L'AMETHYSTE

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C'est la pierre "violette". Son nom viendrait du grec ancien "améthystos", adjectif verbal composé du verbe "methýô", « être ivre » et d'un suffixe privatif. La pierre aurait été ainsi nommée parce qu'elle a la couleur du vin coupé d'eau et, par rapprochement, elle passait pour préserver de l'ivresse.
Contrairement à d'autres pierres, elle était assez rare autrefois (et d'autant plus recherchée). Il faut attendre la découverte d'importants gisements au Brésil, en Zambie et en Uruguay pour qu'elle devienne commune.
C'est une pierre protectrice liée à la nature, au spirituel, au divin. Elle serait bénéfique pour la méditation, rendre les rêves plus intuitifs et équilibrer les "centres énergétiques". Elle apporterait la tranquillité, bloquerait le stress et l'angoisse, réduirait considérablement les énergies négatives.
Bénéfique au mental , elle stimule et permettrait de mieux gérer les événements et de maîtriser ses émotions. Sur le plan spirituel, l'améthyste est présente dans tout ce qui touche l'irrationnel, la divinité. On la voit souvent en bague au doigt des évêques et de certains prêtres.

Rappelons que l'intaille est le contraire du camée que nous avons vu dans un autre sujet : alors que le camée est une pierre gravée en relief, l'intaille est taillée en creux.

Elle était très présente dans l'Antiquité où elle servait de sceau. Souvent montée en bague, on la pressait alors sur une tablette de cire pour y imprimer son sceau personnel, ce qui équivalait à une signature.
L'usage perdurera longtemps car le Moyen-Age va suivre cette glyptique, l'art de graver et ciseler les pierres dures ou fines. Au XVème et XVIème siècle, Venise et Milan comptent de nombreux ateliers où l'on pratique cet art. Camées et intailles connaissent à nouveau une grande vogue sous Napoléon qui lance la mode après en avoir offert à l'impératrice Joséphine, puis à ses soeurs. Le Second Empire suivra.

Je me rends compte à vous lire que ma culture des pierres et du vocabulaire qui s'y rapporte m'est totalement inconnu. Un vrai plaisir de découverte donc /°°\ [J'ai voulu symboliser deux bras tenant des jumelles.]

Là aussi, raffinement et travail d'artiste incroyable.
Rien que le travail du bouclier laisse stupéfait.

Pour faire écho à la bague en intaille de Sphigx dans le sujet sur les saphirs...



L'orateur porte un manteau ou une toge sur l'épaule. Comble de la finesse et de la minutie, on peut discerner sur la droite du joyau la signature, en grec, de l'artiste : Dioskourides.
Dimensions de la pierre : 1,4 cm de haut sur 0,5 cm de large.

Une exécution fine d'une main habile. La couleur violette, foncée mais pas trop, semble parfaite pour les camées et les intailles.

Bluffant.

Elle fût longtemps confondue avec un saphir et nommée "le saphir de Delhi" ou "le saphir violet".
Mais c'est bien une améthyste, qui aurait été volée au temple d’Indra, à Kanpur, lors de la révolte des Cipayes, en 1857. Le colonel anglais W. Ferris viola le sanctuaire et déroba la pierre, profitant de la confusion.

De retour en Angleterre, les drames commencent : une succession de maladies, de deuils au sein de la famille, cette dernière se retrouve d'ailleurs vite acculée à la ruine. Le fils du colonel hérite de la fameuse pierre. Superstitieux, lui attribuant les malheurs qui ont frappé la famille, il l'offre à un ami cher, passionné de culture orientale. Peu de temps après, l'ami en question se suicide sans prévenir. Dans son testament, il restitue la pierre à celui qui lui avait offert.

