(Image : Stan Shebs)
Curiosité du règne animal, l'anguille électrique est en fait considérée comme poisson.
Elle vit en Amérique du Sud, dans le bassin de l'Orénoque et de l'Amazone. Un beau poisson puisqu'elle peut atteindre 2,5 mètres de long et peser 20 kilos.
Si elle est nommée "électrique", ce n'est pas pour rien.
Cette espèce a en effet la particularité d'avoir des organes chargés d'électricité, des organes pouvant constituer jusqu'à 80% de sa masse. Situés à l'arrière de son corps, ils lui permettent d'envoyer des décharges électriques puissantes, de quoi tuer un chien, paralyser un cheval ou même tuer un être humain. Comme on n'est jamais trop prudent, la belle est immunisée contre ses propres décharges ou celles de ses congénères, sa peau faisant écran.
L'anguille peut de plus moduler ses décharges, suivant le but recherché. Elle peut ainsi émettre de très petites décharges à basse tension, qui lui permettent de s'orienter et détecter d'éventuels obstacles. D'autres décharges servent à trouver des partenaires sexuels. Les plus violentes lui servent à se défendre ou tuer ses proies. Signalons également que, très bonne nageuse, l'anguille électrique se montre d'une rapidité foudroyante : elle peut frapper un petit poisson et le gober en… quelques dixièmes de seconde.
L'explorateur Von Humbolt écrit que, lors d'un passage dans l'eau avec mules et chevaux, des anguilles attaquèrent : "L'anguille d'un mètre soixante de long se frottait au ventre du cheval et lui donnait un choc. En cinq minutes environ deux chevaux se noyèrent".
Encore plus fort, l'anguille peut attaquer en sautant hors de l'eau. Des études ont démontré que dans ce cas, la décharge électrique est bien plus puissante. On pense que l'animal a développé ce mode d'attaque pour se défendre en période de sécheresse, lorsqu'elle se trouve parfois coincée dans un trou d'eau de faible profondeur. D'ailleurs, grâce à une bouche richement vascularisée et pourvue de branchies, elle peut respirer à l'air libre un petit moment et même évoluer hors de l'eau (plus maladroitement et pour un court laps de temps). Pour compléter le tableau, une anguille électrique morte peut néanmoins provoquer, par pur réflexe, des décharges jusqu'à huit heures après sa mort !
On comprend donc aisément que la belle n'ait pas de prédateurs et que les populations des endroits où elle vit se montrent extrêmement prudentes et évitent de la déranger…
Les scientifiques eux, se passionnent pour cet animal et tentent de découvrir le fonctionnement de ce formidable système de défense. Volta lui-même a étudié ces animaux pour mettre au point sa fameuse pile. En 2017, des chercheurs américains l'ont étudié également en vue d'améliorer le fonctionnement des impulsions électriques des pacemakers.