TEX AVERY, TOONS ET COMPAGNIE...

J'ouvre un sujet global sur cette époque flamboyante du dessin animé qui nous a donné une série de héros assez extraordinaires : Droopy, Tom et Jerry, Daffy Duck, le loup et le petit chaperon rouge si sexy, mais aussi Titi et Gros Minet, l'écureuil complètement barge et tous les autres...
Ces dessins animés qui ont connu leur apogée dans les années 1940/1950, qui n'ont pas pris une ride et que l'on pouvait retrouver entre deux films dans une émission comme la dernière séance à une époque.

Nous ouvrons le bal avec l'un des maîtres en la matière :



Frederick Bean Avery, plus communément apellé Tex Avery, est né le 26 février 1908 à Taylor (Texas) et nous a quitté le 26 août 1980 à Burbank en Californie. Réalisateur de films d'animations, il est à l’origine du style farfelu des mythiques cartoons hollywoodiens des années 1940. Tex Avery a travaillé pour les studios Universal, Warner Bros et Metro-Goldwyn-Mayer (MGM), connu pour ses créations d'univers aux situations délirantes, menées tambour battant par des personnages souvent déjantés. Parmi eux, on peut citer Bugs Bunny, Daffy Duck, Droopy ou encore Casse-noisettes.

Il fût totalement à l'opposé de son grand "rival", Walt Disney : là où ce dernier était sage et conventionnel, Tex Avery fût corrosif, avec des personnages loufoques et déjantés. Il va même jusqu'à transgresser les contes pour enfants comme Le petit chaperon rouge avec un loup mondain et homme à femmes, un petit chaperon devenu pin-up sexy et une mère-grand transformée en nympho déchaînée.
Couleurs vives, éclatantes, gags absurdes, rythme effréné et personnages délirants pour un résultat détonnant et frénétique.

Attention : sujet régressif et jouissif !

Voyageur Solitaire a écrit:

Attention : sujet régressif et jouissif !

Tous les soirs, sur la chaîne "Boomerang", tu as des cartoons "old school" genre Tex Avery ou autres.

Je m'en fais souvent une cure. Quand je suis gavé des chaînes infos, cela fait du bien de souffler un peu :

Mine de rien, ces dessins animés étaient révolutionnaires pour l'époque avec leurs personnages hystériques, leur rythme frénétique, leurs explosions et des situations qui partaient en live. Des personnages qui se prennent des baffes, des portes, des murs ou des gamelles... Et des situations délirantes : le personnage qui court comme un taré, dépasse le rebord d'une falaise et continue à courir dans le vide avant de s'arrêter, de regarder en bas, de pousser un hurlement et de revenir en arrière... Pour les spectateurs de l'époque, c'était très novateur. On pourrait même penser à une sorte de masochisme pour certains, comme ce fameux coyote qui se prend gamelles monstrueuses sur explosions et catastrophes, mais qui tente toujours d'attraper ce foutu volatile...

Le Loup de Tex Avery est vraiment mythique. L'un des cartoons les plus importants. Effectivement révolutionnaire pour l'époque.
Cela fait 30 ans que je n'ai pas revu de Tex Avery mais il y a dedans quelques perles à redécouvrir.


Quant à Bip bip et Coyote (en anglais Road Runner and Wile E. Coyote) c'était produit par la Warner Bros, créé en 1949 par Chuck Jones. Il s'est inspiré du livre de Mark Twain À la dure (Roughing It), où les coyotes affamés voulaient chasser un Géocoucou.
Le succès de Bip bip est du au rythme frénétique d'un gag toutes les X secondes, sans répit, et sans paroles, un langage universel.

Il faut savoir que le Road Runner est un oiseau du Centre-Ouest des USA qui existe réellement :


Et en effet, peu enclin à voler, c'est un oiseau extrêmement rapide sur route. Il peut faire des pointes de vitesse à près de 40 km/h ! Et de plus, pour accélérer sa cadence, il est capable d'entrecouper sa course de sauts fantastiques.

Je dois vous avouer que, malgré mes voyages répétés dans cette région des Etats-Unis, je n'en ai jamais vu en vrai. Cet oiseau est un solitaire, très attaché à son territoire et qui n'aime guère être dérangé.

Il faut vraiment tomber "pile" dessus pour en apercevoir un.

J'adore Bip bip et le coyote (surtout quand il tombe lentement dans un ravin et qu'au bout de qq secondes on entend juste le "poum" suivi d'un petit rond de fumée blanc...

Pour l'anecdote, le cartoon que je vous ai proposé date (mine de rien) de 1943. Le personnage du loup était lui apparu un peu plus tôt dans une version en dessin animé des 3 petits cochons où notre canidé était caricaturé en... Adolf Hitler.

Pour en revenir à cette version du petit chaperon rouge, elle subît dans un premier temps les foudres de la censure qui voyait dans le personnage du loup et de la pin-up, puis du loup et de la grand-mère une allusion à la zoophilie.
Ce fameux personnage du loup sera présent dans 12 cartoons jusqu'en 1949. Dans cette version revisitée du petit chaperon rouge, il incarne et symbolise les instincts mâles et sexuels, un séducteur patenté tandis que la pin-up est une allumeuse ingénue et la grand-mère une nymphomane déchaînée. Une sexualité très forte donc dans ces personnages, chose qui passait difficilement à l'époque et qui valût à Tex Avery des accrochages avec la censure. On est loin en effet de l'univers asexué de Disney avec Mickey et Donald et leurs éternelles "fiancées" Minnie et Daisy. Cela peut nous paraître bien ridicule aujourd'hui, mais cette forte charge érotique était très audacieuse et novatrice pour l'époque.

