LA MORT DE CLEOPATRE -- Jean GIGOUX (v. 1850-1851)

Nous assistons ici aux derniers instants de la Reine d'Egypte... couchée sur un lit de fourrure, elle se tord, agonisante, l'aspic enroulé autour de son bras droit tendu et à son chevet est posé le panier de fruits débordant de feuilles de figuier qui a servi à introduire le reptile.

En fait, il faut voir davantage ce tableau comme l'ambition de l'artiste à produire un grand nu en majesté, avec une pose recherchée et raffinée, que comme un réel moment historique. Avec cette oeuvre, Gigoux a relancé sa carrière qui commençait à s'essouffler.

Et notre pauvre Cléopâtre n'est alors plus qu'un prétexte...

Mais le résultat est splendide et c'est la Femme qui est sublimée et mise à l'honneur.

Effectivement, à cette époque, les scènes historiques ou mythologiques étaient quasiment le seul moyen pour un peintre de représenter un nu féminin, voire masculin.
Vénus, les reines bibliques et autres nymphes pouvaient étaler seins et fesses sans choquer alors qu'on criait au scandale devant Olympia de Manet ou L'origine du monde de Courbet… De son côté, Leighton prenait Icare comme sujet pour représenter un bel athlète nu, le sexe bien sûr voilé d'un grand tissu flottant judicieusement placé… Notons également que le sexe féminin, quand il était visible, se devait d'être représenté sans poils…

Quant au tableau en lui-même, indifférence totale, c'est un nu comme tant d'autres pour moi et qui ne m'évoque rien.

Voyageur Solitaire a écrit:

Quant au tableau en lui-même, indifférence totale, c'est un nu comme tant d'autres pour moi et qui ne m'évoque rien.

La scène est tragique mais, regarde... n'est-elle pas belle, cette mort ? Le corps de la souveraine est sublimé. Ce n'est pas n'importe quel cadavre. On ne dirait même pas qu'elle est morte. Juste endormie... pour l'éternité.
Ce corps, c'est l'essence même de la femme. Le trépas ne peut rien contre cette chair.

Je ne peux qu'être émerveillé.