XXème SIECLE

L'influence byzantine est prépondérante avec ces robes fastueuses, richement brodées, ces bijoux presque barbares avec ces pierres énormes...
On a l'impression fugitive de robes de cour chinoises pour les femmes par moments, surtout sur la troisième photo. Les tenues des hommes font plus "cavaliers des steppes" avec les bottes, les fourrures...
La Russie, c'est immense, de l'Europe à l'Extrême-Orient en longeant l'Asie Centrale avec une myriade de peuples et de cultures. Un brassage que l'on retrouve certainement dans ces costumes.

Le côté asiatique se retrouve particulièrement ici, dans le costume masculin, qui fait très "Grand Khan" des steppes je trouve :

Voyageur Solitaire a écrit:

La Russie, c'est immense, de l'Europe à l'Extrême-Orient en longeant l'Asie Centrale avec une myriade de peuples et de cultures. Un brassage que l'on retrouve certainement dans ces costumes.

Le côté asiatique se retrouve particulièrement ici, dans le costume masculin, qui fait très "Grand Khan" des steppes je trouve :

C'est ce que je trouve de particulièrement fascinant dans ce pays-continent...Même leur religion,pourtant chretienne,semble teinté d 'un "je ne sais quoi "qui rapelle l'Asie...

C'est normal Donald : la Russie est un pays qui s'étend de l'Europe à l'Extrême-Orient. Il fut traversé par des populations asiatiques, jadis, notamment par les Mongols qui, certes, n'ont pas laissé un bon souvenir mais ont aussi influencé la culture. Sans oublier également l'apport des populations turques des steppes du Sud.

Le blason de la Russie, c'est un aigle à deux têtes. L'une regardant vers l'Occident et l'autre vers l'Orient.

Cette dualité se ressent également dans la mentalité russe. Napoléon, au cours de sa campagne de Russie, en fit amèrement l'expérience. Les Russes avaient sacrifié une ville (Moscou) pour sauver le pays. Et ça, c'est typiquement asiatique comme attitude. Être capable de sacrifier un élément pour sauver l'ensemble.

Cela se retrouve aux Échecs : n'y jouez jamais avec un Russe ! Comme Napoléon, j'en ai fait l'expérience et cela s'est mal terminé... j'ai perdu la partie, croyant avoir pris l'avantage en m'emparant de sa Reine ; en fait, il me l'avait volontairement sacrifié pour mieux préparer sa stratégie sur les coins que je n'avais su prévoir. Bien joué, le "saligaud"... il m'a eu... et du coup, cela m'a incité à m'intéresser à cette "âme" russe si étrange, mystérieuse et fascinante à la fois.

Pour en revenir à ce fameux bal, tout y était extrêmement codifié.
Ainsi, la première soirée fût réservée à la famille impériale et aux familles de la noblesse. Seule la seconde fût ouverte aux ambassadeurs, à leurs suites et à un plus large public si l'on peut dire.
Seuls les hommes étaient officiellement invités mais bien sûr, ils étaient accompagnés de leurs épouses, sœurs et filles, mères également. N'oublions pas la date, à l'époque, une femme de bonne famille ne se présente pas seule à une soirée, sans un cavalier, obligatoirement son époux ou un membre de sa famille.
Les militaires invités étaient choisis par leurs officiers. Ils étaient là en mission :"Ce n'est pas une fête pour vous, c'est un travail. Vous devrez rendre les honneurs aux dames, les faire danser et les distraire".
A un moment ou un autre, le maître des cérémonies demandait à chaque invité(e) de se faire photographier. Ces photos, qui nous sont donc parvenues, furent par la suite réunies en un album dont les exemplaires étaient vendus au profit d'œuvres de charité.
Quant aux costumes, seuls dix environ ont été préservés et sont exposés aujourd'hui, ceux de la famille impériale principalement.
Certains avaient choisi des costumes originaux : une princesse était ainsi costumée en "noble polonaise de petite Russie", une autre en "jeune fille du peuple", une comtesse en "femme de cosaque". Le mari de la jeune sœur du Tzar était lui costumé en "Grand Fauconnier".

Enfin, l'impératrice n'était guère souriante comme on peut le voir sur les photographies de l'époque : impopulaire, étrangère (elle est allemande), convertie avec réticence aux rites orthodoxes, elle ne s'est jamais vraiment intégrée à son pays d'adoption. On lui en voulait aussi de n'avoir donné que des filles, quatre, à son époux (leur fils naîtra l'année suivante). Elle n'avait comme soutien que son mari, le Tzar et elle s'aimant sincèrement et profondément.

Débute alors un second phénomène : l'épuration extrajudiciaire.

Le bilan s'établit à 1500 exécutions sommaires. Dans l'atmosphère de quasi guerre civile qui prévalait alors, des faits condamnables se produisirent : truands se faisant passer pour des FFI, et rançonnant, réglements de compte personnels, liquidations d'adversaires politiques non collaborateurs, etc.

A cela, se surajoutent celles ordonnées par la justice officielle. Très tôt, en effet, le gouvernement provisoire s'est efforcé de canaliser cette volonté épuratrice dans un cadre légal. Première mesure prise : l'internement des suspects. Mais, pour les 126 000 emprisonnés, c'était là beaucoup plus une action protectrice contre d'éventuelles vengeances qu'une mesure répressive. D'ailleurs, la moitié de ces internés furent rapidement remis en liberté.

160 000 dossiers furent instruits par la justice. 54% des prévenus ont été condamnés : 25% à la privation des droits civiques, 17% à des peines de prison diverses, 8% à des travaux forcés et 4% seulement à la peine de mort. Mais il faut savoir que, sur ces 7045 condamnés à mort, 4400 étaient déjà en fuite et 70% des autres furent graciés par le général De Gaulle.
Enfin, si l'on ajoute à ces 770 condamnations effectives celles opérées par la justice militaire, il ressort que seulement 1500 collaborateurs furent condamnés par les voies légales.