Pour ses adieux au loup, Tex Avery réalise en 1949 une autre version du petit chaperon rouge, fortement influencée par la fable du rat des villes et du rat des champs. Un cartoon considéré comme l'un de ses chefs-d'oeuvre :

Nous quittons un moment le novateur Tex Avery pour aller à la rencontre de William Hanna et Joseph Barbera. Ce sont eux qui, en 1940, proposent au public les aventures de deux nouveaux personnages destinés à connaître une belle postérité : Tom et Jerry.
Une fois encore, il s'agit d'animaux, mais le rapport est ici inversé : le chat chasseur se fait majoritairement avoir à chaque épisode par sa proie naturelle, la petite souris.

Un succès qui comptabilise 163 épisodes au fil des ans et des différentes maisons de production et, mine de rien, 7 Oscars du meilleur court métrage d'animation.

On retrouve ici l'énergie, les courses-poursuites et le rythme effréné d'un Tex Avery, les baffes et les gamelles, les gags délirants. Mais la relation entre nos deux compères est plus complexe qu'il n'y paraît : tout en se faisant les pires vacheries, ils restent liés tous deux par une certaine complicité et n'hésitent pas à s'allier contre un ennemi commun.
Leurs aventures se déroulent majoritairement dans une maison (Le typique pavillon de banlieue aisée du rêve américain) avec une maîtresse, une femme noire dont on ne voit que les jambes et qui semble être la femme de ménage ou la gouvernante des lieux. Sans oublier Spike, le gros chien.

Moi j'aime bien l'épisode ou un chaton arrive et s'endort à chaque fois sur le dos du chien (alors que Tom voudrait le virer de la maison) : claque a répétition pour ce pauvre Tom...

Tex Avery me fait invariablement penser à l'extraordinaire compositeur Spike Jones. Pour tant, si celui-ci a collaboré avec Walt Disney, il n'a fait aucun Tex Avery ! (Jai appris ça il y a 3 minutes après une brève recherche...).

Allez, pour le plaisir des oreilles :

"Hey... What's up, Doc ?"
Une phrase qui est devenue la carte de visite de ce personnage culte des Toons. C'est en 1938 qu'est né ce lièvre ou lapin gris "humanisé", passablement déjanté, qui grignote des carottes et vit sous terre dans un confortable terrier.
C'est Tex Avery qui lui donne son envol en 1940, dans un cartoon : A wild hare. Nommé Happy rabbit au départ, il devînt Bugs en prenant le surnom de son créateur, Ben Hardaway. Quant à la fameuse phrase citée plus haut, c'est une référence à Tex Avery que tout le monde apellait "Doc" à l'école et tous l'abordaient ainsi.

Comme ses copains Daffy, Sam, Elmer et les autres, Bugs Bunny est mis à contribution pendant la guerre pour soutenir l'effort de guerre, le patriotisme ou se moquer des allemands, italiens et japonais. Notre lapin devient une vedette à part entière, son image est utilisée sur des affiches patriotiques apellant à soutenir les Boys partis au combat. Bunny obtiendra même... un Oscar, en 1958, pour Short Knighty Knight Bugs.

Sa morphologie a évolué au fil des ans et ce n'est que dans les années 1950 qu'il prend la forme que nous lui connaissons aujourd'hui. Son règne dure jusqu'en 1969. A partir de cette date, il n'apparaît plus dans de nouveaux cartoons. Mais Bunny reste une star : non content d'avoir gagné un Oscar, il a son étoile sur le fameux Walk of Fame de Los Angeles, privilège qu'il partage avec Mickey. En 1997, il est représenté sur un timbre aux USA.

Enfin, signalons que c'est la même personne, Guy Pierauld, qui l'a doublé en français pendant plus de 40 ans.

Lol ! Le type qui en peut plus, tout lâche, tout pète (Son col, ses boutons, son pantalon...) et à la fin, le plafond qui s'écroule...

J'aimais bien ce persos étant petit. J'adorais quand il se frittait avec Daffy Duck.

Perso, j'aime moins Bunny que d'autres. Trop déjanté, trop absurde ou dingue par moments je dirais.
Mais on est bien dans le délire caractéristique des Toons : baffes, gamelles monstrueuses, explosions, rhytme frénétique et personnages complètement barrés...

Albatur a écrit:

J'adore Bip bip et le coyote (surtout quand il tombe lentement dans un ravin et qu'au bout de qq secondes on entend juste le "poum" suivi d'un petit rond de fumée blanc...

Voilà j'ai retrouvé : (à 2'58 du début)

LOL !
Le coup de la moto à 01'53, j'ai pris un fou-rire !

Ah on peut pas dire qu'il a pas d'idée ce coyote. Et aussi du courage car moi après des gamelles pareilles j'aurais renoncé...

Quelque part, beaucoup de ces Toons sont vraiment maso... Ils se prennent gamelles sur gamelles, des baffes par dizaines, mais ils persévèrent.
Et inversement, du côté de leurs créateurs, une bonne dose de sadisme avec ces avalanches de gamelles, baffes, explosions et autres qu'ils leur font subir. Un véritable défouloir.