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| | LE CERCLE DES POETES | |
| | Auteur | Message |
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Gorak

Messages : 5579 Date d'inscription : 31/08/2012 Age : 50 Localisation : La Principauté de Montbéliard Emploi/loisirs : Paladin - aime la littérature, la musique, les voyages, découvrir d'autres cultures Humeur : Agréable et courtoise
 | Sujet: LE CERCLE DES POETES Lun 18 Mai - 20:09 | |
| Que vous soyez amateur, confirmé ou éclairé, laissez-donc s'exprimer votre âme et votre coeur sans réfréner les mots ou les idées. Rejoignez le cercle et exprimez vos désirs, vos craintes, vos joies ou vos colères. Laissez la plume suivre le courant de vos pensées. |
|  | | Gorak

Messages : 5579 Date d'inscription : 31/08/2012 Age : 50 Localisation : La Principauté de Montbéliard Emploi/loisirs : Paladin - aime la littérature, la musique, les voyages, découvrir d'autres cultures Humeur : Agréable et courtoise
 | Sujet: Re: LE CERCLE DES POETES Lun 18 Mai - 20:10 | |
| Le Rêveur impénitent - par Gorak
Je ne suis pas fait pour ce monde Ni pour cette vie que je trouve moribonde, Et je suis cloué au sol, mes ailes sont plombées, Mais je rêve, chaque instant, de pouvoir m'envoler;
Rêver, c'est un devoir, mieux une nécessité, Mon esprit, fécond, reste toujours avide de curiosité, Et j'aimerais colorer en bleu les pages noires de l'existence Pour mieux donner à cette vie absurde, un sens;
Par le poésie et les mots, je m'élève loin Et haut, je quitte la réalité par tous les chemins, J'ai besoin, un instant, de me retrouver Ailleurs, sous d'autres cieux, loin de cette médiocrité;
Cette vie m'exaspère, j'ai peur des lendemains, Le quotidien m'ennuie, rien ne suffit à apaiser ma curiosité, Je suis nu, sourd et aveugle, à deux pas du ravin. |
|  | | Henri
Messages : 238 Date d'inscription : 16/10/2015 Localisation : Chatillon Emploi/loisirs : Retraité. Photo, musique Humeur : bonne
 | Sujet: Re: LE CERCLE DES POETES Jeu 22 Oct - 23:25 | |
| Très beau poème. J'aime particulièrement le dernier vers : Je suis nu, sourd et aveugle, à deux pas du ravin.
Dommage que cette section n'ait pas plus de succès. On va essayer de l'étoffer un peu. Il y a quelque temps, pour un livre de photos que j'avais en préparation, je cherchais des poèmes sur la forêt de Brocéliande, ou sur la forêt en général, ou sur les légendes du Graal et apparentées. Et j'ai découvert notamment les poèmes du poète breton Guillevic, qui ne sont pas de manière explicite en rapport avec Brocéliande et tout ça, mais dont l'atmosphère m'a paru coller tout-à-fait avec les photos que je voulais mettre dans le livre. Voici les quelques fragments que j'ai mis.
Ce qui n'est pas dans la pierre Ce qui n'est pas dans le mur de pierre et de terre, Même pas dans les arbres, Ce qui tremble toujours un peu, Alors, c'est dans nous. (Sphère, Poésie/Gallimard)
Pas d'aile, pas d'oiseau, pas de vent, mais la nuit, Rien que le battement d'une absence de bruit. (Sphère, Poésie/Gallimard)
Je connais l'étrange Variété du noir Qui a nom lumière. (Sphère, Poésie/Gallimard)
La terre est sous nos pieds, Solide, indifférente, Heureusement. (Sphère, Poésie/Gallimard)
Il suffit de tremper Les pieds dans le ruisseau Pour être regardé par le soleil. (Sphère, Poésie/Gallimard)
Ce sont des fragments de poèmes plus long mais je trouve qu'ainsi isolés du reste ils sont comme des haïkus. |
|  | | Gorak

Messages : 5579 Date d'inscription : 31/08/2012 Age : 50 Localisation : La Principauté de Montbéliard Emploi/loisirs : Paladin - aime la littérature, la musique, les voyages, découvrir d'autres cultures Humeur : Agréable et courtoise
 | Sujet: Re: LE CERCLE DES POETES Ven 23 Oct - 1:01 | |
| Il est temps, en effet, de raviver le Cercle.