Ainsi, ce furent près de 10 000 Français qui ont payé de leur vie leur collaboration avec l'ennemi entre 1941 et 1945, dont 3000 dans le cadre de l'épuration stricto-sensu.
Les autres condamnés n'ont purgé, en réalité, leur peine qu'un court laps de temps.

En 1948, 68% des condamnés étaient libres et 99% en 1953.

Au final, une justice officielle beaucoup plus clémente qu'il n'y parait. En revanche, cela n'absout en rien tous les crimes commis par la populace et ces soits-disants "résistants" de la dernière heure, animés par le seul désir de vengeance.

Devant le Congrès, à Washington, le président américain, Harry Truman, expose sa doctrine du "containment". Son objectif : mettre en place des aides économiques et financières à destination de l'Europe occidentale afin que ces pays puissent au plus vite se relever et éviter de sombrer dans les pièges du communisme. Il s'agit, en vérité, de contrer la main-mise de l'URSS sur certains pays de l'Europe centrale et orientale et de "contenir" le communisme le plus loin possible des Etats-Unis.
La doctrine Truman affirme, en outre, que seuls les Etats-Unis doivent être les protecteurs du monde libre face aux tentatives d'asservissement de l'URSS. Elle aboutit ainsi à la formation du plan Marshall
Staline répliquera dès septembre par le rapport Jdanov, fustigeant l'impérialisme américain.

Encore alliés la veille dans leur lutte commune contre le nazisme, USA et URSS se muèrent en ennemis irréconciliables, initiant ainsi la Guerre Froide.

J'ai un doute sur la couleur différenciée des points d'un radar de 1962.

Il a pour nom le LZ 129 Hindenburg. Construit par l'allemand Zeppelin, il est, lors de son vol inaugural en 1936, le plus grand dirigeable commercial au monde, reliant l'Europe à l'Amérique. A l'époque, il passe pour un chef-d'oeuvre de technique, de technologie même pourrait-on dire et fait l'orgueil de l'Allemagne nazie. Cette dernière y voit un formidable outil de propagande de même que le début d'une ère nouvelle dans les transports. Au niveau technique, électrique, chimique, le Hindenburg est à la pointe de l'époque, jugé même révolutionnaire. Une fantastique structure composée d'anneaux circulaires tendue d'une enveloppe de 34 000 mètres carrés, équipée également de quatre moteurs diesel. A l'intérieur, un incroyable réseau de poutrelles, échelles, réservoirs, portiques…

L'aménagement intérieur n'est pas négligé. Les passagers ne sont pas situés dans la nacelle, réservée au pilotage, mais à l'intérieur de la carcasse. Deux ponts superposés reliés par un escalier interne avec cabines, salle à manger, salon… On y trouve même une douche, une cuisine électrique avec machine à glaçons, réfrigérateur… Les tables sont dressées avec nappes brodées, argenterie de rigueur et fleurs fraîches, dans le ballet incessant des stewards et maîtres d'hôtel. Sans oublier le piano et le fumoir, soumis à des règles de sécurité strictes, sécurisé par un système de surpression. Par sécurité, les briquets personnels étaient confisqués au départ. Le barman s'assurait qu'aucun passager ne franchissait la porte tournante faisant office de sas avec une cigarette ou une pipe allumée et c'est lui qui utilisait le seul briquet autorisé à bord.

L'engouement et l'enthousiasme sont incroyables. Le dirigeable est utilisé, paré des anneaux olympiques et de ses croix gammées lors des Jeux Olympiques de 1936. Sous les acclamations, le Hindenburg survole le stade juste avant l'arrivée d'Hitler. On raconte que le Fürhrer, vexé de voir les spectateurs le nez en l'air au lieu de l'acclamer, aurait ordonné que le dirigeable s'éloigne au plus vite…
Le vol inaugural déchaîne l'enthousiasme. Le décollage à destination de Rio de Janeiro s'effectue le 31 mars 1936 et le passage de l’Equateur donne lieu à la traditionnelle fête à bord, des certificats sont distribués aux passagers, déguisés pour la circonstance. Le 4 avril 1936, la ville de Bahia est atteinte, puis Santa Cruz dans la région de Rio, où l'atterrissage est effectif à 07h12. Le vol retour vers l'Allemagne débute le 6 avril 1936.
La première traversée transatlantique nord se déroule à partir du 6 mai 1936. On rajoute quatre canots de secours et des gilets de sauvetage sont distribués aux passagers. L'atterrissage, le 9 mai à 06h10, s'effectue normalement et le vol retour a lieu le 14 mai 1936. Les passagers s'extasient : roulis et vibrations sont imperceptibles. Aucun bruit à bord où les boissons, dans les verres posés sur les tables, ne bougent même pas.






Le 6 mai 1937, le dirigeable approche du New Jersey, après plus de 63 voyages. Celui-ci s'est déroulé sans incident notable mais l'atterrissage est retardé par un violent orage. Quelque 200 personnes, marins et ouvriers, s'apprêtent à l'amarrer. C'est alors qu'un incendie éclate brusquement à la poupe du dirigeable, rapidement alimenté par le dihydrogène. L'aéronef perd son stabilisateur horizontal et s'écrase au sol en 34 secondes… 34 secondes à peine pour que le "Titanic des airs" se transforme en une monstrueuse boule de feu et s'écrase... Le brasier est nourri par le carburant diesel des moteurs qui explosent à leur tour. Il y avait 97 personnes à bord, dont 61 membres d'équipage et 36 passagers. L'accident fait 35 morts, dont 21 membres d'équipage, 1 membre du personnel au sol et 13 passagers. Les rares survivants se sont jetés par les fenêtres pour échapper au brasier.

L'onde de choc est terrible, planétaire, car l'accident a été filmé et commenté en direct. Une foule de journalistes était présente sur les lieux et toute la scène a été filmée. Le témoignage du journaliste Herbert Morrison reste poignant : on l'entend commenter la catastrophe en direct, ses commentaires entrecoupés de sanglots, décrivant les passagers hurlant se jetant par les fenêtres, le dirigeable s'écrasant au sol dans les flammes. Cet enregistrement existe toujours, il peut être écouté par le public au musée de l'aviation de Washington. Les photos de la catastrophe inondent tous les journaux du monde. La destruction du Hindenburg sonne le glas des grandes traversées en dirigeable.


