Goscinny et Uderzo
Intéressons-nous un peu aux deux papas d'Astérix...
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René Goscinny est né le 14 août 1926 à Paris. Il reste un monument de la BD franco-belge et même de la BD tout court. Créateur, entre autres, d'Astérix, d'Iznogoud, auteur du Petit Nicolas, scénariste de nombreux albums de Lucky Luke... il est l'un des auteurs français les plus lus au monde.
Il passe son enfance en Argentine où travaillait son père de même que la Seconde Guerre Mondiale, ce qui lui permet d'échapper à la déportation, étant d'origine juive. Après la guerre, il passe par New York où il commence à travailler dans l'édition et où il rencontre Morris, créateur de Lucky Luke, avec qui il se lie d'amitié. Les deux hommes se brouilleront par la suite pour une histoire de contrat.
C'est à Paris, en 1951, qu'il rencontre Albert Uderzo. D'après Goscinny "Ce fût un coup de foudre mutuel, nous avons parlé pendant des heures et avons convenus de travailler ensemble". C'est en 1959 que les deux hommes créent Astérix. Entre temps, Goscinny avait déjà travaillé au scénario de plusieurs albums de Lucky Luke, à la demande de Morris, sans oublier
Le petit Nicolas,
Le journal de Tintin,
Pilote,
Iznogoud... Tabary, dessinateur de ce dernier précisa : " Il casait dans
Iznogoud tous les calembours épouvantables qu'il ne pouvait pas mettre dans
Lucky Luke parce que Morris les détestait". Touche à tout, Goscinny travaille également pour le cinéma après sa rencontre avec Pierre Tchernia. Alors qu'Astérix triomphe, il est de bon ton dans certains milieux intellectuels de dénigrer le petit gaulois moustachu, trop "beauf", trop "français moyen". Goscinny prend mal les attaques contre son héros, accusé d'être misogyne, chauvin, xénophobe, raciste... "Je n'accepte pas, je considère que c'est la plus grave des injures. Qu'on ne vienne jamais me dire ça en face ou c'est tout de suite la baffe sur la gueule ! Moi raciste ! Alors qu'une bonne partie de ma famille a terminé dans les fours des camps de concentration !"
Grand fumeur, il s'effondre à l'aéroport de Roissy, en octobre 1977, alors qu'il porte les valises de son frère qu'il est venu accueillir. Il se rend chez son cardiologue le 5 novembre pour passer une série de tests d'effort au cours desquels il meurt d'un arrêt cardiaque, à 51 ans. Sa mort laisse son complice Uderzo dévasté.
Georges Biard
Albert Uderzo, d'origine italienne, est né le 25 avril 1927 à Fismes dans la Marne.
Il a la particularité de naître avec douze doigts, six à chaque main (il sera opéré pour cela) et d'être daltonien, raison pour laquelle il confiera souvent la colorisation de ses œuvres à des tiers dont son frère. Bien que connu comme dessinateur, il travaille à ses débuts pour de nombreux journaux et magazines. Invité à Bruxelles par le patron d'une agence de presse, il y débute dans la BD et y noue de solides amitiés. C'est donc en 1951 qu'il rencontre Goscinny, un "coup de foudre". Lors des attaques contre son ami (avec lequel il partage à égalité les fabuleux droits d'auteur de la série), il soutient inconditionnellement ce dernier et prend ses distances avec les autres auteurs. Il reste cependant ami avec certains, dont Franquin, qu'il admire (Franquin qualifiant en retour le dessin d'Uderzo de "prodigieux"), Sempé ou Tabary.
La mort de Goscinny le foudroie. De son propre aveu, il reste assis sans réaction pendant 24 heures. Dans le même temps, il commence à souffrir de problèmes articulaires aux mains et a du mal à dessiner comme avant. Malgré les demandes des lecteurs qui le conjurent de poursuivre la série, il n'en a pas la motivation jusqu'au jour où il s'énerve d'entendre Greg (créateur d'
Achille Talon) déclarer que celui qui reprendrait Astérix "se casserait la gueule". Uderzo décide alors de poursuivre et sort
Le grand fossé en 1979 après avoir créé sa propre maison d'édition. Devant le succès rencontré, il poursuivra avec plusieurs albums. En 1981, il a l'idée du
Parc Astérix qui voit le jour en 1989. Dans les années 2000, un litige l'oppose à sa fille avec laquelle il finira par se réconcilier. En 2013, ses douleurs à la main devenues trop violentes, il ne peut plus dessiner. Il fait une exception pour un dessin hommage à Cabu, dont il était proche, après la mort de ce dernier dans les attentats de
Charlie Hebdo. Se sentant très fatigué, Uderzo meurt d'une attaque cardiaque en 2020, à 92 ans.