CITY HUNTER / NICKY LARSON

Je vais malheureusement avoir du mal à aller le voir. Il ne passe pas en Allemagne ... on se demande bien pourquoi ? Donc il me faudra attendre sa mise à disposition sur les plates-formes légales ou le dvd via la France. Zut. Zut parce que oui, toutes les critiques semblent indiquer un très bon film - très bon dans le sens fidèle - et cela m'a donné envie. Maintenant, je ne pense pas y perdre beaucoup en attendant sa sortie dvd - ce n'est probablement pas du Aquaman en terme de visuels.

Alors de mémoire, il me semble que cela arrive - au moins dans l'animé : l'histoire de ce père qui se bat pour protéger sa petite fille et que s'il meurt elle sera orpheline, tout ça. Il y a aussi la mort de Makimura. Je pense qu'il doit y en avoir d'autres. Mais tu as raison, je m'étais fait la réflexion en regardant la bande-annonce : elle est où la jolie fille à protéger ?

Je suis allé vite fait regarder sur Wiki, la liste des épisode pour retrouver celui dont je parlais. C'est l'épisode 7, où un homme fait croire à sa mort pour échapper à des criminels. Il faut le protéger lui et sa petite fille (vraiment petite). Il me semble que c'est un de ces épisodes sans jolie femme à protéger. Mais ils sont extrêmement rares.

Je reviens rapidement sur le doublage.
C'est une discussion que nous avions déjà eu page 1 de ce sujet et je pense qu'il ne faudrait peut-être pas mélanger le doublage et la production, même si les deux peuvent se croiser, comme on le verra plus bas.
En France, où la profession de doubleur n'existe pas - en tous les cas pas à ma connaissance - ce sont des comédiens qui se chargent de faire les doublages ou les voix originelles, en français. Ce sont donc tous des comédiens de formation et ils font tous, dans la très grande majorité des cas, de mon point de vue, un excellent travail. Pour ne prendre que Vincent Ropion, c'est une sommité du doublage. Outre films, séries et jeux vidéo, on pouvait déjà l'entendre dans Goldorak (épisode 29, le personnage de Salta) et on peut l'entendre aujourd'hui dans Lastman - à voir de toute urgence si vous avez raté la série. Pour plus de précision, je vous renvoie à la page 1.

Le problème très souvent, me semble-t-il, vient de l'adaptation de la série, adaptation sur laquelle les comédiens n'ont absolument aucune influence, la plupart du temps. On leur donne le texte à doubler et ils le doublent (le texte est d'ailleurs déjà calé sur la bande rythmo). Censure (la pré-censure) et modification des lignes de texte viennent généralement de la production afin soit de passer sous silence l'origine japonaise de l'animé, soit pour édulcorer un sujet jugé inadapté. Que des comédiens s'amusent et ne suivent pas le texte, soit. Mais qu'ils choisissent de leur propre chef de dire limonade ou rayon magique pour dissimuler aux plus jeunes l'alcool ou un mot japonais étrange de type « Kamehameha », j'en doute fort. Il me semble plus crédible, sur la durée, d'y voir une ligne de conduite imposée par la chaîne. Chaîne qui bien souvent et de manière préventive, pratique encore par la suite quelques coupes claires supplémentaires (le sang et les petites culottes en général, cf. Saint Seiya ou Ranma 1/2). Le CSA le fait rarement - il a par exemple déprogrammer Muscleman en raison d'un « gentil », d'un bon gars, qui arborait une croix gammée. Aussi, je ne crois pas qu'il faille confondre la version réalisée (issue des choix de la production) et le travail des comédiens (qui font ce qu'on leur demande).

À cela s'ajoute l'effet « réduction des coût » et la valse des comédiens. Il n'y aura qu'un seul comédien pour doubler tous les méchants dans City Hunter : Maurice Safari, pour une équipe d'environ 8/10 comédiens au total. Forcément, cela ne peut qu'empiéter sur la qualité de l'ensemble. Saint Seiya a eu le même problème, nombre réduit de comédiens et personnages se retrouvant avec des voix différentes – et franchement les comédiens ont fait tout ce qu'ils ont pu, doublant parfois jusqu'à 10 personnages différents chacun.

Mais voilà, pour City Hunter, malheureusement, je ne peux que vous donner raison. Ils ont volontairement et de leur propre chef massacré les lignes de dialogue des adversaires pour en diminuer l'impact sur les plus jeunes. C'est cette grande liberté d'adaptation qui a conduit à la version que nous connaissons tous (le fameux bobo, par exemple). Vincent Ropion l'assume d'ailleurs dans plusieurs vidéos. Sur l'une d'entre-elles il dit, je cite : « C'était un doublage un peu bizarre. On ne prenait pas vraiment le temps, on faisait un peu n'importe quoi. » (cf. les liens ci-dessous). Je vous en propose une autre plus longue et plus récente, et où il revient sur cette époque et ce doublage en particulier.



En fait, parmi les deux seuls exemples que je connais - mais il y en a sûrement d'autres - d'une prise en main des dialogues par les comédiens, la pire de toute fut opérée sur la série Hokuto no Ken où ils ont carrément fait chanter la direction. Où on double comme on veut, ou on s'en va ! Vous pourrez le lire sur le site : Hokuto.free
Comme Hokuto était déjà dans le collimateur et que la direction envisageait de tout arrêter, elle leur a laissé carte blanche, d'où le massacre inqualifiable de la série, d'ailleurs basée sur des présupposés erronés.

Et donc je déteste la version française de City Hunter (même si j'aime beaucoup le travail qu'on fait les trois/quatre comédiens sur leur personnage lorsque le texte n'était pas passé à la moulinette), comme celle de Hokuto no Ken - que j'exècre au plus haut point. Et cela pour deux raisons principales qui ne sont pas simplement d'avoir changé le texte ou rendu l'animé parodique. Tout d'abord parce que leur ignorance du sujet leur a fait dégrader une œuvre artistique. Il ne s'agit pas de savoir si c'est une belle œuvre ou non, si elle mérite que l'on s'y attarde, si elle est digne d'exister. C'en est une et personne n'a à la dégrader volontairement. Imaginez que je trouve L'origine du monde insultant et dégradant et que j'aille y coller la photo d'une culotte pour faire propre ? On crierait au scandale et à l'infamie (et on aurait raison). Et cela vaut pour toutes les œuvres, même contemporaines – même les plus polémiques. la culture ne s'érige pas en interdisant, en brûlant, en censurant les œuvres, mais bien en débattant autour d'elles. L'autre raison, toujours selon moi, c'est que ces comédiens, pour des motifs qu'ils estimaient légitimes, ont jugé unilatéralement de la nécessité de pratiquer une censure. Mais de quel droit ? Qui sont-ils, quelle autorité morale possèdent-ils, quelles expérience ou connaissances particulières ont-ils, pour s'arroger ce genre de faculté discrétionnaire ? Bien souvent il existe dans les histoires (je vous renvoie aux contes de notre enfance, même si on pourrait en discuter longuement) des raisons sociales, cathartiques ou morales qui expliquent, rendent nécessaire même parfois la violence, le sang, le crime, le mal en général. Supprimer les passages où le méchant se montre méchant ôte souvent toute valeur au geste final du gentil qui met fin à ses exactions, et le rend - le geste - bien souvent illisible. Il me semblerait plus à propos que l'on fasse appel à des spécialistes de la narration et de son impact pour qu'ils effectuent le travail qu'il y aurait peut-être à faire... et pas à des non professionnels de la question sur de simples présupposés. Le reste est une question d'époque, de contexte, de découverte et de reconnaissance.