À vrai dire, je ne suis pas du tout d'accord sur ton jugement globalement positif de cette série, qui me semble un massacre d'un livre intéressant ( certes l'histoire du VRAI William Adams aurait été infiniment plus intéressante mais il ne faut pas trop en demander à un Clavell ).
La série passe à la trappe l'intérêt essentiel du livre, la confrontation entre des personnages issus de deux mondes différents, l'Occident et le Japon. Blackthorne passe la première moitié du livre à essayer de comprendre chez quels fous sanguinaires il est tombé, et en même temps à remarquer les points sur lesquels le Japon l'emporte sur l'Angleterre; alors que les Japonais se demandent avec curiosité et une certaine consternation ce que c'est que cet incroyable barbare…
Peut-être cela était-il difficile à rendre ( mais alors autant ne pas tourner la séria ) mais aucun personnage ne garde quoi que ce soit d'intéressant ou simplement de distinctif. Les plans de Yabu perpétuellement frustrés par les événements ? Autant dire disparus. La relation entre Mariko et son mari Buntarô ? Caricaturée. Le personnage, qui aurait été parfait pour n'importe quel film, du daimyo chrétien lépreux dans son palanquin ? Éliminé. Le samouraï disciple des jésuites et renégat, agent de Toranaga ? À la trappe. Tout le point de vue des jésuites ? Ouste. Buntarô qui couvre la fuite de Toranaga presue à lui tout seul et qui va se faire seppuku pour échapper à la capture ? Passée à l'as. Toute la discussion sur la nouvelle forme de guerre créée par les mousquets; qui finit avec l'envoyé d'Ishido massacré en suppliant comme un lâche, quand son escorte, honorablement, se fait seppuku ? Vous voulez voir ? Eh bien dommage pour vous parce que ça n'y est pas.
La pire des trahisons de l'esprit du bouquin, c'est encore la fin: quand Blackthorne qui a reçu le contrat de la superbe geisha le file à Omi* parce que lui et la geisha s'aiment. Que c'est mignon. Dans le livre, Toranaga arrange le mariage de la geisha ( après se l'être faite naturellement ); Omi est d'abord triste mais se durcit ensuite; "J'ai vingt ans, plus rien ne me retient et j'ai un monde à conquérir" [ de mémoire ].
Et je ne parle que du pire; presque chaque scène détruit, distord ou mutile une scène du bouquin.
Et qu'avons-nous en retour ? Des scènes qui se veulent spectaculaires et qui sont non seulement mal tournées mais encore faites avec un manque de moyens ridicule. Et la mort du capitaine portugais, grotesque et qui n'a rien à voir avec le livre.
Je résume. Cette série est une SALETÉ, un abominable machin conçu pour une distribution de masse auprès de ruminants. Le bouquin, s'il est loin d'être génial, est incomparablement meilleur.
* le neveu de Yabu