Lorsque l'on quitte Leiria par la route nationale, le paysage change brusquement. Au loin, sans qu'on s'y attende, le
se révèle à vos yeux, découpant l'horizon.
Le roi João Ier fit ériger cet édifice pour commémorer dignement et avec éclat la victoire remportée sur les Espagnols à Aljubarrota le 14 août 1385. Cette victoire valut aux Portugais de conquérir l'indépendance à laquelle ils aspiraient depuis plusieurs années.


Le monument, dans son ensemble, est la preuve de l'intervention de plusieurs architectes, liés au style de leur temps.
L'atmosphère de l'église est empreinte de mysticisme. A intervalles réguliers, des colonnes soutiennent un plafond gothique aux pinacles en pierre découpée. Sur les bas-côtés, silencieuses, sont taillées des niches où figurent des statues de saints. Enfin, les fenêtres en pointe ont des vitraux manuélins qui répandent une douce lumière colorée qui semble sortir tout droit d'un kaléidoscope magique.


Le roi João, qui avait fait voeu à la Vierge de lui élever une église proportionnée à l'importance de sa victoire, ne put voir achevée que la façade du monastère, ainsi que la
Capela do Fondador (chapelle du fondateur) et une petite partie du cloître. Sa tombe fut placée là plus tard, sous le roi Duarte.

Et toujours ces vitraux colorés et leurs effets kaléidoscopiques extraordinaires.

João Ier repose aux côtés de son épouse, Philippa de Lancastre, et c'est ce qui fait, entre autres, que le Portugal a lié une partie de son destin à l'Angleterre très tôt dans son histoire.

Le cloître






Je vous propose de vous arrêter un instant devant cette baie vitrée du XVIe siècle qui est, selon moi, un véritable chef-d'oeuvre de couleurs. On y voit des scènes de la Passion du Christ, au moment où celui-ci est cloué sur la croix jusqu'à sa déposition.
Tout simplement exceptionnel.

Puisque nous célébrons cette année le centenaire de la Première Guerre mondiale, l'occasion est bonne de vous présenter le mémorial aux soldats portugais tombés en France. Il n'est pas commun pour un monument de cette nature de figurer dans un monastère. En tout cas, moi, c'était la première fois que je voyais ça.

La fontaine du monastère

Et le clou du spectacle (il faut toujours garder le meilleur pour la fin) : la
chapelle inachevée, de style manuélin et érigée au XVe siècle. A cette époque, Vasco de Gama venait d'atteindre les Indes. On perçoit cette influence dans le décor si tarabiscoté des piliers. Elle est inscrite au patrimone mondial de l'UNESCO. Et si elle avait été terminée, elle compterait parmi les chapelles les plus hautes du monde.



Le tombeau du roi Duarte et de son épouse, la reine Léonora d'Aragon. Je trouve très romantique la manière dont ils se tiennent la main, l'un et l'autre. Unis jusque dans la mort.

La chapelle inachevée, vue de l'extérieur :

Les Français ont Jeanne d'Arc, les Ecossais William Wallace, et bien, les Portugais, eux, ont
Nuno Alvares Pereira. Connu aussi sous le nom du "Saint Connétable". Il s'agit d'un gentilhomme portugais du XIVe siècle qui a joué un rôle majeur dans la bataille d'Aljubarrota.
Sa statue trône sur la place, en face du monastère.
