Film qui a offert à Tom Hanks son premier Oscar,
Philadelphia est réalisé en 1993 et s'inspire d'une histoire vraie.
L'action se déroule au début des années 1980 : Andrew Beckett est un jeune et brillant avocat. Sa carrière est prometteuse dans le cabinet de Charles Wheeler, fondateur du grand cabinet d'avocats de la ville. Adulé par son milieu, rien ne semble pouvoir l'arrêter. Mais il a un secret : il est homosexuel et un jour, ses associés apprennent qu'Andrew est atteint du virus du SIDA. Ils s'arrangent alors pour le licencier pour faute professionnelle. Andrew décide de ne pas se laisser faire et attaque le cabinet pour licenciement abusif. Il sera aidé par la suite par Joe Miller, avocat noir, populaire et très homophobe qui va du coup se remettre en question.
La grande force du film est de ramener le spectateur 10 ans en arrière, à l'époque où l'homosexualité était encore largement taboue et où le SIDA naissant alimentait peurs et phantasmes. Scène cruelle où Andrew annonce à son avocat qu'il a la maladie et où l'homme de loi s'essuie automatiquement la main avec laquelle il vient de le saluer... Le film montre également l'hypocrisie des employeurs d'Andrew avec la "faute professionnelle" créée de toutes pièces dans un seul but : se débarasser de lui le plus vite possible. Quand le patron d'Andrew est confronté à une de ses employées qui a été contaminée par transfusion, il l'assurre de toute sa sympathie alors qu'il ne cache pas sa répugnance pour Andrew à cause "de la façon dont il l'a attrapé..." Le procès s'éternise, Andrew devient de plus en plus malade, une atmosphère morbide, malsaine se développe : Andrew, malade, amaigri, se voit obligé de montrer ses lésions sur son corps... L'avocate de ses employeurs elle-même se sent mal devant ce déballage sordide.
Un film magistral sur l'intolérance, la maladie, le rejet des premières victimes de l'épidémie, dans la ville américaine symbole de l'indépendance et des droits. Un film porté par un Tom Hanks époustouflant, qui a perdu 11 kilos pour incarner Andrew malade face à un Denzel Washington impeccable en homme qui voit ses certitudes remises en question devant la lente agonie de son client.
Mais surtout, par moments, on se sent presque gêné devant les réactions des personnages : on se dit qu'à l'époque, on ne savait presque rien de la maladie, toutes sortes de rumeurs courraient sur sa transmission. Alors parfois, malgré nous, on en vient presque, affreusement gêné, à "comprendre" sans l'excuser pour autant cette peur, ce rejet, et on se demande comment on aurait réagi, nous, à leur place... Le film renvoie le spectateur à lui-même, à ses propres réactions devant la maladie, quelle qu'elle soit.
Sans oublier la musique, avec
La mama morta chantée par Maria Callas pour ce qui reste sans doute la scène culte du film et bien sûr,
Streets of Philadelphia, de Springsteen.
Une grande claque dans la gueule et qui laisse la gorge serrée.