La catastrophe va déboucher sur de nombreuses commissions d'enquête mais aussi théories, parfois plus saugrenues les unes que les autres et qui, au fil des décennies, alimenteront et enflammeront l'imaginaire. On parlera de complot, de passagers mystérieux, de bombe, d'espions, de trésor caché à bord… Aujourd'hui encore, la cause réelle de l'accident reste incertaine, les experts penchent majoritairement pour une décharge électrique, due à l'orage lors de l'atterrissage et ayant entraîné un fatal enchaînement. Beaucoup considèrent, avec le recul, que malgré toute sa technologie très avancée pour l'époque, le Hindenburg n'en restait pas moins une véritable "bombe volante".

Depuis, le cinéma (entre autres) s'est emparé de la tragique destinée du "Titanic des airs". Avec plus ou moins de réussite, proposant souvent une reconstitution irréaliste de la catastrophe, qui dure des heures avec de nombreuses scènes alors que tout s'est terminé en moins d'une minute. Mais bon, sinon il n'y aurait pas de film…
Celui de l'époque, tourné en direct en 1937 lors de la catstrophe, existe toujours et a même été restauré et colorisé. Enfin, le musée Zeppelin, situé à Friedrichshafen, propose une reconstitution partielle du dirigeable en taille réelle (passerelle d'embarquement, escaliers, cabines, salon…) donnant l'impression d'entrer dans l'appareil de l'époque et de le découvrir comme le faisaient les passagers d'autrefois. On est frappé par le minimalisme, froid et dépouillé, de l'ensemble.
On pensera aussi à une scène du troisième opus d'Indiana Jones où le célèbre archéologue et son père montent à bord du dirigeable, malgré l'anachronisme, la scène étant supposée se dérouler en 1938 alors que le Hindenburg s'est écrasé en 1937.
Et les musiciens penseront bien sûr à Led Zeppelin.

D'après ce que j'en ai vu sur le Net, les cabines étaient petites et spartiates, une couchette (ou lits superposés), un lavabo, un miroir, une tablette pour écrire et surtout, pas de hublot ou fenêtre. La majeure partie du temps, les passagers devaient la passer au salon à prendre le soleil, bavarder, se reposer, lire, boire un verre… Le luxe, c'était la douche à bord, l'eau chaude et froide, le réfrigérateur, la machine à glaçons…

On était sans doute loin de certains films qui nous montrent des soirées mondaines à bord en smoking et robe du soir… Mais il est vrai que tout est réuni pour emballer l'imagination : un aéronef quasiment futuriste pour l'époque, les tensions géopolitiques de la fin des années 1930, l'approche de la Seconde Guerre Mondiale… On a parlé de trésor caché, de la présence d'un haut officier SS à bord... De quoi imaginer quantité de scenarii pour un film ou un jeu de rôles avec complot, espion, bombe…
Et tout ça réduit à néant en 34 secondes. On se demande même comment il y a eu des survivants. On peut penser que la plupart des passagers étaient devant les fenêtres du salon (pouvaient-elles s'ouvrir ?) pour regarder la manœuvre d'atterrissage, ce qui a sans doute permis à certains de sauter.

Staline s'est hissé, en 1922, au poste de secrétaire général du parti bolchévik ; il s'auto-proclame "héritier" de Lénine et se présente comme "défenseur" de l'unité soviétique. Il propose de limiter la révolution à un seul pays.
Si Trotsky a le soutien du peuple, Staline, lui, tient l'appareil du parti et il va s'en servir contre Trotsky et asseoir sa domination.

Il y fait rentrer de nouveaux membres. Trotsky se retrouve isolé, puis exclu, ainsi que ses partisans en 1927.

Trotsky n'a plus d'autre choix que s'exiler. D'abord en Asie centrale, d'où il est expulsé en 1929. Staline peut sourire et savourer son triomphe, la personnalisation du parti est en marche.

- Son règne de terreur peut commencer :

Staline, très imbu de sa personne, impose un véritable culte du chef, dès 1929, servi par une propagande intensive.
En bon tyran, il organise une répression féroce et sanglante dans tout le pays. Il s'en prend d'abord aux koulaks, artisans et "nepmen" qui refusent la collectivisation : 4 millions de victimes.
Ensuite, il procède à des purges dans tout l'appareil de l'Etat ainsi qu'au parti : cadres, fonctionnaires, militaires = 2 millions de victimes.
Il réorganise la police politique (NKVD) qui peut, sans jugement, déporter tout individu supposé "socialement dangereux" au Goulag. Entre 1936 et 1938, s'ouvrent les fameux procès de Moscou : la vieille garde bolchévik est éliminée, soit 70% des membres du comité central et de l'état-major qui sont victimes de l'épuration. Ce qui a pour conséquences, d'affaiblir le pays à la veille de la Seconde Guerre mondiale.

- Comme expliquer une telle répression ?

Staline était paranoïaque. Il craignait les complots terroristes (Trotskystes) et les sabotages.
Mais Staline était aussi incompétent qu'incapable. Afin de masquer ses difficultés dans l'économie, il désigne des coupables. La "découverte" de saboteurs (au besoin en créer) empêche le peuple de remettre en cause la politique suivie par le régime.

Quand, en 1956, Khrouchtchev dénoncera les crimes du stalinisme, il accusera l'homme et son caractère maladroitement soupçonneux.

Toutefois, la question que l'on peut se poser : est-ce que la terreur stalinienne n'est pas la conséquence d'un choix fait par cet individu en faveur d'un développement et d'une socialisation forcés ?