J'ai d'ailleurs quelques vers inspirés par la nuit qui me châtouille l'âme :
MUSA NOCTIS
Ma reine de la nuit Ô belle ténébreuse ! Un regard suffit A combler l'heure vaniteuse
Et te chanter, à tes pieds, Cette oraison singulière A seul fin de t'envoûter, T'emporter hors de la Terre
Loin de ces miasmes morbides Où l'imagination, rendue stérile, Laisse des rêves creux et vides Au goût amer de bile
Sans se mentir, rapprochons-nous, Sois ma muse, ma toute divine, Je t'emporterais, de Cythère à Corfou, A l'heure où fleurissent les aubépines. |
|  | | Voyageur Solitaire Admin

Messages : 8489 Date d'inscription : 07/01/2012 Localisation : Ici et ailleurs... Emploi/loisirs : Tout, passionnément... Humeur : Ici et maintenant
 | Sujet: Re: LE CERCLE DES POETES Ven 23 Oct - 15:23 | |
| Bon, j'y vais aussi de mes piètres petits vers amateurs...
Chaque soir...
Chaque soir à la nuit tombée Lorsque les étoiles éclairent le couchant, Sur les toits sombres tu vas te promener. Et chaque soir je t'attends.
La nuit est lourde et brûlante Dans la chaleur remonte des acacias l'odeur forte et entêtante du santal et du mimosa.
A l'ombre mauve des arbres odorants, Ton corps engourdi et paresseux Vient chercher le doux délassement. Et chaque soir, je te dévore des yeux.
L'odeur de ta peau tiède, le parfum de tes cheveux Se mêlent aux senteurs du lilas Et tes bracelets d'or et de pierres bleues Glissent lentement le long de tes bras.
Un sourire las sur ton visage assoupi, Tu t'allonges avec paresse sur la pierre du toit. Ton corps souple et doux s'étire dans la nuit Et chaque soir, je ne vois que toi.
Tel un espion aux aguets, Derrière le grillage de bois sombre, Je m'enivre de ta beauté dévoilée Où se jouent la lumière et l’ombre.
Lorsque montera dans la nuit Le son d'un lointain tambourin Berçant tes premiers rêves alanguis, Je t'observerai jusqu'au matin.
A chaque soupir qui franchira tes lèvres, A chaque mouvement de ton corps endormi, Brûlant d'amour et de fièvre, Je t'observerai jusqu'au bout de la nuit.
La flamme de la lampe grésille et meurt, Les ombres s'étendent sur les dunes et les toits, Que vienne l'aube, que sonne l'heure. Chaque soir, je ne pense qu'à toi.
La complainte du voyageur
Je marchais seul dans le désert sous la lune, Cherchant sur le sable la trace de tes pas, Un millier d'étoiles éclairaient le ciel nocturne, Comme pour mieux me guider vers toi.
J'ai suivi la piste très ancienne, J'ai longé les ruines de cités oubliées, J'ai arpenté les dunes jusqu'au lever du soleil, Comme une flamme courant sur le sable embrasé.
Et à chaque oasis soudain dévoilée, Partout où m'a mené chacun de mes pas, Dans ce silence au parfum d'éternité, Je n'ai cessé de penser à toi.
Le géant et la nymphe
Tel un dieu surgi des nues, Il s'avance, lourd et imposant. Le poitrail large et velu Et les poings d'un géant.
Ses reins forts et musclés, Ses membres souples et puissants Eclatent d'une mâle vitalité, Colosse enfanté par le néant.
Un dieu primitif et grondant Né aux premiers matins du monde, Brisant le moule originel et païen Empli d'une force formidable et féconde.
