L'ATACAMA EN FLEURS

Le désert d'Atacama, au Chili, est généralement considéré comme le plus aride au monde. Certains endroits n'ont reçu aucune goutte d'eau sur plus de 50 ans... La NASA y teste même ses robots destinés à la future exploration de Mars car son sol se rapprocherait de l'aridité de celui de la planète rouge. Pourtant, en 2017...









Comme au Namaqualand en Afrique du Sud (voir sujet consacré), un océan, une immensité de fleurs, à perte de vue... Phénomène extraordinaire qui a lieu au printemps austral où de rares pluies viennent arroser certaines parties de l'Atacama, phénomène nommé "Desierto florido" par les chiliens. Sauf qu'en 2017, sous l'influence du phénomène climatique El Nino, la floraison s'est produite à deux reprises, ce qui ne s'était jamais vu jusque là. L'équivalent de sept ans de pluie tombé en 12 heures ! Les scientifiques ont chiffré à plusieurs millions les fleurs ayant surgi de terre à cette occasion, des fleurs de plus de 200 espèces différentes. L'information a été annoncée sur tous les médias et plus de 25 000 personnes se sont déplacées pour admirer un spectacle qui ne dure que deux ou trois semaines, grand maximum.

C'est absolument magnifique - les images du désert (la première avec la Lune donne quasiment l'impression d'une peinture de SF des années 60 - j'adore) comme celles de cette floraison tirant sur le rose profond.
Mais une question tout de même : elles viennent d'où toutes ces fleurs ? Je veux dire, l'eau, ce n'est pas suffisant normalement. Il faut de la terre où les racines vont pouvoir se fixer, des graines présentes qui vont pouvoir germer. Bref, quelque chose de déjà présent pour que les pluies soudaines autorisent le renouveau du cycle. Alors je me demande bien comment elle s'y prend, la Nature, sur ce coup là.

Mais en tous les cas, des images de toute beauté.

Comme dans beaucoup de déserts, il y a toute une vie, végétale et animale, qui s'est formidablement adaptée à son environnement et qui très souvent, est invisible à nos yeux.

Dans le désert d'Atacama, on trouve des bulbes, profondément enfouis dans la terre. D'ordinaire, les températures extrêmes, le soleil brûlant et l'absence d'eau les dessèchent, ils meurent donc rapidement. Mais si les précipitations sont abondantes et régulières, ils parviennent alors à se développer et à fleurir. Il faut un équilibre parfait, un niveau de précipitations suffisant, phénomène assez rare qui ne se produit que tous les cinq ou sept ans en général et dure peu, comme pour la vallée des lys de Sandhof, en Namibie (voir sujet consacré dans Les fleurs). Mais le résultat est effectivement stupéfiant :



Comme au Namaqualand en Afrique du Sud, le phénomène fait alors la une à travers tout le pays. Les autorités, elles, tentent de protéger les lieux où il est interdit de cueillir la moindre fleur car ces dernières sont très rares, pour la plupart des espèces en voie d'extinction. Mais comment surveiller efficacement un tel espace ?

Je ne saurais vraiment répondre à ta question... Mais le désert réserve des surprises, la vie y foisonne contrairement à ce que l'on croit le plus souvent.
Dans le désert du Namib, notre guide nous a expliqué des choses incroyables : une espèce de scarabée qui, au matin, ouvre ses élytres face à l'océan, les laissant se charger d'humidité, se charger d'eau qui ruisselle ensuite jusqu'à sa "bouche"... Un petit gecko qui fait de même, retenant la brise froide se déposant sur ses grands yeux ronds qu'il lèche ensuite pour en récupérer l'eau... Des moyens qui leur fournissent plus de 40% de leurs besoins en eau journaliers... On a vu également dans Les fleurs, Welwitschia mirabilis, une plante désertique qui transforme le CO2 qu'elle absorbe en une sorte de "sucre" dont elle se nourrit... Alors, quand tu vois ça...
L'Atacama est lui aussi ouvert sur l'océan, sur toute sa longueur. Il reçoit donc les embruns, l'humidité, la brume chargée de vapeur d'eau venue du large, cela suffit peut-être à certaines espèces végétales pour tenir.

Après, philosophiquement, on peut effectivement rester pensif et rêveur devant cette vie, si fragile, si délicate et si forte en même temps, au sein du désert le plus aride au monde...