Paris-New York en trois heures trente minutes, voire trois heures en vitesse maximale et permanente… Le premier avion civil supersonique, volant à Mach II, jusqu'à 18 000 mètres d'altitude. Des présidents, des papes et des stars l'ont utilisé. Un bien bel oiseau, à la silhouette immédiatement reconnaissable, objet de fierté chez les anglais et les français. 50 ans après son tout premier vol, le 02 mars 1969, le Concorde fait toujours rêver.

Commercialement, ce fût pourtant un échec. La consommation de carburant restait énorme, il fallait des pistes et installations spécifiques pour accueillir un tel appareil et les prix d'une telle vitesse le réservaient à une minorité. Très vite, le bel oiseau fût limité aux liaisons transatlantiques, exploité uniquement par British Airways et Air France et produit à 20 exemplaires seulement.
Un chef-d'oeuvre de technologie et d'esthétique qui n'a pas été surpassé depuis.
Moi qui adore l'avion, j'aurais payé cher pour pouvoir le prendre un jour...

Ils ont décidé de tuer Hitler.
Officiers, dignitaires nazis, hauts-fonctionnaires, responsables civils et militaires... En cette année 1944, l'Allemagne va perdre la guerre et ils le savent. Il faut donc éliminer Hitler et organiser un coup d'état, afin de mettre en place un nouveau régime qui pourra négocier la paix avec les Alliés.

A leur tête, pivot central de l'opération, Claus von Stauffenberg, un officier grièvement blessé en Afrique du Nord (il a perdu un oeil, la main droite et deux doigts de la main gauche).
Ce dernier va profiter de la mise en place de l'opération Walkyrie : à l'époque, il s'agissait d'un plan officiel permettant de mobiliser l'armée de réserve afin de mater toute rébellion ou insurrection. Les conjurés détournent le projet à leur profit et parviennent à le faire valider en juillet 1943. Ils comptent s'en servir, lorsqu'Hitler sera mort, pour neutraliser les institutions et s'imposer afin d'établir le nouveau régime.
En juillet 1944, Stauffenberg parvient à se faire nommer à un poste qui lui permet d'approcher le cercle restreint d'Hitler et même ce dernier. S'il hésite encore, le débarquement en Normandie et la vaste offensive soviétique balaient ses derniers doutes : la défaite est proche, il faut en finir. Le 11 juillet 1944, Stauffenberg est auprès d'Hitler, au coeur de sa résidence privée du Berghof mais il ne déclenche pas la bombe qu'il porte avec lui en raison de l'absence d'Himmler : ce dernier, trop puissant, trop influent, doit disparaître aussi si on veut que le coup d'état réussisse. Nouvelle occasion manquée le 15 juillet, pour les mêmes raisons. Ce qui n'empêche pas certains conjurés de déclencher le coup d'état à Berlin de leur propre initiative... Apprenant que l'attentat n'a pas eu lieu, l'opération est annulée en urgence et ses commanditaires réussissent à la faire passer pour un exercice...
Le temps presse, il faut agir. Ce sera donc le 20 juillet 1944, au cours d'une réunion d'Hitler avec ses principaux conseillers.

Le jour fatidique, Stauffenberg et son aide de camp décollent pour le quartier-général d'Hitler où ils atterrissent à 10h00. Une première réunion a lieu à 11h30 pour s'achever à 12h15. Stauffenberg demande alors à se rafraîchir et se changer avant la réunion principale. Avec cette forte chaleur, sa demande n'étonne personne et l'officier se retire dans les vestiaires, bientôt rejoint par son aide de camp. Il faut amorcer les deux bombes qui seront dissimulées dans une serviette à documents en cuir, cette dernière glissée sous la table juste à côté d'Hitler. Pressé par le temps et surtout handicapé par sa main manquante, l'officier n'a le temps que d'amorcer une seule des deux bombes. Il est de surcroît interrompu par un aide de camp qui lui demande à plusieurs reprises de se presser. Il s'en sort en criant à travers la porte qu'avec son handicap, il lui faut du temps pour se changer. L'aide de camp en convient, s'excuse et se retire.

Stauffenberg et son complice sortent enfin des vestiaires. Stauffenberg porte une bombe amorcée dans sa serviette, l'autre, non amorcée, est confiée à son complice qui quitte les lieux pour l'attendre dehors.
Stauffenberg rejoint la réunion. Prétextant sa surdité (conséquence de ses blessures), il demande a être placé à proximité d'Hitler mais se voit relégué en bout de table. C'est Freyend, un des participants à la réunion, qui voulant l'aider en raison de son handicap, lui prend la serviette des mains et la pose sous la table, avant de quitter les lieux. Stauffenberg eu juste le temps d'ajuster la position de la serviette. C'est alors que la fatalité s'en mêle : Heinz Brandt, un des participants à la réunion, tape du pied dans la serviette en s'approchant pour examiner les cartes étalées sur la table. Agacé, il la déplace, sauvant ainsi la vie d'Hitler, sans le vouloir. Au même moment, on indique à Stauffenberg qu'on le demande au téléphone. Il s'agit d'un des conjurés qui appelle, pour lui permettre d'avoir un prétexte pour quitter la salle. L'officier s'excuse et se retire.

Il est 12h42.
La bombe explose dans la pièce où se trouvent au total 24 personnes. L'explosion est assourdissante, un nuage de fumée s'élève, la pièce est partiellement éventrée. Il y a des morts, des blessés critiques, graves ou légers, mais Hitler est vivant. Il est aussitôt évacué en urgence vers son bunker.
Stauffenberg a rejoint son aide de camp, les deux hommes sont persuadés que leur objectif est atteint. Ils quittent les lieux en voiture, rejoignent leur avion et décollent pour Berlin. Dans la capitale, le coup d'état doit être déclenché. Mais aussi à Prague, à Vienne, à Paris où le commandant militaire de la France occupée programme une vaste rafle contre les SS et la Gestapo. Mais les choses se passent mal, ordres et contre-ordres se succèdent, les informations ne passent pas, chacun agit de son propre chef... Toute la journée, rumeurs et malentendus brouillent les cartes. Jusqu'au moment où tombe la nouvelle : Hitler est vivant.

