LA MUSIQUE ROCK EN GENERAL

Vous venez d'arriver dans cette partie de la salle de musique et vous demandez à quoi vous attendre ? C'est bien normal, car "musique d'inspiration rock", c'est vague. Du rock de papa avec Elvis et les rockeurs en cuir et banane aux artistes les plus pointus en la matière en passant par le commercial le plus insipide, le terme rock englobe beaucoup de choses aujourd'hui...

Le bon vieux rock de papa a grandement été influencé par le rhythm and blues et la country. Il a également beaucoup pris d'autres genres dont le folk, le blues, le jazz, et même (hé oui !) la musique classique.
Il est caractérisé par une mélodie vocale dominante, souvent accompagnée par une ou plusieurs guitares électriques, une guitare basse et une batterie. Il peut également être accompagné de synthétiseurs/piano, de cuivres ou d'autres instruments.
La plupart des groupes de rock sont composés d'un guitariste électrique, d'un chanteur principal, d'un bassiste et d'un batteur, ce qui forme un quatuor. Certains groupes omettent un ou plusieurs de ces rôles ou comprennent un chanteur jouant un instrument en même temps qu'il chante, formant ainsi un trio ou un duo. D'autres comprennent des musiciens supplémentaires, comme un ou deux guitaristes rythmiques, ou un claviériste. Plus rarement, des groupes utilisent également des instruments à cordes comme des violons ou des violoncelles, des instruments à vent comme le saxophone, des cuivres ou des instruments tels que des trompettes ou des trombones (Tata Wikipédia).

Plus récemment, le terme "rock" est utilisé comme un terme générique pour une musique rythmée, qui bouge, ce qui rend sa définition plus difficile et ses frontières plus floues. Car le rock, c'est aussi une attitude, une façon d'être, une esthétique... Au mot "rock", on a souvent des images, des clichés qui viennent à l'esprit : le jean, le blouson de cuir, le désert, une Harley, le mec viril, la blonde canon, la route 66...
Le rock, la musique d'inspiration rock, qu'est-ce qu'un son ou une musique rock, le rock comme attitude ou façon d'être, on en parle ici...

Le rock, c'est un rebelle. Il a beau se décliner en bien des genres (Hard-rock, rock mélodique, glam-rock, métal, alternatif, punk...), à la base, il reste rebelle et contestataire. Le rock, d'abord underground, a par la suite accompagné une certaine rébellion face à l'ordre établi, une forte contestation. Déjà à l'époque, Elvis affolait les puritains et gens bien "convenables" avec ses déhanchements provoquants et sa musique de "rebelle". Sex, drug and rock'n roll ou Born to be wild, le message est clair. Dans ces années 1960/1970 où la contestation est reine, le rock bouscule, dérange et fait un doigt d'honneur à l'ordre en place.

Au passage, le rock s'invente une esthétique : le jean, le blouson en cuir, la moto, le désert, le mouvement, la vie, la liberté. Le rocker, c'est le mec viril, buriné, contestataire et libre, clope à la bouche, accompagné par la blonde canon habillée en mec pour une virée en Harley le long d'une route qui ne mène nul part. C'est le culte des belles bagnoles et des belles motos, des nanas canons (Et potiches le plus souvent...), les routes écrasées de chaleur et de soleil avec la poussière qui vole, les salles de billards sombres et enfumées, les garages et les motels perdus...
Clichés ? Risibles tant ils sont stéréotypés, caricaturaux ? C'est vrai. Mais le rock s'en fout, c'est un rebelle, il assume. Et il vous emmerde.

Je dirais que la Rock'n roll attitude c'est un état d'esprit avant tout, plus qu'un look ou une apparence. Oui c'est le coté rebelle, contre le conformisme ambiant qui ressort en premier. Par contre au niveau du look, c'est pour moi plus en retrait, on a bien sur le coté tout en jean, les cheveux assez longs, et une certaine vision de la vie (le voyage, l'aventure, la liberté). Et on emmerde le monde effectivement. Je me reconnais assez bien dans cet état d'esprit.

