. Cela passe aussi par les "humeurs" dont il faut rétablir l'harmonie et l'équilibre pour recouvrer la santé. Premiers pas d'une médecine scientifique, dépouillée de toute superstition ou magie. Outre son fameux serment, Hyppocrate nous a légué une liste de 230 plantes médicinales, soigneusement classées. La médecine grecque devient très réputée, des botanistes et médecins comme Téophraste ou Galien furent étudiés avec passion jusqu'à la Renaissance. Cela n'empêchait pas magie et croyances de tenir bon... Ainsi, les romains préconisaient les noix pour les maladies mentales, la forme du fruit une fois la coquille enlevée faisant penser à un cerveau humain. On croyait également que l'ail donnait de la force et on en faisait consommer des quantités écoeurantes aux gladiateurs et légionnaires...
En Gaule, l'herboristerie était le domaine des druides qui utilisaient la sauge, la résine, la menthe, le chou, la coriandre...
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Le monde arabo-musulman :En contact avec l'Extrême-Orient, il fût également le dépositaire de la médecine grecque et égyptienne : quand l'empire romain d'Occident s'effondra, médecins, érudits et herboristes se réfugièrent à Byzance et quand les arabes s'emparèrent de cette dernière 1000 ans plus tard, ils s'emparèrent de toutes les connaissances et traités accumulés et conservés là depuis des siècles. Les arabes furent donc profondément influencés par toute la médecine extrême-orientale et par l'héritage gréco-romain. Sur la trace des égyptiens, ils furent de grands ophtalmologistes, dentistes (pose de dents artificielles)... Gynécologie également : il existait des hôpitaux pour femmes où ces dernières apprennaient l'art de l'accouchement sur des mannequins de bois articulés...
Ils reprirent à leur compte les enseignements de Galien en y introduisant une nouveauté, adapter chaque remède à chaque patient, en fonction de sa personnalité, de sa constitution, de son sexe... Ils furent parmi les premiers à penser que chaque individu réagit différemment à une même maladie.
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Le monde médiéval :Très en retard, il va bénéficier des connaissances anciennes par l'intermédiaire des arabes, de la reconquête de l'Espagne Maure aux Croisades. Mais en attendant... Les herboristes sont ceux qui récoltent et font sécher les plantes, avant de les revendre aux apothicaires, ancêtres des pharmaciens, qui composent alors les remèdes. Beaucoup de femmes d'ailleurs parmi ces herboristes, dont la célèbre Hildegarde de Blingen (voire
Le monde médiéval chez
L'historien), c'était souvent les jeunes filles qui allaient cueillir herbes et plantes que l'on nommait "simples" ou "charmes".
Les apothicaires étaient durement concurrencés par les ordres et congrégations religieuses : de nombreux couvents, monastères et abbayes possédaient un potager, un jardin de simples ou une herboristerie. Soigner les maux du corps autant que ceux de l'âme faisait partie des missions de l'Eglise (avec l'éducation) et jusqu'à la Révolution, nombreux étaient les moines ou nonnes possédant de solides connaissances en botanique. Toutefois, comme autrefois, religion, superstitions et croyances s'y mêlaient.
Les herboristes sont officiellement reconnus en 1312.