La répression va s'abattre, impitoyable. Exécutions, suicides, déportations, la mort s'abat sur les conjurés et leur famille parfois. Le régime nazi se révèle, une fois de plus, sans aucune pitié. Stauffenberg et ses fidèles sont fusillés. Sa femme, enceinte, est déportée et accouche de leur cinquième enfant au camp de Ravensbruck. Les enfants du couple sont envoyés dans un orphelinat, sous une nouvelle identité.
L'opération Walkyrie a échoué et pour plusieurs raisons.

Pour beaucoup d'historiens, la conjuration était mal préparée en amont. Elle rassemblait des gens trop différents, aux intérêts divergents, certains dévoués à leur cause mais d'autres bien plus tièdes ou prudents, voire même réticents. La succession de cafouillages suite à l'attentat démontre un manque évident de coordination et de communication entre les conjurés. On assiste même à des scènes surréalistes : "A Prague et à Vienne, les exécutants du coup d'État arrêtent l'opération. Ils exprimèrent alors leurs regrets à ceux qu'ils avaient interpellés, leur expliquèrent que tout cela était un malentendu, trinquèrent avec eux et les laissèrent partir" (Wikipedia). Les conjurés ont aussi sous-estimé le soutien de la population envers le régime, en dépit des difficultés, et la solidité des institutions en place.

L'opération aurait pu réussir si Hitler avait succombé à l'explosion.
Mais il y a déjà le fait qu'une seule bombe a pu être amorcée et a sauté au lieu des deux prévues.
Il y a eu également l'intervention fatale d'Heinz Brandt, qui a déplacé la serviette contenant l'engin qui le gênait.
Enfin, selon les spécialistes, il y a eu aussi la pièce où l'explosion a eu lieu. Une pièce en bois et dont, en raison de la chaleur (on était en juillet), la fenêtre était grande ouverte. Si l'explosion avait eu lieu dans une pièce bunkérisée et close, aux murs épais et renforcés, l'effet en aurait été bien plus dévastateur. Là, le bois a cédé facilement et la fenêtre ouverte a laissé s'échapper une partie du souffle et de l'énergie dégagés par l'explosion.

Il s'agit de la tentative la plus connue, mais il y en a eu d'autres :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Attentats_contre_Adolf_Hitler

La plus célèbre après l'opération Walkyrie (très tardive) est celle d'Elser (très précoce, en 1939).
Deuxième grosse différence, elle n'a reposé que sur la détermination d'un seul homme, qui avait préparé soigneusement son coup. J'avais vu un documentaire sur lui. Il avait lui même tout organisé de nombreux mois à l'avance : se faire employer dans une carrière pour subtiliser des explosifs. Déménager à Munich. Perfectionner son système de mise à feu grâce à sa formation d'horloger.
Jusqu'à venir en client puis en visiteur nocturne dans la fameuse brasserie.
Mais tout s'est écroulé à cause de la météo et du discours écourté de 40 mn d'Hitler.
À noter que, si Esler avait planifié méticuleusement l'attentat pendant plusieurs mois, avec une minutie assez maniaque, il semble qu'il n'avait au contraire quasiment pas préparé sa fuite. Le documentaire disait qu'il avait même des documents compromettants sur lui.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Georg_Elser

Si la plupart des membres de la famille impériale de Russie furent massacrés ou exécutés lors de la Révolution de 1917, certains survécurent. Ce fût le cas de la mère de Nicolas II, le dernier Tzar.

Née Marie Sophie Frédérique Dagmar, elle était princesse danoise et destinée à épouser le futur Tzar Nicolas. Mais ce dernier meurt de maladie à Nice, veillé jusqu'au bout par sa promise, sincèrement éplorée. Vient alors aux deux cours, danoise et russe, l'idée de marier la princesse au frère cadet du défunt, le futur Alexandre III. Certes, ce dernier a une maîtresse dont il est très amoureux, à tel point qu'il songe à fuir avec elle pour vivre en simple particulier, renonçant à son trône. Mais l'incroyable se produit : il tombe amoureux de celle qui devait être sa belle-soeur et c'est réciproque. Notre princesse devient donc bien impératrice de Russie, aux côtés de son époux lorsque ce dernier accède au trône. Convertie au culte orthodoxe, Dagmar devient Maria Fedorovna.

Alexandre III est un colosse. Surnommé "l'ours", il est doté d'une force "extraordinaire". Elle, de son côté, est petite, jolie et souriante. Il aime une vie simple, sans chichis, à la campagne, elle aime les bals et les fêtes. Ils forment pourtant un couple uni et aimant et auront six enfants, dont le futur Nicolas II. Bien qu'aimant sincèrement ses enfants, la Tzarine se montre parfois distante et stricte et c'est leur père qui, derrière ses airs de colosse bourru, va les coucher et les embrasser chaque soir. A la mort de son mari, son fils Nicolas II monte sur le trône et la tzarine devient donc impératrice-mère. Il semble bien qu'elle ne fût pas d'accord avec une grande partie de la politique de son fils et qu'elle ne s'entendait guère avec sa belle-fille (elle s'était d'ailleurs opposée au mariage de son fils avec la nouvelle Tzarine). De plus, Marie restait populaire, très aimée, alors que la nouvelle souveraine était détestée ou mal-aimée, ce qui n'arrangeait pas les choses.

En 1917, elle approche de ses 70 ans et elle refuse de fuir la Russie. Quand elle apprend l'abdication de son fils, elle est furieuse. Elle se rend auprès de lui pour une discussion orageuse qui sera la dernière. Retirée en Crimée et assignée à résidence dans une de ses villas, elle voit débarquer chez elle les soldats de l'armée Rouge. Ces derniers perquisitionnent la maison mais la dignité et l'autorité de la vieille impératrice-mère les tient en respect. Couchée, elle refuse de se lever. Au centre de la chambre, sur une table, trône son coffre à bijoux, ouvert. Personne n'ose y toucher et les soldats se retirent rapidement.
Intervient alors le consul britannique, qui vient de la part du roi Georges V, qui n'est autre que le neveu de l'impératrice-mère. Cette dernière doit fuir, tant que cela est encore possible : un cuirassier de la Royal Navy a réussi à accoster et il faut faire vite, les "rouges" reviennent, ce qui est possible maintenant ne le sera plus très vite. L'ancienne souveraine doit partir immédiatement et seule. Marie refuse : elle partira avec tous ses gens ou ne partira pas. Les anglais cèdent. L'impératrice-mère fait évacuer tous ses gens, familiers, dames d'honneur, domestiques, des réfugiés, et ne monte à bord qu'en dernier, après s'être assurée que tout le monde était bien là.