Avec niveau musique une vision assez large du Rock et de ses dérivés, qui va aussi bien au Hard Rock pur et dur, qu'au Rock mélodique et mélancolique. Sans oublier une approche très anglo-saxonne de la vie et de la musique.

C'est une esthétique que j'aime énormément personellement. Le désert minéral écrasé de chaleur et de soleil, la lumière, la route qui s'étire à l'infini... La poussière qui vole dans le vent, un motel perdu, un bar sombre où l'on se fait un billard... J'aime les belles bagnoles et les belles motos (D'un point de vue esthétique j'entends, j'y connais rien et j'ai pas le permis...), ce côté grave, buriné, authentique. Seul bémol, la femme souvent réduite à un rôle de potiche, chose qui agace le fervent féministe que je suis. J'aime les femmes libres, indépendantes et sûres d'elles qui savent envoyer chier le mec lourdingue ou trop entreprenant. Mais quelque part, c'est un peu ce genre qu'on retrouve dans l'esthétique rock parfois...

Et puis, une impression de liberté. J'ai gardé un souvenir impérissable d'une virée en bagnole dans l'Ouest américain avec mon ami d'enfance, on roulait, lunette de soleil sur le nez et en voiture découverte, c'était le crépuscule après une journée brûlante, un ciel de feu sur le désert, paysage crépusculaire comme dans un western... On roulait, sans se parler, le vent dans les cheveux, y avait personne d'autre sur la route... Lol ! On aurait voulu faire plus cliché ou image de pub, on aurait pas pu ! Il ne manquait que Hôtel California à la radio !
Après, ça reste un point de vue esthétique. Si je suis un rebelle, c'est plus un rebelle de salon qu'autre chose, soyons francs. Je suis pas trop fan de "la fureur de vivre", "vivre vite, mourir jeune et faire un beau cadavre", je suis bien trop sage pour ça. J'ai une certaine fascination pour ceux qui ont brûlé leur existence, qui ont traversé leur vie comme une comète flamboyante, les artistes "maudits" qui ont eu une vie "rock'n roll" comme on dit. Mais je me sais incapable de les imiter, j'ai bien trop de retenue pour ça. Quoique...

Voyageur Solitaire a écrit:

Et puis, une impression de liberté. J'ai gardé un souvenir impérissable d'une virée en bagnole dans l'Ouest américain avec mon ami d'enfance, on roulait, lunette de soleil sur le nez et en voiture découverte, c'était le crépuscule après une journée brûlante, un ciel de feu sur le désert, paysage crépusculaire comme dans un western... On roulait, sans se parler, le vent dans les cheveux, y avait personne d'autre sur la route... Lol ! On aurait voulu faire plus cliché ou image de pub, on aurait pas pu ! Il ne manquait que Hôtel California à la radio !

Tu veux dire sur ce genre de route ?


J'ai connu et expérimenté ce cliché aussi. Entre Los Angeles et Las Vegas. Pour le coup, j'étais vraiment dans GTA San Andreas en "live" !

Oui, c'est ça, mais au crépuscule avec un ciel un peu comme ça :


J'ai jamais revu de telles couleurs dans tous mes voyages par la suite... Feu rose, orange, rouge, mauve, un ciel incendié, une lumière encore vive, aveuglante... Et les ombres, très noires, qui s'allongent... A un moment, les rochers, les arbres, les cactus, tout est en ombres chinoises, d'un noir d'encre se détachant sur le feu rouge du ciel. Et après la nuit, d'un bleu clair, lumineux, trouée par les pinceaux lumineux des phares, l'air encore tiède...
Le seul moment où j'ai vraiment regretté de ne pas savoir conduire, j'aurais adoré être au volant.

Voyageur Solitaire a écrit:

Le seul moment où j'ai vraiment regretté de ne pas savoir conduire, j'aurais adoré être au volant.

Je n'ai pas de voiture et je ne conduis pas d'ordinaire. Mais aux USA, j'avais loué cette voiture :


J'ai parcouru la Californie à bord de ce pick-up. C'était vraiment génial. J'avais l'impression d'être dans un vieux road-movie des années 80 !

