ART ABSTRAIT/CONTEMPORAIN

"Shallow Space" de James TURRELL (1971)

Un artiste contemporain qui sait manipuler les bords et les surfaces avec de la lumière moulée, inventant des espaces apparents de profondeur perceptive presque infinis.

Un voyage dans le cosmos ?

Ou une plongée dans les profondeurs océaniques ?

CITYSCAPE #1

Richard DIEBENKORN

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"Cityscape #1" est une huile sur toile du peintre américain Richard Diebenkorn (1922-1993), réalisée en 1963 et exposée au Musée d'Art Moderne de San Francisco.

Alors qu'il vivait à cette époque à Berkeley, en Californie, Richard Diebenkorn eut l'idée de peindre un groupe de toiles représentant des vues de la ville et du paysage environnant.

Ici, nous voyons une rue bordée d'un côté par une rangée d'immeubles et de l'autre par des champs ouverts et des terrains vides. La ligne d'horizon est haute et la palette de couleurs dominée par des teintes froides, compensées par la tache de terre sablonneuse à droite et une petite zone rouge dans le coin extrême gauche.

La base de cette peinture est un paysage existant mais Diebenkorn s'est laissée à une libre interprétation née de son imagination où il livre une composition beaucoup plus plane et géométrique.

"Les Numéros Maléfiques"

Fabio MAURI (1978)

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Fabio Mauri est un artiste-plasticien italien, né à Rome en 1926 et décédé dans cette même ville en 2009.

Il était âgé d'à peine vingt ans, lorsqu'il découvrit pour la première fois des photographies des camps de concentration nazis. Leur horreur incommunicable l'a dès lors poussé à enquêter toute sa vie durant sur les logiques perfides qui peuvent lier l'art et les idéologies totalitaires. Ainsi, en marge du mouvement Arte Povera qui dominait l'art italien pendant les années 1960, les œuvres de Mauri préféraient explorer l'histoire filtrée à travers l'individu.

Son installation, "Les Numéro Maléfiques" - I Numeri Malefici - utilise l'erreur de calcul humaine pour réévaluer le rapport existant entre l'homme et l'histoire. Un tableau portant l'équation mathématique pg = g (p) 2 (p + a) n reste sans réponse ; avec elle, la promesse mathématique aboutissant à une vérité supérieure, une loi unique unifiant l'hétérogénéité de toute entreprise humaine, et qui reste à réaliser.

Un enregistrement audio accompagne cette oeuvre. Il s'agit d'un enregistrement d'un poème de Pasolini, intitulé la Guinea et publié pour la première fois en 1964. Le poème, qui était à l'origine un hommage vibrant de Pasolini à l'Italie rurale, devient chez Mauri une ode élégiaque à celui qui fut son ami d'enfance et proche collaborateur, assassiné en 1975.

Tout au long de sa carrière, Fabio Mauri a créé des dessins comportant le mots "Fine" - ce qui signifie "Fin" en Italien - ou arborant des emblèmes, des égratignures ou des griffures.

Mauri, en empruntant le langage cinématographique, tente de retenir le dernier moment de la vie avant que l'écran ne devienne noir.

"Art History Lesson N°6"

Luis CAMNITZER (2000)

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Il s'agit d'une oeuvre composées de plusieurs projecteurs de diapositives - objets rappelant une salle de conférence - disposés en arc de cercle et projetant chacun un rectangle blanc sur les murs.

L'artiste uruguayen, Luis Camnitzer, veut montrer que l'histoire de l'art est toujours écrite par les détendeurs du pouvoir, lesquels s'ingénient à exclure d'autres récits, notamment ceux d'Amérique latine, du canon autour duquel la discipline s'organise.

Les rectangles blancs projetés sur les murs invitent le public à imaginer sa propre histoire et éventuellement d'autres récits.

Messages : 381 Date d'inscription : 05/12/2014 Age : 44

Euh comment dire...??...je vois pas en quoi toutes ces choses sont des œuvres... scratch

dav-ID a écrit:: Euh comment dire...??...je vois pas en quoi toutes ces choses sont des œuvres...

