(Image : openmusiclibrary.org)
En dépit de son nom, la vie de Maria Thérésia von Paradis ne fût pas paradisiaque…
Emouvante destinée que celle de cette femme musicienne, née en 1759 à Vienne, en Autriche. Son père n'était rien de moins qu'un des secrétaires de l'impératrice Marie-Thérèse, d'où les prénoms donnés à l'enfant. La jeune fille reçoit une éducation soignée et se tourne très vite vers la musique, pour laquelle elle révèle des dons certains. Pianiste, chanteuse, compositrice, elle se révèle douée, indubitablement, jusqu'à attirer l'attention et le respect de Mozart en personne, qui lui dédiera son dix-huitième concerto pour piano.
Mais très tôt, la jeune femme commence à perdre la vue. Ses parents, désespérés, font alors appel au magnétiseur Franz Anton Mesmer, qui passe à l'époque soit pour un génie, soit pour un charlatan. Installé en France, il a ouvert une "clinique" où il soigne de riches patients par le magnétisme, autour d'un baquet empli de limaille de fer. Certaines séances donnent lieu à des crises nerveuses et font scandale. Mais contre toute attente, sur Marie Thérèse, cela fonctionne : son état se stabilise et elle retrouve un moment une partie de sa vue. C'est alors que la jeune artiste réalise qu'elle a perdu une partie de son talent. Aveugle ou quasiment, elle avait appris à se fier uniquement à son audition qui avait atteint alors une acuité très grande, chose primordiale pour une musicienne (elle passe pour avoir mémorisé par cœur 60 concertos rien qu'en les écoutant…). Avec le retour progressif de sa vue, cette acuité auditive n'est plus la même. De plus, elle se voit menacée de perdre sa non négligeable pension d'invalidité.
Quoiqu'il en soit, le traitement s'arrête et Marie Thérèse devient définitivement aveugle.
Ce qui ne l'empêche pas de connaître le succès. Entourée d'amis fidèles, elle part en tournée à travers l'Europe. Elle donne son premier concert parisien en 1784, aidée par une lettre de recommandation de Mozart en personne. 14 concerts qui suscitent l'enthousiasme et les éloges. Elle en profite pour aider Valentin Haüy à fonder son école pour aveugles. Suivent Londres, Berlin, Prague… avant le retour à Vienne en 1786. A partir de 1789, jouer lui devient difficile et elle se tourne alors vers la composition. De 1789 à 1797, elle compose cinq opéras et trois cantates. Pour composer, elle utilisait un tableau spécifique, créé pour elle par un ami. De même, pour sa nombreuse correspondance, elle utilisait une machine à imprimer à la main, qui lui permettait d'écrire, inventée pour elle par l'écrivain hongrois Wolfgang von Kempelen. En 1808, elle fonde son école de musique où elle enseigne elle-même le piano et le chant aux jeunes filles. Chaque dimanche, ses élèves se produisent en public, attirant de nombreux spectateurs.
Marie Thérèse poursuit son enseignement jusqu'à sa mort, en 1824.
Sa musique, d'inspiration baroque, est toujours jouée, aujourd'hui encore.
Sa vie a fait l'objet d'un film,
Mademoiselle Paradis, de Barbara Albert, sorti en 2017.
(Image : cineuropa.org)