Et puis ça se conduit très facilement. En plus, c'est une boite automatique, tout ce que tu as à faire, c'est te laisser porter. Mais en faisant gaffe quand même à sa vitesse, parce que la police, là-bas, ça rigole pas... un petit excès de vitesse et tu te retrouves au poste.

Non, non, je ne me suis pas trompé de section... En-dehors de son histoire, de son architecture, le château d'Hérouville a un passé particulier : entre 1969 et 1984, il est le lieu d'enregistrement de tout le gratin musical de l'époque, dont plusieurs artistes d'inspiration rock. Petit retour en arrière...

C'est le compositeur Michel Magne, cherchant pour travailler un lieu tranquille à la campagne, qui est séduit lors d'une visite et l'achète en co-propriété avec un ami cher, J.C Dragomir. Il fait aménager dans les combles de l'aile Nord une salle de musique, pour ses besoins personnels avec piano à queue, orgue électronique, instruments divers et de quoi travailler pour ses assistants. Son ami Dragomir se tue dans un accident de voiture en 1965. Michel rachète alors les parts du défunt à sa famille et devient le propriétaire unique de la totalité du château. À la suite d'un incendie accidentel ayant ravagé la salle de musique de l'aile Nord en 1969, il fait transformer les combles de l'aile Sud en studio d'enregistrement, et, devant l'énormité des frais engagés, crée une société d'exploitation commerciale afin d'exploiter commercialement ce studio de 100 m2 et 6 m de hauteur sous plafond, à la lumière du jour éclairé par de hautes fenêtres. Comme le village d'Hérouville est loin de Paris, il propose à ses clients de se restaurer et de dormir sur place pendant plusieurs jours ou semaines : le Strawberry Studio, c'est son nom, est donc le premier en France (et le deuxième au monde) basé sur le concept de studio résidentiel où travail, hébergement et restauration sont liés. Et le seul en France, à l'époque, qui va accueillir régulièrement des artistes anglo-saxons en plus d'une clientèle typiquement française. (Tatie Wikie)

Car en effet, le château voit passer et séjourner des pointures : David Bowie, Iggy Pop, Elton John, les Pink Floyd, Tom Jones, Marvin Gaye, les Bee Gees, Cat Stevens... Les Stones y feront aussi un passage. Des pointures qui apprécient d'être au calme, à la campagne, pour travailler tout en ayant à disposition tout ce qui leur est nécessaire. De nombreux albums devenus cultes ont été enregistrés au château, dans une certaine discrétion et tranquillité.
Le premier est Elton John qui adore l'endroit et le rebaptise "Honky Castle". Il y débarque avec toute sa suite et s'y installe entre deux virées à Paris, en rolls, pour aller chez Yves Saint-Laurent. Bowie ne tarde pas à suivre, la machine est lancée. Grand chef proposant une cuisine gastronomique, baby-foot et flipper, promenades dans le parc... Au matin, on peut croiser Elton John ou Tom Jones en robe de chambre, au bord de la piscine ou en train d'écrire une chanson dans un coin... Le matériel proposé est excellent, le personnel qualifié, l'acoustique naturelle du château exceptionnelle.
Côté français, on voit séjourner Eddy Mitchell, Johnny Hallyday, Higelin, Polnareff...

Ami de Françoise Sagan et Boris Vian, Magne était un professionnel de la musique, avec à son actif les bande-son des Fantomas, des Tontons flingueurs ou des Angélique. Il était tombé sous le charme du vieux château, alors abandonné et y ajoutait une raison sentimentale : un soir de 1970, il s'arrête pour prendre une jeune auto-stoppeuse à proximité du château. Deux ans plus tard, elle deviendra sa femme... Quoi de plus normal pour un château ayant abrité autrefois les amours de Georges Sand et Chopin ?
Malheureusement, pour Michel Magne, les choses se terminent mal : peu doué pour la gestion, il est progressivement débordé par les factures, les dépenses, le fisc... Finalement acculé à la faillite, il doit subir une procédure judiciaire qui le force à mettre le château en vente. Ne supportant pas de perdre son œuvre, Magne se suicide en 1984.