Marie Fédorovna s'installe alors en exil dans son Danemark natal, où elle meurt en 1928 à 80 ans.
Elle aura connu l'horreur de savoir son fils, sa belle-fille et ses petits-enfants (Nicolas II et sa famille) massacrés, sans compter son autre fils, Michel, mort exécuté lui aussi ainsi que de nombreux membres de sa famille directe. Elle refusa toujours de voir ou recevoir celle qui prétendait être sa petite-fille Anastasia, qui aurait survécu au massacre de la famille impériale. On sait aujourd'hui, après avoir retrouvé et identifié les dépouilles par ADN, qu'il s'agissait d'une imposteur.

Dans son testament, Marie Fédorovna demandait à reposer auprès de son époux Alexandre III. Son voeu est réalisé en 2006, lorsque sa dépouille est rapatriée en Russie et déposée aux côtés de celle de son mari, au cours d'une cérémonie officielle et religieuse fastueuse.

Le Standart était le yacht de la famille impériale russe.

Sa construction fût ordonnée au Danemark par Alexandre III en 1893 mais la mort du Tzar un an plus tard en laisse l'usage à son fils et successeur, Nicolas II.
Pour ce dernier, inquiet pour sa sécurité et celle de sa famille en cette période où de nombreux attentats ensanglantent l'Europe, c'est un refuge sûr. C'est aussi un lieu où le dernier Tzar et sa femme peuvent s'isoler avec leurs enfants et y mener la vie familiale et tranquille qu'ils affectionnaient, loin de la cour et des affaires.

Le yacht, noir et or, était le plus imposant de l'époque : 122,3 mètres de long pour 15,4 mètres de large, un poids de 5 557 tonnes et pourvu d'un équipage de 373 membres. A bord, on y trouvait tout ce qu'il fallait : appartements, salons, bureaux, chambres, salle à manger pour 75 personnes, cuisines, chapelle privée et même... une étable avec une vache afin que les enfants aient du lait frais chaque matin ! L'ensemble restait assez sobre comparé aux fastes impériaux, ce qui alimentait les moqueries de la cour envers l'impératrice et ses goûts "bourgeois".
Comme pour le train impérial sur terre, le Standart servait aux déplacements maritimes du Tzar et de sa famille. Lors de ces déplacements, des navires de guerre de la marine impériale et même un sous-marin escortaient le navire et son précieux chargement.
Bâti en forme de voilier, le yacht était néanmoins équipé de moteurs. Il était d'ailleurs à l'époque l'un des plus rapides navires au monde dans sa catégorie.






A bord, la famille se sentait en sécurité et à son aise.
"C'est une telle joie d'être à nouveau dans notre maison sur l'eau" écrivait Nicolas II dans son journal. Que ce soit le long des côtes de Finlande ou en Mer Noire, le navire, considéré comme le plus beau et prestigieux de l'époque, offrait un refuge familial pour le dernier Tzar et sa famille. En été, la semaine était divisée en deux jours de travail et cinq jours de repos pendant lesquels personne n'était autorisé à monter à bord. Les enfants jouaient (sous la protection d'un corps de marins spécialement dédié à leur sécurité) ou posaient dans les bras du fidèle Sablin, le capitaine du navire pendant 10 ans. On se baignait, on descendait à terre pour pique-niquer, se promener (le Tzar et sa femme aimaient randonner)... Il n'était pas rare que le propriétaire d'une maison sur la côte voit le Tzar en personne frapper à sa porte et lui demander poliment s'il pouvait utiliser son court de tennis tant Nicolas II adorait ce sport... Un ministre raconte un peu méchamment "que l'impératrice elle-même devenait sociable et enjouée dès qu'elle marchait sur le pont du Standart..."

Le couple impérial aimait tant ce navire que le Standart, sous forme d'une miniature en or, sera une surprise d'un des oeufs de Fabergé en 1909 :





On y donnait aussi de grandes fêtes et le Tzar y reçût têtes couronnées et présidents. Mais le bateau était avant tout destiné à la villégiature en famille, avec une poignée d'amis triés sur le volet. Le pauvre Tzarévitch, lui, en raison de son hémophilie, ne faisait souvent que regarder, depuis les bras de Nagorny, le marin qui le portait et lui servait de nounou et garde du corps. Le brave matelot adorait l'enfant (et c'était réciproque), jouait avec lui, lui racontait des histoires et le distrayait tout en veillant à ce qu'il ne se blesse pas (Nagorny paiera ce dévouement de sa vie, assassiné par les révolutionnaires).
C'est alors que la famille était à bord qu'en 1914, le Tzar reçût un télégramme lui annonçant l'assassinat de l'archiduc à Sarajevo qui allait plonger la Russie et l'Europe dans la Première Guerre Mondiale...

Ce prestigieux navire, ce palais flottant envié par tous les dirigeants européens de l'époque connût une fin bien peu glorieuse : dans les années 1960, il servît de cible pour missiles lors des entraînements de la marine russe avant de finir à la ferraille...

1961. Le Ghana s'apprête à voler de ses propres ailes, avec à sa tête son nouveau président, un homme fort, déterminé, Kwame Nkrumah. Le pays s'est libéré de la domination britannique depuis 1957.
Le président est loin de faire l'unanimité dans les chancelleries occidentales car il regarde trop en direction de l'Union Soviétique pour établir ses réformes. Au sein même de son pays, la situation reste instable, des attentats, des violences ont lieu.

