(Image : jardinage.lemonde.fr)
Les quinquinas sont des arbustes poussant en Amérique du Sud, dans la Cordillère des Andes. Il en existe plusieurs sortes, notamment rouges, jaunes et gris mais seuls les deux premiers sont employés en médecine. Car le quinquina a donné la quinine, longtemps unique remède contre le paludisme.
C'est d'abord l'écorce qui est utilisée par les habitants du Nouveau Monde. Conseillé par des indigènes, le jésuite Agostino Salombrini s'y intéresse et introduit la plante dans son jardin médicinal du collège Saint-Paul de Lima, dont il était l'infirmier. De là l’écorce est envoyée en Europe au début du XVIIème siècle. Les religieux la font passer à Rome où elle se révèle efficace pour traiter les nombreuses fièvres qui assaillent la Ville Eternelle chaque été. De l'autre côté de l'océan, les jésuites observent les indiens qui ont l'habitude de confectionner à partir de l'écorce du quinquina une poudre qui deviendra "la poudre du Pérou" ou "poudre des jésuites". Ces derniers, enthousiastes, envoient leurs rapports en Europe où médecins, herboristes et apothicaires s'y intéressent sérieusement.
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Bientôt, Robert Talbor soigne et guérit le fils de Louis XIV par des doses importantes et régulières de quinquina. Pour une forte somme et une pension à vie, le Roi-Soleil achète le secret de la composition du remède à Talbor. A la mort de ce dernier, le souverain livre la composition du remède à la connaissance du grand public. La poudre d'écorce est utilisée comme antigrippal, pour faire tomber la fièvre et fortifier pendant la convalescence.
La quinine apparaît à partir de 1820, grâce à deux chimistes français, Joseph Pelletier et Joseph Caventou, qui extraient les principes actifs de la poudre d'écorce de quinquina rouge et jaune. Dans le secret de leur laboratoire, les deux hommes créent alors la quinine.
Cette dernière va être pendant longtemps le remède universel et efficace contre les ravages du paludisme et elle l'est encore dans certains pays d'Afrique et certaines zones du globe. Elle agit également sur les crampes musculaires et se révèle un régulateur cardiaque. On l'a longtemps associé à la digitaline, issue de la digitale, pour soutenir le coeur.
Comme pour toute substance, la quinine peut se révéler dangereuse et mortelle si mal dosée ou mal utilisée. Ses effets secondaires peuvent être dangereux, le traitement des crampes musculaires par la quinine a d'ailleurs été abandonné.
Un autre usage de la quinine se trouve dans certaines boissons rafraîchissantes et gazeuses comme le
Schweppes, le
Canada dry ou autres limonades où elle est utilisée pour donner une saveur amère. C'est par exemple une composante majeure du Schweppes
Indian Tonic. On trouve aussi des
Tonic Waters, "eaux toniques", auxquelles l'ajout de quinine donne une saveur amère particulière.
De leur côté, les colons britanniques installés en Inde la mélangent avec du gin, créant ainsi le
Gin Tonic.
Il y a aussi le vin de quinquina, un vin apéritif très à la mode jusque dans les années 1950. Il passait pour tonique et fortifiant à l'époque.