L'endroit est assez mythique notamment grâce à un album d'Elton John qui porte le surnom qu'il lui donna, et où la star enregistra pas moins de 3 opus :

Elton John : Honky Château (1972),
Don't Shoot Me I'm Only the Piano Player (1973),
Goodbye Yellow Brick Road (1973)

Pour Bowie, il y enregistra Pin Ups (1974), et Low (1976).

L'histoire du château n'est pas finie pour autant :

Citation :

En juin 2013, il est officiellement mis en vente à 1,29 million d'euros.
En janvier 2015, le château est racheté au fils du promoteur décédé par un collectif composé de deux ingénieurs du son et d'un financier dans l'audiovisuel. Un projet de renaissance des studios voit alors le jour...

Après le château d'Hérouville, un autre lieu incontournable du rock et dont Vic a parlé dans le sujet sur les Rolling Stones.

La villa Nellcôte est un manoir de 16 chambres, construit à la Belle Époque (vers 1890) sur un promontoire surplombant la mer à Villefranche-sur-Mer, sur la Côte d'Azur. C'est Eugène Thomas, un ancien banquier, qui la fait édifier.
Très vite, l'endroit suscite rumeurs, légendes et histoires. La villa aux colonnes ioniques aurait été le luxueux siège de la Gestapo, avec des croix gammées sculptées en or, ce qui n'est selon les historiens qu'une légende. Mais une légende tenace, encore aujourd'hui.

Les Stones y débarquent en avril 1971 et s'y installent jusqu'en octobre 1973. C'est Keith Richards qui loue la propriété où le groupe enregistrera un de ses plus fameux albums, Exile on Main Street. Isolé, invisible depuis la rue, visible seulement depuis la mer, l'endroit a tout de la retraite idéale.
On y est en famille puisque s'y trouvent Anita, la compagne de Keith Richards et leur fils Marlon. Le tout dans une atmosphère étonnante, entre repos, drogue, excitation créatrice et engueulades. Le décor est à l'unisson, comme en témoigne Richards :"Dans les étages, c'était Versailles. Mais le sous-sol où on travaillait, c'était l'Enfer de Dante ! Le son y était crû, brut." Certains racontaient que des croix gammées ouvragées, datant de la guerre, ornaient les murs du fameux sous-sol... Entre marbre, dorures, lustres de cristal, canalisations qui fuient, fissures et peinture qui s'écaille s'installe une vie de bohème bordélique et créative. Selon Robert Greenfield, venu interviewer le groupe "on pouvait se retrouver à 16 à table pour le déjeuner, avec des gens dont on ignorait complètement l'identité et qu'on ne revoyait jamais... Ces déjeuners pouvaient durer des heures..." On y croisait Tommy Weber, qui fournissait tout le monde en cocaïne ce qui ne l'empêchait pas de venir avec ses enfants, Stash Klossowski, fils du peintre Balthus, des membres de la famille, des fans, des journalistes...





On compose, on va se baigner, on se promène torse et pieds nus, on fume, on boit, on enregistre... Quand les enfants refusent de dormir, on part en hors-bord à Monaco boire des cocktails et les enfants, fatigués, s'endorment sur le chemin du retour. La villa est même cambriolée, plusieurs guitares volées. Cette vie de bohème prend fin en 1973 quand Keith Richards et sa compagne sont accusés de trafic de drogue et se voient interdits de séjourner en France pour deux ans. Tout le monde fait ses bagages et la joyeuse bande quitte définitivement la villa.



Aujourd'hui, cette dernière est la propriété d'un ressortissant russe.
Les Stones eux, ont gardé certaines affinités avec la France : Mick Jagger possède un château en Touraine où il a passé le premier confinement au début de 2020...

Ça laisse rêveur ce genre de demeure associée à une période créative d'un groupe. Merci pour ces photos et pour le texte qui nous en dit long...