Telle une nymphe née de l'aurore, Elle s'avance, souple et lumineuse. Le teint clair et les cheveux d'or, Elle vibre et rayonne, radieuse.
De ses pieds menus et blancs, A l'éclat aveuglant de ses cheveux, Son corps admirable et rayonnant, Blesse le regard, éblouit les yeux.
Elle ouvre alors ses bras blancs, En un geste ample et sensuel, Et d'un regard terrasse le géant, Elle, la femme éternelle. |
|  | | Gorak

Messages : 5579 Date d'inscription : 31/08/2012 Age : 50 Localisation : La Principauté de Montbéliard Emploi/loisirs : Paladin - aime la littérature, la musique, les voyages, découvrir d'autres cultures Humeur : Agréable et courtoise
 | Sujet: Re: LE CERCLE DES POETES Ven 23 Oct - 16:14 | |
| - Voyageur Solitaire a écrit:
- Bon, j'y vais aussi de mes piètres petits vers amateurs...
Il n'y a pas de vers qui seraient "amateurs" ou "professionnels". Il y a ce que l'on écrit et c'est ce qui compte. Tu écris avec ton coeur et avec ton âme; tu laisses juste parler tes sentiments. Merci pour tes rimes, VS. Elles sont très belles. |
|  | | Henri
Messages : 238 Date d'inscription : 16/10/2015 Localisation : Chatillon Emploi/loisirs : Retraité. Photo, musique Humeur : bonne
 | Sujet: Re: LE CERCLE DES POETES Sam 24 Oct - 17:55 | |
| Toujours pour la préparation de ce livre de photos sur Brocéliande dont j’ai parlé plus haut, à la recherche de poèmes pour accompagner les photos, j’ai voulu en mettre quelques uns d’Emily Brontë. Bien qu’elle n’ait jamais rien écrit en rapport avec les légendes de Brocéliande, son roman “Les Hauts de Hurlevent”, qui fut l’une des plus grandes passions littéraires de ma jeunesse, me semblait parfaitement dans l’atmosphère que je voulais pour mon livre. Je supposais qu’il devait en être de même pour ses poèmes. La plus grande partie ce ceux-ci provient du “Cycle de Gondal”, si l’on peut appeler ainsi cette saga romanesque inachevée dans laquelle il est sans doute vain d’espérer trouver une suite chronologique d’épisodes dont l’ensemble conteraient une histoire avec un début, un développement et une fin. Les histoires de Gondal étaient à l’origine un jeu littéraire partagé par les trois soeurs Brontë et leur frère. Elles se déroulaient en deux royaumes, le royaume d’Angria que Charlotte partageait avec Patrick Branwell, et l’île de Gondal qu’Emily partageait avec Anne. Emily a écrit ainsi plus d’une centaine de poèmes dans lesquels on retrouve un certain nombre de personnages récurrents mais qu’il est très difficile de cerner tant ils se fondent parfois l’un dans l’autre, se dédoublent, voire même changent de sexe. Leur existence ne semble justifiée qu’en tant que narrateurs par lesquels Emily Brontë exprime ses passions et ses rêves sous le couvert d’une fiction “gothique” faite de conspirations et de luttes, de vengeances, de rivalités, de trahisons amoureuses qui pourraient n’avoir jamais de fin. C’est aussi par eux qu’elle exprime son amour pour ce pays rude et sauvage des landes et des collines de Haworth dont elle ne sera jamais sortie de toute sa courte vie, et qui constitue également le décor des “Hauts de Hurlevent”. Une vingtaine des poèmes d’Emily (n’appartenant pas tous au “cycle de Gondal”) ont été publiés de son vivant. Après sa mort, Charlotte en publia dix-sept autres, en se permettant de nombreux remaniements. La première édition complète et critique de l’ensemble des poèmes fut celle que C. W. Hatfield publia en 1941 à New-York. Dans mon livre j’ai utilisé des fragments des traductions de Pierre Leyris, de Jacques Blondel, de Claire Malroux et de Patrick Reumaux. J’en reproduis ici quelques uns dans leur intégralité. Emily Brontë, poèmesÀ A.G.A.*
— Tu te tiens maintenant sous la feuillée, C’est le même lieu, la même heure, Les jeunes feuilles étincellent, Et, tout au fond, le lac se ride De vaguelettes qui flamboient.