En 1890, c'est un auteur, Edward Heron-Allen, qui récupère l'améthyste. Erudit, d'esprit scientifique et rationaliste, notre homme ne croit pas à une quelconque malédiction. Pourtant, il connaît à son tour de sérieux problèmes, au point de lui aussi offrir la pierre à une amie, chanteuse professionnelle. Peu de temps après, cette dernière perd définitivement sa voix...
Effrayé, Heron-Allen jette alors la pierre dans la Tamise. Trois mois plus tard, un joaillier réputé le contacte et, à sa stupéfaction, lui restitue l'améthyste. Cette dernière a été retrouvée, prise dans le filet d'un pêcheur et le joaillier, informé de la découverte, a reconnu la pierre dont il connaissait le propriétaire et l'histoire...

En 1904, notre homme, à la naissance de sa fille, fait orner l'améthyste de deux scarabées protecteurs, spécialement ciselés en Egypte et gravés de charmes magiques. Il enferme ensuite la pierre dans sept boîtes différentes et laisse comme consigne à sa fille de ne pas les ouvrir moins de trois ans après sa mort. Quand sa fille s'exécute, au début des années 1940, elle trouve avec la pierre une note de son père lui conseillant de jeter cette "pierre maudite" dans l'océan. Elle en fait finalement don au Museum d'Histoire Naturelle de Londres.

Dans les années 2000, John Whittaker, ancien chef de micropaléontologie du musée, prend la pierre avec lui avant de partir pour une tournée de conférences. Sur la route, un orage terrible et soudain se déchaîne, manquant de peu de l'envoyer dans le fossé. Lui et sa femme qui l'accompagnait n'échappent que de justesse à la mort. Lors de sa seconde conférence, il est victime d'un malaise. Il mourra finalement d'un grave problème aux reins. Quand on lui parlait de tout cela, Whittaker répondait :"Ce n'est peut-être qu'une coïncidence".

La pierre est toujours au Museum, exposée dans une vitrine, et aucun autre évènement dramatique n'est survenu depuis.
Pour certains, l'améthyste a bien maudit ceux qui l'ont arraché à son sanctuaire et la malédiction ne cessera que lorsque la pierre sera restituée à son temple.
Histoire arrangée, canular ou vérité ? Certains pensent que Heron-Allen a inventé toute l'histoire. On notera néanmoins que son petit-fils, descendant direct, a refusé de récupérer l'améthyste. A chacun son opinion...

Certains faits relatés par Heron-Allen sont quand-même assez "abracadabrantesques" je trouve : ainsi, il affirmait qu'après avoir enfermé l'améthyste dans les sept boîtes, les jours suivants, il aurait eu des apparitions : il aurait vu à plusieurs reprises la forme d'un "yogi indien" errant dans la maison, comme si ce dernier cherchait la pierre... Là, je trouve ça un peu gros.

Après, il y a quand-même la série de maladies, de drames et de deuils chez les différents propriétaires du joyau, qu'il est difficile de nier. De là à parler de malédiction...

Récemment découvert en Israël, il serait vieux de plus de 2000 ans.
Conçu pour être porté comme une bague, il est gravé d'un oiseau, probablement une colombe, perchée sur une branche d'arbre portant cinq exemplaires d'un fruit.

Ce dernier serait le kaki, cité dans la Bible et qui n'a aucun rapport avec le kaki que nous connaissons aujourd'hui. Il était nommé autrefois bosem qui aurait peut-être donné le mot baume. Effectivement, ce fruit était très recherché autrefois pour produire du parfum, un parfum "sacré" utilisé dans les temples. Et surtout un baume, un onguent de beauté extrêmement coûteux et apprécié.
Selon Josèphe Flavius, chroniqueur juif, Marc-Antoine aurait autrefois offert à Cléopâtre des bosquets entiers de ce fameux kaki que la reine d'Egypte aurait fait replanter afin de pouvoir en extraire le jus et constituer ainsi le fameux baume.
La légende prétend également que Salomon aurait offert quelques bosquets du fruit à la reine de Saba pour le même usage.