On a là un mélange étonnant, un squat dans une grande maison bourgeoise, les ors, les marbres, le cristal et les déjeuners à la bonne franquette, un désordre bordélique, la vie de bohème entre grand chic et déglingue... Mélange ahurissant entre vie de famille et coke, soirées déjantées et ambiance familiale, création et vacances...

On est loin du château d'Hérouville, avec chef cuisinier, grands crûs, matériel de pointe et Rolls pour emmener les pensionnaires à Paris... Le contraste entre les lieux, la grande maison bourgeoise dominant la mer et ces squatters géniaux entourés de toute leur faune, installés de façon bordélique dans un décor luxueux, donne le tournis quelque part.





Témoignage d'Anita, la compagne de Keith Richards :"Sexe, drogue et rock'n roll ? Sexe : franchement, j'ai pas vu passer grand-chose. Drogue : pas plus que d'habitude. Rock'n roll : oui, à fond la caisse, jour et nuit !"
De son côté, Richards disait de la maison qu'elle était décorée pour une "bloody Marie-Antoinette" !
C'est l'époque où on croise sur les chemins des environs Mick Jagger sur une moto Honda, où Keith Richards, sa femme et son fils, venus assister à une projection au Festival de Cannes, ne retrouvent plus leur limousine et décident de se promener à pied sur la Croisette, au milieu des festivaliers... Dominique Tarlé, jeune photographe fou de rock, vient passer un après-midi à la villa pour une séance de photos. Le courant passe si bien avec les Stones qu'il reste pour dîner, puis pour dormir. Au final, il restera six mois...

6 mois de vie aux côtés des stones dans ces conditions, et à les photographier : jackpot.

Retour sur cet épisode. Tarlé a 22 ans à peine quand il débarque à la villa pour une séance photo d'une après-midi. Le jeune homme est fauché mais passionné de rock et il connaît déjà les Stones qui apprécient son travail. Il les a rencontré un peu au hasard, à Londres, où ses parents l'avaient envoyé perfectionner son anglais. Déjà passionné de rock et de photographie, le jeune homme écume les pubs et la scène rock londonienne. C'est là qu'il rencontre Mick Taylor qui l'introduit auprès du groupe. Lors du dernier concert à Londres, avant le départ pour la France, Bianca, future femme de Jagger, vient s'asseoir à côté de lui, lui passe le bras autour du cou et lui confie que le groupe s'apprête à s'installer dans le sud de la France et qu'il sera bien sûr invité. Il vient donc pour une après-midi, il reste pour dîner. Au moment de partir, alors qu'il s'avance pour faire la bise à Anita, femme de Keith Richards, cette dernière lui demande :"Mais pourquoi tu pars ? Ta chambre est prête". Il restera donc six mois.

Tarlé découvre alors cette vie de bohème, ce campement baroque. On loge sous les ors et les marbres mais il n'y a plus de courant : les enregistrements avec tout le matériel demandent trop de puissance, tout a sauté. Ian Stewart résout le problème en se branchant en douce sur un câble électrique de la voie ferrée toute proche... Notre photographe n'a pas un rond mais va acheter ses pellicules et du matériel en limousine avec chauffeur, le tout fourni par Keith Richards... Pour son travail, il s'efface, se pose dans un coin et attend le moment propice, l'atmosphère, la pose. Il observe et, le moment venu, il photographie.










Dominique Tarlé s'éloigne à partir de 1976. Pour lui les Stones sont devenus trop grands, trop géants, avec des concerts énormes, des tournées incroyables, notre artiste ne s'y retrouve plus. Il ne les côtoie quasiment plus à partir de cette date. En 2001, il sort un livre de photos les concernant. Keith Richards lui signe alors la préface de ces mots :"un membre de ma famille et un membre du groupe".