La brise chante comme le chant D’une brise au ciel de l’été, Les rochers tels des tours, les arbres, tabernacles Splendides sont dressés.
— Mais où donc est-il aujourd’hui ? — Oh ! ne me le demande pas. — Mais dis seulement, demoiselle, Où peut bien être ton amant ?
Est-il sur quelque rive au loin Ou bien est-il en mer, Ou bien le coeur que tu adores Ne t’est-il pas fidèle ?
— Aussi fidèle que la tombe Est ce coeur mien, quoiqu’il advienne ; Ni terre étrangère, ni vagues N’ont pouvoir de nous séparer.
— Pourquoi donc le chagrin assombrit-il ce front Et les pleurs voilent-ils les yeux ? Réponds cette fois : est-ce toi Qui envers lui fus infidèle ?
— Je contemplais la lune claire Et je l’aimai toute la nuit, Puis vint l’aube et l’ardent midi, Alors j’oubliai sa lumière —
Non, non, je n’ai pas oublié, Son souvenir est éternel ; Mais si la nuit était sereine, Le jour me semblerait-il sombre ?
Je pleure, car il n’en est qu’un Pour éclairer demain mon ciel, Dût périr au soleil de flammes L’éclat lunaire de ma vie.
non daté (Traduction de Jacques Blondel)* Initiales de Augusta Geraldine Almeda, Princesse d’Alcona, une province de Gondal, plus tard reine de Gondal, épouse successivement Alexander, Lord d’Elbë, Lord Alfred S. du Château d’Aspin, et Julius Brenzaida. ———————————————————— DE QUI PINÇAIT TES CORDES ÉTRANGÈRES
De qui pinçait tes cordes étrangères, Ce cœur, autant qu’il semble, n’a plus cure D’où vient dès lors l’émoi que tu réveilles En mon esprit chagrin, vieille guitare ?
C’est comme si le chaleureux soleil S’attardait encore au fin fond du val Après que des nues d’orage et de nuit En auraient offusqué le globe père.
C’est comme si le miroir du ruisseau Toujours retenait l’image des saules Encor que la hache eût de longue date Couché leurs cheveux d’argent dans la poudre.
Pareillement, guitare, ta magie A fait jaillir les pleurs, éveillé le soupir, Enjoint à l’ancien torrent de couler Quand la source même en était tarie !
30 août 1838 (Traduction de Pierre Leyris)
————
CHANT DE JULIUS BRENZAIDA À G. S.*
Geraldine, le clair de lune Est si doux, si radieux ; Le soir déclinant, semble-t-il, A précédé un jour plus beau,
Tandis que seul le vent murmure Bien loin, apporté par les eaux Solitaires en ce silence, asseyons-nous Sous l’antique buisson d’épine.
Âpre et morne et triste est la route, Aride est la lande alentour, La couche est dure aux membres las, Roc de mousse et sol de bruyère.
Mais lorsque s’amassaient les tourmentes d’hiver Sans lune, à minuit dans le ciel, Prêtions-nous garde alors aux coups de la tempête Hurlant autour de la demeure de nos âmes ?
Non, cet arbre aux branches fendues, Blanchissant sous le tourbillon, Qui se tordait contre le ciel, Servit d’asile à d’heureux cœurs.
Quand reviendra le calme automne, Saurons-nous trouver le chemin ? Au matin d’argent de Cynthie, Geraldine, tarderas-tu ?
17 octobre 1838 (Traduction de Jacques Blondel)* Julius Brenzaida, Prince d’Angora, sur Gondal, plus tard roi d’Almedore, sur Gaaldine, et empereur de Gondal et de Gaaldine. ———————————————————— Dehors, au ciel pâli d’automne, Du vent mugissait la clameur : Les froides pluies en cataractes Annonçaient les hivers d’orage.
