Lorsqu'on pense à Avalon, on pense bien souvent à la brume, en particulier lorsqu'on a lu les ouvrages de Marion Zimmer-Bradley. Mais la présence de la brume autour de l'île mystérieuse était présente bien avant, puisqu'une première mention en est déjà faite dans les textes médiévaux.
Une explication scientifique et logique à la présence de la brumeAvant de nous pencher sur les aspects symboliques, il convient de rappeler que la présence d'une île entourée de brume n'est pas étonnante dans la mythologie celtique, puisqu'à l'époque celtique le climat se prêtait idéalement à l'expansion du brouillard. De plus, le territoire, assez peu escarpé, et cerné par la mer, était également propice à la présence de nappes de brume. Les petites îles celtes étaient ainsi souvent nimbées d'un voile de vapeur d'eau, qui rendait la navigation parfois fort délicate. Ce dernier point était une faiblesse et un atout, puisque les îles conquises, protégées par la brume, étaient plus difficile à atteindre par les envahisseurs désirant accoster sur leurs plages.
La symboliqueLa symbolique de la brume peut prendre plusieurs formes, en fonction notamment des deux aspects qu'elle suggère en premier lieu : la présence prépondérante de l'eau, et l'isolement visuel.
.:. L'importance de l'eauChez les celtes bretons (c'est à dire les peuples de l'île de Bretagne, actuelle Grande-Bretagne, d'Armorique, actuellement Bretagne française et de l'Ile Verte, actuellement Irlande), l'eau était un élément particulièrement important dans la mesure où il était omniprésent dans leurs vies. Source de vie et de mort, de création et de destruction, la mer fut très tôt explorée pour la navigation, et devint la source d'une très importante mythologie, souvent liée à ses trésors et à ses dangers.
L'eau devint donc l'un des trois éléments celtiques (avec la terre et le feu) représentée notamment par l'une des volutes du triskel breton.
De plus, cet élément, avec certains métaux, devint le premier miroir de l'humanité. Capable de renvoyer l'image, de voir derrière soi sans se retourner, le miroir d'eau fut par conséquent doté du pouvoir de révéler le passé (ce qui, symboliquement, se trouve derrière soi) et, par extension, l'avenir. Outil de divination, l'eau devint la révélatrice du subconscient, associée aux rêves et aux émotions.
La brume, en tant que manifestation aérienne de l'eau, épousa ces aspects symboliques tout en ajoutant les siens, liés avant tout à son opacité.
.:. La brume dissimulatriceComment un élément impalpable, évanescent, léger comme un nuage, peut-il être aussi opaque ? C'est cette question, fondée sur le paradoxe physique de la brume, qui fut sans doute à l'origine de la puissante symbolique dont elle fut dotée.
La brume cache, dissimule, occulte, mais n'empêche aucunement l'accès à ce qui est derrière elle. Elle n'interdit rien, se contentant simplement de rendre le regard aveugle, en mettant l'oeil en face d'une incertitude parfois effrayante. Il faut du courage pour traverser la brume, car nul ne sait ce qui l'attend de l'autre côté. Cet obstacle sans consistance physique se révèle bien souvent à l'origine d'une puissante quête initiatique.
La brume est ainsi souvent assimilée à l'existence humaine : nous avançons, sans toujours voir avec exactitude où nos pas vont nous mener, et il est parfois bien tentant de rester sur place, tant la crainte de découvrir ce qui se cache dans le voile de vapeur est importante. Pourtant, il n'y a qu'en déchirant le brouillard de l'avenir que nous pouvons grandir, et le courage que nous demande cette avancée dans l'inconnu est bien souvent à la base de tous les apprentissages.
Il en va de même de la brume entourant Avalon. Elle cache ses secrets, protège son intégrité et éprouve le coeur de ceux qui désirent l'atteindre. Ce n'est qu'avec courage et détermination que nous pourrons un jour accoster sur son rivage, après avoir traversé bravement le voile qui l'entoure.