Disons que, pour comprendre une telle oeuvre, il faut plus tenir compte du concept que des objets en eux-mêmes.

Ce qui est important, c'est ce que l'artiste exprime par son travail. Qu'est-ce qu'il a à nous dire ?

L'art conceptuel met d'abord en valeur les idées plutôt que les objets.

Donc, si tu veux comprendre une telle oeuvre, regarde-là dans sa globalité. Pose-toi la question de savoir ce que l'artiste a voulu exprimer par la disposition des objets, ou pourquoi joue-t-il avec telle ou telle forme, comment il aménage l'espace et dans quel but.

Laissez-moi vous présenter "Structures en Bleu" de Rubela DAVILA :

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Rubela Davila est un artiste-plasticien péruvien appartenant à cette génération post-soixante-huitarde, inspirée par le néo-plasticisme et le mouvement "Hard Edge" si caractéristique de l'école new-yorkaise. Un mouvement dont le but est de faire bouger les lignes en matière de peinture, de sculpture ou de gravure, transgressant tous les codes académiques traditionnels.

"Structures en Bleu" est une oeuvre qui se place dans la lignée de ce mouvement.

Elle présente tout un jeu chromatique obtenu par l'inégalité interne des champs circulaires qui, dans sa relation avec les variations des nuances de bleu et l'éclairage de son ensemble, permet d'obtenir des ombres claires se déplaçant d'un cercle à l'autre, générant une fine mobilité, comparable aux phases de la Lune.

Messages : 2377 Date d'inscription : 09/12/2012

Autant je n'apprécie pas du tout la n° 6, autant j'aime assez le parcours qui mène aux numéros maléfiques et j'aime beaucoup les Structures en Bleu qui me font penser aux Outrenoirs de Pierre Soulage.

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Goburlicheur de chrastymèles

Pierre Soulages appartient à cette même école post-moderne, donc, oui, il est normal de relever quelques similitudes avec l'oeuvre de Davila.

Moi aussi, j'aime bien quand il y a un travail sur les couleurs, les nuances de couleurs, quand on joue avec les formes et les illusions d'optique.

"3 décembre 1966"

de Pierre SOULAGES

Huile sur toile, 159,1 x 201,9 cm

L'artiste Pierre Soulages a consacré toute sa carrière d'artiste à composer des formes et modeler l'espace où le noir tient une place essentielle. D'où ce sentiment de permanence et de lourdeur dans son travail. Comme si la lumière était tout entière absorbée par les ténèbres et nous happait dans ce tourbillon, sans aucun moyen de faire marche arrière.

Vous vous posez des questions sur l'art contemporain ? Des galeristes vous répondent afin d'y voir plus clair et de mieux comprendre :

"Les Nymphéas Bleus" de Claude Monet, 1916-1919.

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Nymphéa est le nom botanique savant pour désigner un nénuphar. Claude Monet les cultivait dans le jardin aquatique de sa maison de Giverny dès 1893.
A partir des années 1913 et jusqu'à sa mort (1926), Claude Monet ne quittait quasiment plus ni son jardin ni son étang qui étaient devenus ses seules sources d'inspiration. "En dehors de la peinture et du jardinage, disait-il, je ne suis bon à rien ; mon plus grand chef-d'oeuvre est mon jardin".

Dans cette toile, Monet élimine le ciel et l'horizon et se concentre sur une petite zone de l'étang. C'est un morceau de nature, pris en gros plan, telle une composition neutre. L'absence d'un cadre de référence crée un sentiment d'infini.
Le trait est libre, le pinceau détaché de la forme. Cette vue rapprochée du sujet est une abstraction totale.

En ce sens, on peut le dire ; les Nymphéas Bleus sont le premier tableau abstrait du XXe siècle.

Le spectateur doit faire un effort visuel et mental pour reconstituer la scène. C'est un tableau qui aura une influence sur tous les artistes d'après-guerre, notamment américains, spécialisés dans les paysages oniriques et l'abstraction lyrique.

