(Image : Milkomède)
Elle n'existe plus aujourd'hui et il faut se fier aux témoignages de l'époque ou aux reconstitutions par ordinateur pour la visualiser.
La pagode de porcelaine ou Temple de la Gratitude était une pagode bouddhiste située sur la rive sud du Yangzi Jiang à Nankin, en Chine. Elle fut détruite en 1856 par les Taiping, un groupe de rebelles entrés en guerre contre le pouvoir impérial.
On a une idée assez précise de son aspect, surtout par les nombreux témoignages de voyageurs et envoyés occidentaux, qui la décrivirent abondamment.
La pagode était octogonale, avec une base de 25,6 mètres de diamètre, pour la tour proprement dite (et 29,3 mètres en comptant la véranda de pierre). Le diamètre intérieur était de 14 mètres et l'épaisseur des murs atteignait 3,20 mètres. Une fois construite, elle était l'un des plus grands édifices de Chine, culminant à 79,6 mètres et comportant huit étages. De l'avis du Colonel Cunynghame, un anglais de passage, elle était l'un des plus beaux monuments du monde.
Chaque étage était consacré à une divinité bouddhiste et les murs de chacun étaient ornés de tuiles dorées, représentant
Ma-tso-poo, la reine du Ciel. On passait d'un étage au suivant par un escalier fort étroit, dont les premières marches étaient de briques et les suivantes de bois. Les différents étages étaient tous identiques, à l'exception de la superficie de plus en plus réduite des pièces au fur et à mesure de la montée.
Les tuiles de porcelaine qui recouvraient la face extérieure des murs étaient si exactement ajustées que, même vues de fort près, elles produisaient l'illusion que la tour n'était couverte que d'un seul et unique revêtement, parfaitement lisse et uniforme. Le toit était surmonté d'une sphère dorée en forme de poire. Une tige de fer d'une épaisseur considérable encerclait le haut de la pagode, à laquelle étaient accrochés des anneaux d'or, d'où pendaient 152 chaînes.
Les voyageurs voyaient en elle "une des merveilles du monde" et racontaient que le revêtement de porcelaine reflétait la lumière du soleil de manière éblouissante. La nuit on allumait les 140 lampes à huile de la pagode pour l'illuminer, ce qui ne nécessitait pas moins de 40 litres d'huile chaque nuit.
On travailla la porcelaine au vernis, créant des dessins d'animaux, de fleurs et de paysages sur la façade, les couleurs utilisées étant le vert, le jaune, le brun et le blanc. On la décora aussi avec des images bouddhistes.
(Image : Alain Manesson Mallet)
C'est l'empereur chinois Yongle qui l'aurait dessiné en personne, au début du XVème siècle.
En 1801, la tour fût frappée par la foudre au cours d'un violent orage et ses trois derniers étages endommagés. Ils furent aussitôt réparés.
Dans les années 1850, une guerre civile sévit dans la région : les rebelles Taiping occupent alors Nankin. Ils détruisent les images bouddhistes ainsi que l'escalier pour éviter que les troupes impériales n'utilisent la tour comme poste d'observation de leurs mouvements dans la ville. Des marins américains arrivent en mai 1854 et visitent l'édifice, deux années avant que les rebelles ne la détruisent complètement.
En 2010, le richissime businessman Wang Jianlin a attribué une donation d'un milliard de yuans à la ville de Nankin pour édifier une reconstitution de la tour, inaugurée en 2015. En acier, pas en porcelaine, sans oublier le spectacle son et lumières qui va avec...
(Image : lecomptoirdetitam.wordpress.com)
Seule consolation : on trouve à l'intérieur des restes d'époque de la décoration...
(All images : lecomptoirdetitam.wordpress.com)