LE TEMPLE DE KAILASANATHA

Vous avez aimé Pétra la rose ou la cité monastique de Lalibela ? Vous aimerez le temple de Kailasanatha. Située dans la ville d'Ellora en Inde, cette immense structure a entièrement été creusée, excavée dans les falaises. Plus de 400 000 tonnes de basalte ont été excavées par 7000 ouvriers pendant un siècle pour l'édifier...


Il a été construit au VIIIème siècle par le roi Krishna 1er de la dynastie Rashtrakuta. Les ouvriers ont creusé la falaise du sommet vers sa base : 45 mètres de long, 30 de large et 33 de hauteur pour ce qui reste la plus importante construction monolithique au monde.
Comme souvent en Inde, il se révèle extrêmement ouvragé, décoré et richement sculpté. Il est dédié à Shiva et Vishnu.
Signalons qu'il n'est pas tout seul : véritable Lalibela indienne, Ellora compte plus de 34 temples et monastères en son sein. Et quantité de merveilles taillées dans la pierre comme celle-ci :


Faîtes brûler un bâton d'encens, ôtez vos sandales et faîtes le vide en vous : il est temps d'aller à la rencontre du Buddha et des dieux de l'Inde... Visite à suivre.

Ce sanctuaire prend donc place dans le vaste ensemble d'Ellora, une cité monastique, sorte de Lalibela indienne, consacrée à plusieurs courants religieux. On trouve effectivement sur les 34 sanctuaires du site 12 sanctuaires bouddhistes, 17 hindous et 5 jaïnistes. Certains sont édifiés dans des grottes, d'autres ont été excavés de la paroi montagneuse, littéralement arrachés à la roche.

Les sanctuaires hindous datent du début du VIIème siècle et forment les plus complexes et élaborés de l'ensemble. Le temple de Kailâsanâtha en est la pièce centrale :

Excavé de la roche, il symbolise le Mont Kailash, résidence du dieu Shiva. L'époque où il a été édifié voit l'influence du bouddhisme faiblir et un renouveau de l'hindouisme, symbolisé par ce vaste édifice consacré à l'une des divinités majeures de l'hindouisme.

L'intérieur est une cour en forme de U, bordée de rangées d'arcades sur trois étages où sont représentées de nombreuses divinités. Des passerelles, aujourd'hui effondrées pour la plupart, permettaient de relier ces arcades au sanctuaire principal, liens symboliques entre toutes les divinités du panthéon indien et Shiva.
Ce fameux sanctuaire principal se déploie sur 7 mètres de haut et deux étages. Sa base est sculptée d'éléphants (Ganesh, dieu de la prospérité et de la joie) semblant porter l'ensemble. Il est précédé d'un pavillon abritant Nandi, le taureau sacré, monture du dieu. L'ensemble reste très chargé, ouvragé et foisonnant de détails, en accord avec l'univers coloré et exubérant de la mythologie indienne :

L'endroit est superbe mais parait horriblement touristique. Avec cette masse de foule, c'est toujours pénible ce phénomène...

J'ai toujours apprécié le sens du détail des temples et constructions hindous. On découvre à chaque observation quelque chose de nouveau et de différent. Un coté flamboyant dans la richesse de la décoration, qui montre ainsi un savoir-faire vraiment incroyable.

Ne pas oublier qu'il s'agit d'un temple dans un pays à la très forte spiritualité : comme à Lalibela, beaucoup de touristes certes, mais aussi de pélerins ou de fidèles venant faire leurs dévotions.
Pour ma part, si j'admire ce foisonnement, ce "baroque" débordant de détails au niveau de la prouesse artistique, ce n'est vraiment pas mon goût au niveau esthétique. Par contre, quand on pense que tout ce foisonement a été arraché à la roche et patiemment, minutieusement sculpté, ouvragé, ciselé, c'est un sacré tour de force effectivement.

Seul ou en petit comité l'endroit doit être vraiment reposant, hors du temps, et le lieu idoine pour la sérénité et le repos, avec une atmosphère emplie de mysticisme.

Mais comme toujours la foule doit tout gâcher, surtout celle touristique comme souvent en pareil cas.

Après les dieux de la mythologie indienne, nous voici sous le sourire du Bouddha. La grotte Vishvakarma est sans doute l'un des joyaux des sanctuaires bouddhiques d'Ellora. Ces derniers consistent en 12 grottes numérotées et celle qui nous intéresse porte le numéro 10. Agrémentée d'une façade superbe, elle surprend par son aménagement intérieur : d'une simplicité monacale, reposante après les excès baroques du temple principal, l'ensemble a la forme d'une longue abside au fond de laquelle trône une effigie du Bouddha :


Mais c'est surtout son plafond voûté qui retient l'attention, magnifiquement sculpté dans la pierre de manière à évoquer des poutres de bois :


Le premier étage est orné d'un balcon aux murs décorés de figures célestes. La sobriété de l'ensemble reste toutefois relative, comme le montre ce détail d'un des piliers de l'entrée :