UN THE AU SAHARA (1990)

Datant de 1990, un beau film, à l'esthétique impeccable, ce qui n'a rien d'étonnant quand le réalisateur s'appelle Bernardo Bertolucci. Un film tiré d'un roman de Paul Bowles, musicien et auteur américain qui passa 52 ans de sa vie au Maroc, envoûté par ses paysages, sa lumière.

En 1949, trois artistes, mondains, cultivés, un peu désoeuvrés, se retrouvent pour une traversée du désert, au propre comme au figuré. Il y a le couple Port et Kit Moresby, lui compositeur, elle auteur, couple qui bat de l'aile et espère se retrouver au cours de ce périple à travers les sables. Se joint à eux leur ami Georges, qui ne cache pas son désir pour la belle Kit. Ils partent donc, au hasard, sans but précis.

Voilà donc nos trois compères engagés dans ce "road movie" à travers les sables du Sahara, à l'époque encore possession coloniale de plusieurs pays, dont la France principalement. Un triangle sentimental ambigu, un voyage au cours duquel les masques tombent rapidement. Le désir, la frustration, l'amertume et la jalousie rôdent. La mort aussi. Coupés de leur monde intellectuel, brillant et factice, ces trois-là vont se retrouver face à eux-mêmes et n'en sortiront pas indemnes.



Un très beau film dramatique, à l'esthétique magnifique, inondée de lumière et baignée de couleurs fauves, ocres. Le véritable personnage, le véritable héros, c'est bien le désert, magnifié par la photographie, sublimé par la musique lancinante, mélancolique, de Ryuichy Sakamoto.
On est à des années-lumière des films de divertissement d'aujourd'hui. C'est un film lent, qui prend son temps. C'est un voyage initiatique, baigné de langueur, d'une certaine torpeur même, comme par une journée trop chaude, trop brûlante, où l'on se sent engourdi. La reconstitution du Maroc de la fin des années 1940 est soignée, John Malkovich est aussi classieux que d'habitude et Debra Winger illumine le film de son charme naturel tout au long de ce voyage où elle va se révéler à elle-même tandis que notre trio s'enfonce dans les profondeurs de l'Afrique, sans but.




Photographie somptueuse, musique entêtante, paysages magnifiques, lumière exceptionnelle avec au centre un désert magnifié, sublimé.
Par contre, c'est long, trop long. Et si on n'accroche pas dès le départ, je comprends que l'on puisse très vite trouver ça chiant. Un film porté aux nues par certains, poétique, sensuel, beau et trouvé long, ennuyeux, plat et vide par d'autres. Un film "oeuvre d'art", atypique. On aime ou on déteste.

Jamais vu. Merci pour cette présentation. Je note mais je crains de pas faire partie du public réceptif...
Le titre du film me paraît très familier, puis en y réfléchissant, je me rappelle d'une chanson de Police portant ce nom. Y-a-t-il d'autres références à ce titre ?

The Police a effectivement chanté Tea in the Sahara qui fait référence au roman de Paul Bowles d'où est tiré le film. A noter qu'il a respecté le titre français, le titre américain étant The sheltering sky.


Le groupe de rock progressif anglais King Crimson a également sorti un morceau The sheltering sky en 1981, en hommage au roman :


Pour le film, il faut effectivement être réceptif...
L'histoire, bien qu'elle parte sur un trio, se concentre en fait sur Kit, le personnage féminin. Au cours de ce périple à travers les sables, elle se libère, découvre sa propre sensualité, ses véritables désirs, notamment en tombant amoureuse d'un chef touareg. On peut penser par moments, sous certains angles, à l'histoire de Karen Blixen dans Out of Africa.
Ces trois-là se jettent dans une fuite en avant, ils partent pour ce périple sans but, à la recherche de quelque chose mais sans savoir quoi. Eux-mêmes sans doute.

Le roman de Paul Bowles s'est fait une place dans la littérature anglo-saxonne. On peut y voir, comme l'a bien dit un critique, "une civilisation du désert comme un antidote à celle du progrès". Ces trois artistes un peu mondains, nonchalants et désoeuvrés, découvrent un monde authentique où rien n'a changé depuis des siècles.

Je suis assez réceptif à ce genre de film et comme j'adore le désert... Autour de moi, je connais pas mal de gens de ma génération qui l'ont vu et qui, en général, me disent : "Ha, qu'est-ce qu'il est beau ce film ! Mais c'est trop long..." C'est vrai.
C'est un film d'esthète avant tout. Et puis, ça fait plaisir de voir une actrice principale au charme simple et naturel, authentique, sans lifting, sans botox, sans chirurgie, qui ne ressemble pas à une de ces clones toutes pareilles qu'on a aujourd'hui...

Merci pour ces précisions musicales.
Je n'ai jamais vu ce films dans des magasins de DVD d'occasion, mais si j'ai l'occasion de le voir, je pourrais tenter l'expérience...