Il m'arrive parfois de passer carrément à côté d'une nouveauté. Heureusement comme tout le monde autour de moi pense que j'ai lu tous les comics de la création (ce qui n'est pas le cas), souvent on me demande mon avis sur telle ou telle parution. C'est comme cela que j'ai découvert
Locke & Key. Pourtant je sais qu'il faut surveiller ce qui sort chez les indépendants où l'on déniche souvent de véritables pépites. Mais là non, je ne l'avais pas remarqué mais alors pas du tout...
Cette série d'IDW en 37 épisodes est sortie en France chez Milady en 6 volumes reliés. Elle est le fruit de la collaboration entre
Joe Hill, entre autre fils de Stephen King, et du dessinateur chilien
Gabriel Rodriguez.
Après le meurtre sanglant de Rendell Locke et le viol de sa femme Nina par deux élèves du lycée dans lequel il était CPE, leurs trois enfants vont s’installer avec leur mère dans la maison d'enfance de leur père à Lovecraft dans le Massachusetts, où vit leur oncle Duncan. La pauvre Nina a un peu de mal à se remettre des événements et sombre progressivement dans l'alcoolisme. Le bienveillant Duncan n'est pas de trop pour s'occuper des enfants.
Les enfants justement : Tyler, l'ainé presque adulte, se débat contre le sentiment de culpabilité qu'il éprouve vis à vis de son père. Non seulement parce qu'il ne s'entendait guère avec lui mais également car suite à une parole de trop il pense être le responsable de son assassinat.
Kinsey, la fille de la fratrie, n'en peut plus d'être terrorisée et de pleurer à tout va mais pas d'inquiétude elle trouvera une solution drastique à ce problème...
Bode, enfin le benjamin, virevolte joyeusement dans la maison semblant peu affecté par la tragédie. Mais surtout il trouve les Clés !
Oui les Clés, car cette maison renferme un secret, des clés y ont été fabriquées et dissimulées. Elles permettent d'ouvrir des portes diverses et variées qui ont des effets surprenants. La première clé (et je ne parlerai que de celle là) qu'il trouve permet d'ouvrir une porte qui une fois son seuil franchi sépare le corps et l'esprit laissant vagabonder ce dernier tel un fantôme.
Bon je vois déjà VS faire la moue parce que les histoires de gamins... Oui, oui, oui, il y a un côté teenager indéniable mais il permet de renforcer le côté noir et angoissant que l'auteur tisse méticuleusement au fil des pages. Mais surtout puisqu'on reconnait les héros à leurs adversaires, il faut dire deux mots sur celui qui manipule dans l'ombre tout le monde (ou presque) dans le but d'assouvir son sombre dessin et qui notamment est le réel instigateur du meurtre de Rendell Locke.
Une bien bonne ambiance à mi chemin entre Stephen King et l'écrivain de Providence (le titre du premier volume n'est pas là pour rien).
Un bémol tout de même à cette série que j'ai lue avec enthousiasme et grand plaisir et je ne semble pas être le seul puisqu'aux USA le premier numéro fut épuisé en une seule journée et l'éditeur dû le réimprimer. Un bémol, donc, sur le dernier volume, et surtout sa conclusion. Elle est hélas en deçà du niveau global de la série, l'auteur fournit beaucoup trop d'explications que le lecteur attentif avait découvertes par lui même. Ça gâche un peu... Mais surtout je ne le trouve pas assez ambitieux par rapport aux excellentes idées qu'il nous avait servi jusque là. Bon je suis un peu dur car il nous gratifie quand même d'événements que l'on avait pas vu venir et la série reste plaisante et d'un niveau fort élevé mais bon du coup il ne manquait pas grand chose pour en faire un monument...