En face, voici Elizabeth II, reine du Royaume-Uni, qui débarque en visite officielle. Le climat est tendu, les conseillers de la reine la supplient de renoncer à ce déplacement, pour sa sécurité. La jeune souveraine refuse et se rend au Ghana où elle est reçue avec tous les honneurs. Mais derrière les sourires de façade, Kwame Nkrumah fait clairement comprendre à la souveraine que le bon vieux temps des colonies est terminé. Elle, est décidée à l'éloigner des sirènes soviétiques et à faire en sorte que le Ghana reste au sein du Commonwealth, dont elle est la chef. Mais comment faire quand on est une souveraine sans pouvoir réel et qui ne doit jamais prendre officiellement parti ?

Ce soir-là, Elizabeth II a alors un geste inouï pour l'époque : elle envoie chercher le président Ghanéen et lui propose d'ouvrir le bal avec lui.
Un geste inouï ? Oui, car on est en 1961. Aux USA, un nombre impressionnant d'états sont officiellement ségrégationnistes. Elizabeth II est reine de l'une des plus anciennes monarchies occidentales, de surcroît ancien pays colonisateur du Ghana. De plus, le protocole, très strict, interdit à tout homme étranger de la toucher. Son geste stupéfie un monde où il est encore impensable pour beaucoup de voir une femme blanche danser dans les bras d'un homme noir.
Mais c'est un geste politique avant tout. Kwame Nkrumah est isolé, décrié. Il est en quête de reconnaissance internationale, de légitimité et d'appuis, et elle le sait. La souveraine "aux seize royaumes" lui offre cette légitimité par ce geste. En échange, elle attend de lui qu'il reste au sein du Commonwealth et ne tombe pas dans les bras des russes.

Il a compris et lui tend la main en s'inclinant. Ils entament alors un fox-trot sous les applaudissements et dans le crépitement des flash. Les photos font le tour du monde.
Quelques jours plus tard, après le retour de la souveraine, le Premier Ministre anglais de l'époque persuade la Maison Blanche de soutenir financièrement et massivement le Ghana. "J'ai risqué ma reine, à vous maintenant de risquer votre argent".

Né en 1880, Francis Browne est un père jésuite irlandais.
C'est son oncle (qui l'élève après la mort de ses parents) qui lui fait cadeau d'un billet de 1ère classe entre Southampton et Queenstown en Irlande à bord du Titanic.

Notre religieux embarque donc le 10 avril 1912 et occupe la cabine A37, une petite mais confortable cabine pour une personne, juste à côté du grand escalier arrière. Son oncle lui ayant également offert un appareil photo, le jeune jésuite prend cliché sur cliché, du navire et des passagers. C'est lui qui prend la fameuse photo où l'on voit le professeur de gymnastique de bord s'entraîner dans le gymnase. Il photographie également le commandant Smith et d'autres personnalités, des anonymes, des membres d'équipage, de nombreuses pièces du bateau...








Au cours du dîner, Browne se lie d'une vive sympathie avec un couple d'américains millionnaires qui lui propose de lui payer le reste de la traversée jusqu'à New York et le retour. Notre homme fait donc télégraphier à son supérieur pour lui demander de pouvoir prolonger son congé et reçoit cette réponse lapidaire : "Débarquez de ce bateau". Dépité, Browne descend donc à Queenstown et rejoint Dublin pour y reprendre ses études de théologie, ce qui lui sauve la vie.
Quand il apprend la nouvelle du naufrage, le jeune homme récupère le fameux télégramme de son supérieur lui ordonnant de descendre du navire et le range dans son portefeuille. Il le conservera et le portera désormais sur lui jusqu'à la fin de sa vie.

Suite au naufrage, ses photos s'arracheront auprès de la commission d'enquête, des journalistes, historiens et des proches des victimes surtout : il s'agissait pour eux des dernières images de leurs proches vivants. Les négatifs de ses photos, retrouvés intacts, permettent d'alimenter depuis de nombreux ouvrages consacrés au Titanic. Il meurt en 1960.

"-Retounez travailler, je lis l'avenir., c'est le meilleur choix pour vous"

Elisabeth II n'avait pas le droit de donner son opinion et elle restera célèbre pour avoir toujours tenu cette ligne.
Par exemple, pour la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques de Londres en 2012, elle a choisi une robe rose car cette couleur n'apparaît sur aucun drapeau des pays en compétition. Manière élégante et toute féminine de rester neutre...

Mais la reine savait aussi faire passer discrètement certains messages. Après le début du conflit en Ukraine, au cours d'une audience qu'elle accorde et qui est retransmise à la TV, on voit sur le meuble derrière elle un énorme bouquet de fleurs bleues et jaunes. Les couleurs de l'Ukraine.

Neuf juillet 1982. Michael Fagan, peintre-décorateur, a tout perdu : son boulot, sa femme qui a demandé le divorce et ses enfants qu'elle a emmené avec elle. Fragile psychologiquement, il décide d'alerter directement la reine sur la situation économique du pays, due selon lui à la politique de Margaret Thatcher. Et pour cela, il va s'introduire dans Buckingham Palace.

Notre homme, dans un premier temps, visite le palais avec un groupe de touristes, parvient à s'éclipser et repère les lieux.
Le 09 juillet, vers 07h00 du matin, après avoir beaucoup bu, Fagan franchit les grilles puis, après avoir enlevé chaussures et chaussettes, escalade une gouttière jusqu'à une fenêtre ouverte. Il erre alors un moment dans le palais, désorienté, et se blesse à la main en cassant un cendrier. Il garde un morceau de verre en main, ayant eu à un moment (il l'avouera plus tard) l'idée de s'ouvrir les veines devant la souveraine. Il parvient alors dans la chambre où dort encore Elizabeth II (il avouera plus tard avoir été surpris, s'attendant à un immense et luxueux lit à baldaquin et découvrant un lit très simple et une petite table où la souveraine se faisait apparemment elle-même son thé et son café).