"Le Mouton" de Franz MARC (1913)

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Le style de Franz Marc est tout empreint de spiritualité. Celle-ci s'exprime dans la pureté de ses couleurs et de ses lignes.
Franz Marc était un artiste qui méprisait la société de son époque. Il la jugeait décadente et c'est dans l'art qu'il trouvait la clef de sa rédemption. Pour lui, la nature incarnait cette pureté absolue qu'il recherchait et notamment le monde animal dont il cherchait à démontrer toute l'innocence.
Ses couleurs sont tout autant audacieuses qu'exubérantes.
Le bleu incarne la masculinité et la spiritualité ; le jaune, la féminité et l'émotion ; le rouge est l'incarnation même de la matière.
Toutes ces couleurs, chez Marc, entrent en collision pour former un spectacle permanent.

Franz Marc vit sa carrière de peintre avortée lorsqu'il fut mobilisé lors de la Première Guerre mondiale et dut rejoindre les rangs de la Bundeswehr. Toutefois, il croyait que ce conflit aurait un effet cathartique sur toute l'Europe et ouvrirait à une société meilleure.

Il fut tué lors de l'attaque de Verdun en 1916.

Messages : 2377 Date d'inscription : 09/12/2012

Et ben et ben, quelle culture picturale. J'aurais été bien incapable de produire de telles analyses sur ces tableaux.

Plus modestement, je ne trouve pas dans les Nymphéas bleus l'idée d'abstraction. Il y a manifestement un modèle, un sujet, assez aisément identifiable. Je ne crois pas dans tous les cas au besoin systématique de catégoriser, de faire rentrer dans tel ou tel cadre, mais plutôt - notez que c'est une perspective personnelle - que c'est toujours une évolution par rapport à..., vers..., sans qu'il faille nécessairement y inclure des bornes. Bien sûr, certaines toiles sont particulièrement représentatives ou prototypiques d'un genre, d'une appartenance, mais ici, je trouve que non, que c'est encore de l'impressionnisme.

J'ai beaucoup plus de mal avec Le mouton car je ne me reconnais pas dans le mysticisme de l'auteur. Mais je dois reconnaître que cette recherche du vrai, de l'être, en dehors de la représentation, est très intéressante. Je cite ici le site Esprits nomades : « Franz Marc, féru de théologie calviniste et de philosophies orientales, ne pouvait être que prédisposé aux thèses mystiques de Kandinsky disant « que l’art doit mettre à nu l’essence spirituelle des formes naturelles au lieu de copier leur apparence objective avec la vraisemblance exacte. » Sous l’influence de Kandinsky, Marc croyait que l’essence spirituelle des choses est en fait un invisible mieux révélé par l’abstraction. Il était persuadé que la civilisation humaine détruit inexorablement ce que nous pouvons percevoir de la force spirituelle qui emplit toute la nature. »

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Goburlicheur de chrastymèles

Astre*Solitaire a écrit:: Et ben et ben, quelle culture picturale. J'aurais été bien incapable de produire de telles analyses sur ces tableaux.

Pas plus que toi. Mais quand un tableau me "tape" dans l’œil, je me renseigne sur celui qui l'a peint et je développe mon analyse personnelle, fondée sur mon ressenti.

J'étais comme toi, à mille lieues d'imaginer une quelconque idée d'abstraction en regardant les Nymphéas. Mais après avoir lu certaines choses sur ce tableau, j'ai vu les choses autrement.

Pour moi, c'est comme si Monet avait fait un focus sur un sujet. Il part d'un élément de son étang pour en faire une oeuvre abstraite. Si je prends une photo en gros plan, tu ne devineras jamais ce que c'est. Et bien, Monet a fait la même chose : il crée un gros plan. Il fait sortir ce petit bout d'étang du réel pour lui donner une nouvelle existence, hors du temps et de l'espace.

On est encore dans l'impressionnisme mais déjà dans autre chose. Du moins, ce tableau annonce une nouvelle ère en peinture. Ce n'est pas pour rien si de nombreux artistes modernes ont étudié ce tableau.