Attention chef-d'oeuvre!
Helliconia, planète de type terrestre, surveillée depuis des siècles par un satellite terrien, tourne autour de deux soleils, Batalix et Freyr. Son orbite autour de Batalix dure une petite année de quatre cent quatre-vingts jours. Mais elle accompagne Batalix autour de Freyr en mille huit cent vingt-cinq petites années.
Parce que Freyr est une étoile géante et que cette grande orbite est très elliptique, Helliconia connaît un terrible hiver de plus de cinq cents ans, un été torride de même durée, et entre les deux un bref printemps.
Ces saisons sont si longues que les habitants d'Helliconia, humains et phagors, n'en conservent pas le souvenir, sauf dans leurs légendes. Pour Yull, le chasseur, le printemps d'Helliconia, c'est le monde à l'envers, la révolution, le dégel de l'histoire...
Ce premier tome se décompose assez nettement en deux parties: la première partie est centrée autour du personnage de Yuli. Alors que les premiers signes d’un redoux apparaissent, Yuli le chasseur nomade perd son père, capturé par les phagors. Dans son errance, il découvre Pannovial, la cité troglodyte, où les hommes cherchent à fuir le grand froid. Mais Yuli devenu prêtre refuse ce mode de vie cloîtré et remet en question l’ancien ordre établi. Il lui préfère la dure vie des nomades sur les étendues gelées. La 2ème partie se concentre sur les descendants de Yuli qui vont faire de la petite cité d'Embruddock la fière Oldorando, sous la houlette d'Aoz Roon. Avec le dégel, l’humanité du paléolithique se mue en néolithique, puis en âge de bronze, et enfin en âge de fer. Le printemps voit refleurir l’humanité, et les phagors s’exilent à nouveau vers les dernières contrées gelées, fuyant l’interminable été qui s’annonce sur Helliconia, tentant une dernière guerre contre les humains les "fils de Freyr".
Observant les bouleversements qui touchent autant la planète que les êtres qui y vivent, la station terrienne d'observation Avernus - connue sous le nom de Kaïdo par les humains d'Helliconia - retransmet vers la planète mère les événements tels qu'ils se déroulent. Tout cela donne une dimension un peu "secret story" avant l'heure. Le véritable héros du romain, c'est en fait la planète elle-même: on sent ici l'influence de Lovelock et de la théorie Gaia: un organisme qui auto-régule les populations humaine et phagor à la faveur de deux épidémies, au printemps et en automne, causées par un virus hélico. Le temps prend une dimension extraordinaire sous la plume d'Aldiss.
C'est aussi une réflexion sur la nature de l'homme, sur le savoir et sa (re)découverte (où, d'ailleurs le rôle des femmes s'avère essentiel): l'opposition entre Wutra, la divinité céleste, et Akha, la divinité chtonienne, met en perspective la lutte de l'homme entre ses tentations de repli frileux et celles de son envol vers de nouvelles frontières. LA réflexion politique n'est pas absente: d'un côté, la préservation des secrets par les guildes de fabricants ou la raison du plus fort qui ne l'emporte pas sans conséquence; de l'autre (réflexion basée sur la théorie du chaos), la croisade phagor qui rappelle qu'aucun acte ne saurait avoir de conséquences, fusse à dix générations de distance.