L'homme tire les rideaux, réveillant la reine. Cette dernière, vêtue d'une nuisette "très simple" découvre alors cet homme à moitié ivre, pieds nus, la main en sang, qui la regarde. D'une voix calme et posée (c'est lui qui le précise), la reine lui demande : "Que faites-vous là ?" Fagan commence alors à lui parler de ses problèmes et va même jusqu'à s'asseoir au bord du lit. Pendant ce temps, la reine presse discrètement le bouton d'appel d'urgence relié à la sécurité installé à la tête de son lit. Pas de chance : le garde de nuit, en poste à proximité, a terminé son service à 06h00. Le valet personnel de la reine, Whybrew Paul ? Il est en train de promener les chiens de la souveraine, comme tous les matins.

A ce moment, plusieurs versions se mêlent. On a longtemps raconté que l'intrus et la reine avaient bavardé un bon moment, la souveraine gardant son calme. On sait qu'à un moment, elle a réussi à téléphoner au standard du palais pour demander l'intervention de la police.
Fagan a lui déclaré que, restant très calme, Elizabeth II s'était lentement levée en lui disant : "Je vais chercher quelqu'un". Dès qu'elle est hors de sa portée, la souveraine s'enfuit en courant et trouve dans le couloir son valet qui revient de promener les chiens. Après avoir mis la reine en sécurité, le serviteur parvient à calmer et contenir l'intrus, lui proposant même un verre, jusqu'à l'arrivée de la police.

Fagan sera interné trois mois en hôpital psychiatrique. Il vit toujours et , quand on lui parle de cette fameuse nuit, il répond : "Il y a beaucoup de gens qui se sont agenouillés devant la reine, mais il n'y en a pas beaucoup qui se sont assis sur son lit et ont bavardé avec elle, n'est-ce pas ?"
Quant à Elizabeth II, fidèle à elle-même, elle n'a fait aucun commentaire sur cet incident. Et personne n'a osé poser de questions à sa Majesté...

Situé en Basse Autriche, ce château devînt un lieu de collection inattendu lors de la Seconde Guerre Mondiale.
C'est là en effet que les nazis entreposèrent une importante collection d'œuvres d'art, dont beaucoup avaient été saisies auprès de familles juives. Hitler en personne aurait choisi cet endroit isolé, peu susceptible d'être bombardé, pour y abriter quantité d'objets d'art dont plusieurs toiles de Gustav Klimt, qui appartenaient à la famille Lederer, qui appréciait beaucoup l'art du peintre sécessioniste.

Le 7 mai 1945, les hommes stationnés au château l'évacuèrent en urgence devant l'arrivée imminente de l'armée russe. Avant de partir, ils incendièrent le bâtiment après en avoir miné et fait sauter les quatre tours (sur ordre ou d'eux-mêmes, on ne sait). Environ 13 toiles de Klimt furent ainsi détruites. Le château abritait également de nombreuses œuvres destinées au musée des Arts Décoratifs de Vienne et qui y avaient été mises à l'abri des bombardements alliés. Le château brûla pendant quatre jours et ses ruines furent démolies par la suite...

Il est difficile, sinon impossible de savoir exactement ce qui a disparu cette nuit-là : les œuvres étaient transférées au château en toute discrétion et toute classification ou répertoire de ce qui y était stocké a disparu.

1966. Aberfan est un petit village minier du sud du pays de Galles. La mine y fait vivre de nombreuses personnes, c'est un petit village anglais presque typique, peuplé de gens modestes. Au-dessus se dresse un terril, une colline artificielle composée des résidus de l'exploitation minière.

Ce matin du 21 octobre 1966, tout est tranquille, le village s'éveille, les gens vont travailler, les parents embrassent leurs enfants qui partent pour l'école. A 09h15, le fameux terril subit un puissant glissement de terrain et s'effondre sur la petite localité, balayant tout sur son passage, ensevelissant tout sous des tonnes de terre, de grès, de schiste et de débris. Un grondement de tonnerre, une vague monstrueuse qui balaie et submerge les maisons et surtout l'école. En moins de cinq minutes, 144 personnes sont tuées dont 116 enfants qui étaient en cours. Un silence "absolu" règne dans les minutes qui suivent. Des gens errent dans les rues, en état de choc.


L'onde de choc balaie toute l'Angleterre et au-delà.
Les habitants se précipitent, creusant la terre et les gravats de leurs mains nues, les secours arrivent. On retrouve les premiers corps et, relique émouvante, un réveil bloqué sur l'heure fatidique à laquelle tout a basculé.
Lord Snowdon, beau-frère de la reine, arrive très vite sur place, suivi par le prince Philippe tandis que s'organisent les secours dans un chaos indescriptible. Mais Elisabeth II ne vient pas, reste murée dans le silence, ce qui déclenche une vague de critiques sans précédent à travers tout le pays. Ce n'est que huit jours plus tard que la reine arrive à Aberfan où une petite fille lui remet un bouquet de fleurs orné d'un ruban sur lequel il est écrit "De la part des enfants restants". Devant les caméras et les flashs, la souveraine, connue pour ne jamais montrer ses émotions, essuie une larme. Par la suite, elle reviendra à Aberfan à plusieurs reprises, plus discrètement et le prince Charles y viendra aussi.

Que s'est-il passé ? La souveraine aurait voulu se rendre sur place tout de suite mais en aurait été dissuadée par ses conseillers : sa présence aurait attiré une nuée de journalistes du monde entier et de curieux, ce qui aurait gêné les opérations de secours. D'autres auraient jugé malséant de voir arriver la reine avec son entourage alors que des parents creusaient encore eux-mêmes les décombres pour retrouver le corps de leur enfant... La reine se serait alors abstenue, envoyant néanmoins son époux, le prince Philippe, pour la représenter. Elle ne vînt qu'une fois les opérations de secours terminées.
Plus tard, de l'aveu même de la souveraine, cette venue tardive restera "un des plus grands regrets de son règne et de sa vie".