Comme ce soir leur ressemblait ! Lugubre il exhalait sa peine ; Il soupira, mais peu de temps — Douce, combien douce jaillit L’antique chanson éperdue Aux mots indécis et sans nom.
« C’était le printemps car l’alouette chantait. » De ces mots il surgit un sortilège Qui libéra les eaux d’une source profonde Que ne peuvent calmer Absence ni Distance.
Dans les ténèbres de novembre, Ils étaient musique de mai ; Ils embrasèrent le tison D’un feu qui ne périrait plus.
Réveillez sur mes landes chères Le vent superbe et glorieux ! Oh ! appelez-moi des vallées Et des plateaux vers le torrent !
La neige l’a déjà gonflé ; Les rochers sont blancs et glacés Et la longue bruyère ondule plus obscure, Le soleil a fui la fougère.
Plus d’achillée à la montagne ; Les jacinthes ont disparu, Sur les bords moussus des fontaines, Au versant hivernal des monts.
Mais plus beau qu’une onde des blés, Émeraude, écarlate et or, Sont les versants où le vent du nord se déchaîne, Les vals où j’errais autrefois.
« C’était le matin et le soleil rayonnait ». Quel doux rappel ce fut pour moi Du temps où ni peine ni rêve Ne réveillaient quiconque était heureux et libre !
Quand le ciel noir tournait à l’ambre, Au bleu, joyeux nous nous levions ; Ailés et prompts étaient nos pas Pendant que nous foulions les prés pleins de rosée.
Vers la lande, la lande où l’herbe courte Nous serait couche de velours ! Vers la lande où chaque col S’ensoleillerait au ciel pur !
Vers la lande où la linotte Chantait au vieux granit usé, Où l’alouette, la sauvage alouette, Versait au fond du cœur une même allégresse !
Quelle langue pourrait traduire Mon sentiment, quand en exil, A genoux, sur la crête solitaire, Je vis que poussait la bruyère brune.
Éparse et rabougrie, elle disait Qu’elle-même bientôt ne serait plus Et chuchotait : « les murs farouches m’emprisonnent ; J’ai fleuri au soleil de mon dernier été. »
Mais le chant bien-aimé dont les accords s’éveillent, Où s’abîme pâmée une âme d’Helvêtie, N’est sortilège plus adoré, déchirant, Que ne l’était celui des clochettes flétries.
Combien, courbé sous sa puissance, L’esprit brûlait, impatient d’être libre ! Si j’avais pu pleurer alors, Ces pleurs auraient été le paradis pour moi.
Allons, triste est la marche des instants, Pourtant lourds de douleur et de chagrin ; Un jour, de nouveau sur les monts Se retrouveront l’amant et l’aimée.
11 novembre 1838 (Traduction de Jacques Blondel)
————————————————————
ADIEU A ALEXANDRIA.*
J’ai vu ce val au clair juillet Aussi charmant qu’un rêve d’ange : Là-haut, le ciel d’un bleu divin, Là-bas, le soir au rayon d’or.
J’ai vu sous mainte pierre usée Percer la bruyère empourprée ; J’ai vu la vague d’harmonie, Ces cols frémir sous ses aigus —
Si doux, mais combien pénétrants, Si bas, mais si nets à l’oreille, Je suspendais mon souffle et mes yeux se mouillaient Et sur le vert gazon mes pleurs étaient rosée.
Je m’attardais un jour d’été Sans souci des heures rapides, Sans voir le soleil déclinant Dans sa gloire, triste sourire.
Alors j’aurais pu te coucher, Et croire ton sommeil paisible Et chère, je t’aurais quittée, Et cru que Dieu te garderait !
Mais plus de clarté fugitive Ni rayon, signe d’un Dieu proche : Rude est maintenant ta berceuse, Et froide est ta couche de neige.
