(Photo : theinspiredindia.com)
C'est l'un des joyaux architecturaux et religieux de l'Afghanistan, miraculeusement épargné par la guerre, la province étant restée à l'écart des évènements.
Nous voici à Mazra-I-Sharif, quatrième ville du pays, capitale de la province de Balkh. Si un sanctuaire existait ici dès 1220, c'est bien plus tard que le sultan Husayn Mirza Bayqarah ordonne la construction de la mosquée bleue. Deux dates, 1616 et 1618 sont inscrites dans le décor intérieur. Le chantier aurait duré 20 ans.
C'est ici qu'est supposé reposer Hazrat-e Ali ibn Talib, le quatrième calife de l'Islam et le premier imam chiite. En plus de sa tombe, on trouve son épée, nommée "Zulfikar", qui avait appartenu à Mahomet en personne, ainsi qu'un exemplaire du Coran ayant appartenu au prophète.
Autant dire que cette mosquée est un haut lieu de pèlerinage pour les Afghans, ainsi que pour les autres musulmans persans. De nombreux miracles, tels que des guérisons, ont été déclarés à cet endroit. Nul doute que cela a également contribué à préserver le monument de toute attaque.
(Photo : islam.pictures)
(Photo : fun2z.com)
Le sanctuaire est au centre de la ville, entouré d'un vaste parc, d'une grande esplanade carrelée où les colombes sont nombreuses, souvent nourries par les habitants. On les trouve par centaines, les afghans appréciant le contraste entre leur blanc éclatant et le bleu du monument et du ciel. Sans oublier le symbole de paix qu'elles représentent dans ce pays dévasté par la guerre :
(Photo : Peretz Partensky)
De nombreux dignitaires se sont fait enterrer aux abords du monument au fil des siècles, ce qui, en plus du caractère sacré de l'endroit, explique l'atmosphère recueillie et calme des lieux (surveillés également par de nombreux gardes armés).
A noter également, la présence de beaucoup de femmes autour du sanctuaire, souvent accompagnées d'enfants, chose inhabituelle en Afghanistan où la plupart du temps, les femmes prient à la maison. Mais à Mazar-I-Sharif, les femmes semblent bénéficier d'une liberté bien plus grande que leurs consoeurs, ayant même accès à l'éducation.
Le bâtiment, ou plutôt les bâtiments car il s'agit d'un véritable complexe, sont inspirés de l'architecture de Samarcande et autres villes d'Asie Centrale, avec carreaux de céramique de ce bleu glacé, intense, vibrant dans la lumière, le tout d'un raffinement et d'une minutie extrême. De loin, tout paraît bleu, il faut s'approcher pour découvrir les autres couleurs.
(Photo : dailymail.co.uk)
(Photo : thejournal.ie)
Le dôme principal :
(Photo :bpsphoto.com )
L'intérieur est réalisé avec des lambris d’onyx jaune et de la céramique bleu glacé (une terre cuite recouverte d’une fine couche de verre), avec également des teintes de vert, jaune et turquoise plus quelques touches de rouge, qui font ressortir les arabesques et calligraphies.
On entre d'abord par un portail monumental carrelé de bleu pour accéder au grand parvis, d'un blanc lumineux. La salle de prière, sous le dôme, se rejoint par un couloir étroit et obscur. Cette obscurité doit inviter à l'humilité et au recueillement avant de déboucher dans la pleine lumière du dôme. Ce dernier, comme souvent dans l'architecture islamique, est effrangé sur ses pourtours pour alléger le poids de la maçonnerie.
A la nuit tombée, l'ensemble devient féérique, prenant l'allure d'un palais des 1001 nuits :
(Photo :crystalgalerie.com)
De nombreuses fêtes ont lieu ici, principalement le
Nao Rouz, le Nouvel An afghan. A cette occasion, des milliers de pélerins envahissent le parvis pour assister au lever d'un drapeau, préalablement posé sur le tombeau principal. Toucher ce drapeau apporterait le bonheur et protègerait du mauvais sort. En raison de la ferveur des pélerins, de nombreux mouvements de foule ont occasionné morts et blessés. Depuis, la cérémonie est strictement encadrée, se tenant dans une enceinte grillagée.
On peut également signaler la "fête des tulipes", où l'on célèbre cette fleur qui éclot par milliers dans la campagne, tapissant le paysage de couleurs éclatantes.
Dans un Afghanistan en proie aux troubles, aux attentats et à la guerre, Mazra-I-Sharif semble une oasis de paix et de beauté irréelle, avec sa mosquée bleue, ses femmes, ses colombes et ses tulipes...