LA MEDECINE AMCHI

Pour aborder cette science étonnante, il nous faut quitter notre refuge et gagner d'autres montagnes, celles du Ladakh, un ancien royaume himalayen aujourd'hui rattaché à l'Inde. C'est là, dans des paysages de montagne époustouflants que cette médecine traditionnelle tente aujourd'hui de survivre.
Les médecins amchi sont formés de génération en génération selon "la science des soins" d'origine tibétaine, importée dans ces montagnes austères au Xème siècle.
Fortement imprégnée du boudhisme, cette médecine repose sur la notion de déséquilibre physique ou mental, ce qui provoque la maladie et la douleur. On distingue trois "humeurs", les fautes, le phlegme et la bile dont il faut maintenir l'équilibre et l'harmonie. Pour celà, le praticien puise dans les ressources des plantes médicinales himalayennes (500 répertoriées), mais aussi dans les os d'animaux réduits en poudre et les minéraux.
Dans la tradition, la consultation et les soins apportés sont gratuits. En échange, le patient offre un service au médecin. Allant de villages en hameaux isolés, le amchi est également un lien social entre des gens isolés et très éloignés les uns des autres.
Malheureusement, aujourd'hui, cet art est en danger. Il disparaît au profit de la médecine occidentale et "scientifique" qui se répand dans la région. Des associations tentent de sauver cette tradition vénérable et millénaire. Leur allié ? Les femmes. Pour la première fois, l'enseignement amchi commence à être prodigué aux femmes qui sont nombreuses à s'y interesser, surtout dans les villages les plus reculés. Une école a même été fondée pour enseigner la médecine amchi aux femmes, ce qui représente un défi social également, dans une société aux traditions très ancrées.
Le Boudha lui-même, selon la légende, aurait enseigné la médecine amchi. Espérons que son héritage survive, là-bas, très loin sur le toit du monde...