Et les forêts sur elle ondoient, Haute bruyère aux bras noirs, Et leur chanson doit t’apaiser Protéger mon enfant aimé !
Hélas ! les flocons épaissis Ont vite recouvert les crêtes, Et leur blanc suaire enveloppe Tes membres glacés, ton coeur froid.
Plus furieuse est la tempête, La neige là-haut s’amoncelle — Adieu, enfant que nul n’aima, Je ne saurais te voir mourir !
12 juillet 1839 (Traduction de Jacques Blondel)* Fille en bas âge d’Augusta Geraldine Almeda et du roi Julius Brenzaida. —————————— |
|  | | Gorak

Messages : 5579 Date d'inscription : 31/08/2012 Age : 50 Localisation : La Principauté de Montbéliard Emploi/loisirs : Paladin - aime la littérature, la musique, les voyages, découvrir d'autres cultures Humeur : Agréable et courtoise
 | Sujet: Re: LE CERCLE DES POETES Ven 30 Oct - 1:41 | |
| LA COCCINELLE
de Victor Hugo, mai 1830.
Elle me dit : "Quelque chose "Me tourmente." Et j'aperçus Son cou de neige, et, dessus, Un petit insecte rose.
J'aurais dû - mais, sage ou fou, A seize ans, on est farouche, - Voir le baiser sur sa bouche Plus que l'insecte à son cou.
On eût dit un coquillage ; Dos rose et taché de noir, Les fauvettes pour nous voir Se penchaient dans le feuillage.
Sa bouche fraîche était là : Je me courbai sur la belle, Et je pris la coccinelle ; Mais le baiser s'envola.
"Fils, apprends comme on me nomme," Dit l'insecte du ciel bleu, "Les bêtes sont au bon Dieu ; "Mais la bêtise est à l'homme." |
|  | | Gorak

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 | Sujet: Re: LE CERCLE DES POETES Jeu 31 Mar - 19:38 | |
| La Poésie des Choses -- par Gorak
Cours, vole, comme si ta vie était la lumière d'une bougie Sur la proposition de payer de tes peines Alors favorisé es-tu par la fortune des choses bien étranges.
Et si j'avais été suivi par un peloton de fil dans mon labyrinthe ?
Contrairement aux auteurs, je ne me tire jamais de mes réflexions lorsque j'entends les pas d'un godemiché.
Ô, même pour moi, chante mon âme !
Consolez, consolez mon peuple frémissant sous le joug et l'enthousiasme d'un poète.
Transportons-nous en tout, empruntons ce petit escalier sombre et fétide, incapables de faire ce voyage admirez donc la longueur des heures qui repoussent la souveraineté du malheur.
Celui où la vertu se trouvera aura cet assaut de coquetterie qui le gagnera. Neuf heures moins vingt... de l'échafaud de l'orchestre, il descendra quand, entre ses doigts, une feuille de chou poussera.
Heureusement, qu'il s'y admirait comme son père, il se laissa tomber dans le plus bref des possibles.
Clamant sa haine des chrétiens et des païens; Nos yeux languissent après son salut.
L'idée de voler pour vivre, complètement impossible, n'ayant pour guide d'ange au ciel qui en ordonnait ainsi, devrions-nous rester debout jusqu'à ce que...
Cours, vole, comme si ta vie était la lumière d'une bougie. |
|  | | Voyageur Solitaire Admin

Messages : 8489 Date d'inscription : 07/01/2012 Localisation : Ici et ailleurs... Emploi/loisirs : Tout, passionnément... Humeur : Ici et maintenant
 | Sujet: Re: LE CERCLE DES POETES Sam 28 Jan - 21:51 | |
| Le rire de l'homme-hyène
Je suis l'ombre dans la clarté lunaire, Je suis le rire dans la nuit. Le regard brûlant comme l'Enfer, J'avance sans bruit.
Je suis la haine et la peur, Je suis la menace insidieuse et fatale. Odeur de cuir, d'urine et de sueur, Je suis l'homme et l'animal.
