Poursuivant mes lectures de classiques un peu oubliés, je me suis attaqué à Pinocchio, héros du roman pour enfants Les Aventures de Pinocchio, écrit en 1881 par le journaliste et écrivain italien Carlo Collodi. Je voulais m'affranchir de mes très vagues souvenirs de la version Disney. Celle-ci a fait des ravages d'ailleurs, supplantant totalement l'originale, sauf en Italie.
D'abord paru en épisodes et avec une première fin, le désir de continuer des lecteurs et de l'auteur ont fait que celui-ci a continué son récit.
La fin initiale était la mort de Pinocchio, pendu à un arbre. Certains y ont vu une mort christique.
Mon avis :
Pour faire court, il s'agit d'un roman d'éducation : Pinocchio est un garnement qui n'écoute pas les conseils de ses aînés, ce qui l'entraîne dans des aventures rocambolesques.
Le lien entre la Comedia del Arte et Pinocchio est évident : notre héros croise même Arlequin et consorts qui le reconnaissent comme leur frère.
Il y a un beaucoup de fantastique, d'absurde, de poésie peut-être.
J'ai eu beaucoup de mal dans la première moitié du livre dans la naïveté, la bêtise, l'égoïsme de Pinocchio m'étaient assez insupportables.
En fait, il pouvait même démarrer une carrière de sociopathe, en tuant le grillon dès son arrivée.
Pinocchio s'éveille peu à peu, son intelligence se construit doucement. Cela m'a carrément fait penser à une intelligence artificielle à un moment.
Pinocchio préfigurant Blade Runner ? Quand même pas.
Rapidement, j'ai mieux accepté cette bêtise de Pinocchio en imaginant ses péripéties dans un Guignol. Mais bien sûr, c'est ça ! En fait, je pense que ce livre a été écrit en ce sens : pour que les enfants dans plein de scènes, crient à Pinocchio de ne pas se faire avoir. Bref, on a là un personnage de pantin de guignol, héros d'un récit, qui devrait donc être remis en scène dans un théâtre. Là, les enfants pourraient interagir avec Pinocchio et s'en donner à coeur joie.
Il y a de bons passages. J'ai trouvé la scène du Pays des Jouets réussie, assez inquiétante. On sent qu'il y a un potentiel pour la psychanalyse dans tout le récit, mais je ne vais pas rentrer dans ce jeu. Quoique, je ne résiste pas à penser que la fin, où
- Spoiler:
le pantin est transformé en enfant, est surtout la transformation en adulte : bienvenue dans la réalité, exit les rêves
.
Pour le côté irritant : l'aspect éducatif est quand même bien pénible par moment.
Pour finir, un mot sur l'adaptation en film, que je n'ai pas vu. On voyait son affiche pendant le premier confinement, où les affiches n'ont pas été changées pendant des semaines. Du coup, j'ai définitivement associé certains films au premier confinement, avec une sorte de défi (si on passe le covid, j'irai voir ce film...).
Je suis assez curieux de voir l'adaptation de Roberto Benigni, j'espère qu'elle pourrait rompre avec la vision Disney.
Sinon, je pense que Terry Gilliam aurait pu s'en emparer également, il y a quelque chose d'absurde dans Pinocchio que l'on retrouve aussi dans les aventures extraordinaires du Baron de Munchaüsen, qu'il avait porté à l'écran.