Pour ceux qui s'intéressent à cette période, vous pouvez vous tourner vers le livre Les Rolling Stones et Nellcote, qui regroupe les photos prises pendant ce séjour atypique :

Il y a vraiment un côté dolce vita dans les 70'. C'est également palpable dans des photos des Almann Brothers ou des Doobie Brothers de cette époque. Dans certains clichés on les voit en pantalons pattes d'ef et chemise à col en V, avec leurs potes et leur famille, femmes et bambins en col roulé. Probablement un reste de soixante huitards. Un côté big band bazar circus où tout le monde passe ses vacances ensemble.

Néanmoins, pour en avoir discuté avec certains septuagénaires, la vie leur semblait plus simple en ce temps-là. Je les ai plus sentis nostalgiques des 70's que des 80's.
Enfin, les 70's, c'est quand même la décennie de rêve niveau pop rock ou musique en général, entre la fin des Beatles, les Stones, Queen, Elton John, Bowie, AC/DC, Led Zep, le hard Rock, le jazz rock d'Herbie Hancock,  le reggae, le funk, la disco, Stevie Wonder, j'en passe et des centaines.

Je pense que chaque génération a sa nostalgie, je me demande même si ce n'est pas un phénomène naturel : mes grands-parents avaient la nostalgie des années 1960 (la prospérité, une certaine insouciance), mes parents ont celle des années 1970 (la liberté, une certaine audace) et moi des années 1980 (la créativité, l'insolence, l'absence de politiquement correct). Peut-être aussi tout simplement parce que ces années étaient celles de notre jeunesse ?

Les années 1970, pour moi, c'est la liberté totale, la folie, dans le domaine créatif. Comme Warlock l'avait écrit dans un autre sujet, on a l'impression que tout était permis, que tout était possible. Une époque assez androgyne, où les hommes portaient les cheveux longs, des vêtements avec des fleurs, des bijoux, sans parler du Glam Rock avec paillettes, maquillage ou Bowie portant des robes de femme... Et comme tu le soulignes, ce côté bohème, "auberge espagnole", où tout le monde se retrouve, se côtoie, partage, comme une grande famille. L'anecdote de Dominique Tarlé, j'adore : le mec vient pour une après-midi, il reste six mois. Et c'est naturel, ça se fait tout seul. Comme ce mélange entre grande maison bourgeoise et vie de bohème. Une sorte de liberté, d'insouciance.
De respect aussi : ces locataires inattendus n'ont rien dégradé, n'ont rien tagué, rien cassé. On se baladait torse et pieds nus, on fumait, on se shootait, on se vautrait sur les canapés mais pour autant, on ne saccageait pas. Mick Jagger, le rocker à la vie flamboyante, a un château en Touraine, Iggy Pop, tout aussi flamboyant et familier des excès ne dédaigne pas les palaces huppés et, de l'avis général, est un mec d'une grande gentillesse et simplicité.

Après, ne rêvons pas non plus : on parle là d'une minorité, artistique, intellectuelle, culturelle, qui pouvait se le permettre. Les gens de tous les jours menaient la vie de tous les jours et les 70's, c'était aussi la guerre du Viet Nam, le choc pétrolier...
Mais il y avait quand-même ce grain de folie qui nous manque tellement aujourd'hui je pense.

En ce qui concerne la nostalgie de mes grands parents c'était plutôt du moins pour mon grand père, son enfance et adolescence dans les années 30, époque de l'insouciance de l'avant guerre. Mes parents et surtout ma mère les années 60, ou tout a été crée pour la jeunesse de l'époque (la mode, la musique, les émissions de radio pour jeune) c'était une explosion de choix et de divertissement pour la jeunesse.
De mon côté c'est les années 80, époque merveilleuse de folie et de créativité ou tout était possible, comme les années 70 d'ailleurs.
Et c'est pour ça que pour moi les 30 glorieuses du Rock sont de 62 à 92, qui sont à mes yeux les 30 plus grandes années de créativité du Rock avec l'imagerie qui va avec.

Aujourd'hui je ne retrouve plus ça, le politiquement correct est bien trop présent, de peur de froisser certaines associations...

Après pas étonnant de voir beaucoup de personnes nostalgiques du temps passé vu notre époque.