Le charognard des plaines, Le poil rêche et l'échine courbée. Messager de la haine, J'avance à travers les fourrés.
Une lune rouge dans le ciel étouffant, Je guette au bord de la piste poudreuse, Le voyageur las et imprudent, Le ventre creusé d'une faim impérieuse.
Mes griffes et crocs déchireront sa chair, Je boirai son sang épais et brûlant. Alors mon rire résonnera dans l'éther, Couvrant le barrissement des éléphants.
VS. |
|  | | VIC

Messages : 4254 Date d'inscription : 18/01/2012
 | Sujet: Re: LE CERCLE DES POETES Dim 29 Jan - 10:00 | |
| Inspiré par Solomon Kane ? |
|  | | Voyageur Solitaire Admin

Messages : 8489 Date d'inscription : 07/01/2012 Localisation : Ici et ailleurs... Emploi/loisirs : Tout, passionnément... Humeur : Ici et maintenant
 | Sujet: Re: LE CERCLE DES POETES Dim 29 Jan - 10:13 | |
| Non, pas du tout. Les hommes-hyènes sont des personnages de mon AVH Les tambours de Shamanka . Ce poème est inspiré également de l'œuvre de l'illustrateur Nightrhino : (Poem and illustration by Nightrhino) |
|  | | Astre*Solitaire

Messages : 2377 Date d'inscription : 09/12/2012
 | Sujet: Re: LE CERCLE DES POETES Dim 29 Jan - 14:43 | |
| Oui, mais je comprends un peu VIC : « L'ombre dans la clarté lunaire » → Des ombres dans la clarté lunaire, un des titres d'une nouvelle de Conan, qui indique un peu, me semble-t-il ton inspiration poétique. C'est-à-dire dans le ton, l'ambiance et non sur le sujet. _________________ Goburlicheur de chrastymèles
Dernière édition par Astre*Solitaire le Sam 20 Avr - 16:49, édité 1 fois |
|  | | Gorak

Messages : 5579 Date d'inscription : 31/08/2012 Age : 50 Localisation : La Principauté de Montbéliard Emploi/loisirs : Paladin - aime la littérature, la musique, les voyages, découvrir d'autres cultures Humeur : Agréable et courtoise
 | Sujet: Re: LE CERCLE DES POETES Sam 11 Mar - 10:53 | |
| NO HOPE, MY FRIEND... you will die tonight
Et il passe sur la montagne, Comme une ombre, il file dans la nuit. C'était sa dernière heure. Sur l'écran noir de ses rêves éteints, S'affiche désormais en toutes lettres Le mot FIN.
Il n'avait pour ainsi dire Que quelques miettes de pain, Lancées par des visiteurs trop pressés Pressés de quoi ? De l'achever. Il n'était pas le bienvenu, il le savait. Les regards jetés en coin, Les sourires à peine esquissés, Que pouvait donc t-il espérer ? Sa place, il aurait pu la trouver ailleurs. Mais où était cet ailleurs ? Dans une ruelle obscure à l'autre bout du pays ? Sous un pont, croupissant entre deux déchets ? Il le savait : sa vie ne serait qu'un tas de merde. A sa naissance, déjà, rejeté de sa propre mère, Il avait dû grandir en manquant d'amour Pourtant il ne demandait que cela. Aimer. Aimer pour vivre Aimer pour rire Aimer pour dire des choses belles. Mais voilà. Personne n'a voulu de son amour. Et personne ne lui a donné de l'amour. Il était le mal aimé. Il le savait. Et dans les rues de cette ville aux murs obscurs Il rasait les murs en fixant ses souliers. Encore une fois, songeait-il, qui aurait voulu de lui ? Il n'était plus rien. Plus rien qu'une crotte de chien. Il était l'exclu, le méprisé ; Et il pouvait crever.
Il s'est éteint entre deux poubelles. Sans prononcer un mot, sans rien dire. Mais sur ses lèvres, un dernier sourire, En pensant à tous ces cons qui, demain, Le suivront à leur tour au caveau. |
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