K. W. Jeter est assez connu comme pionnier du courant cyberpunk. On lui doit Horizon Vertical, mais aussi 3 suites à Blade Runner, ou bien encore quelques romans dans l'univers de Star Wars, ou de Star Trek DS9.
Par hasard, je suis tombé sur Madlands, écrit en 1991. Ce bouquin est assez déroutant et m'a plu. Tout d'abord car il décrit un univers bac à sable qui offre à lui seul un univers de Jdr : dans le futur, il s'est passé quelque chose qui a figé L. A. dans une bulle temporelle à réalité alternative, les Madlands. Un Zeppelin géant en flammes brûle en permanence dans le ciel, alors que la ville est en mutation. Ses habitants aussi, vu que ceux qui passent trop d'années dans ces Madlands décèdent tôt ou tard d'une sorte de cancer (la n-formation) qui change leur structure moléculaire parfois en les transformant en monstre, je dirais presque en les dé-pixelisant. Pourquoi rester dans les Madlands alors ?
Parce que le chaos des Madlands fascine, c'est un feu d'artifice, ceux qui y goûtent ont du mal à le quitter pour retrouver une vie normale. Alors on se fait peur, on y reste un peu avec l'idée qu'on repartira avant l'arrivée de la n-formation. (On peut faire un parallèle avec la drogue.)
Et puis il y a tous ces malades pour qui les premiers signes de n-formation arrivent et qui préfèrent la freiner en branchant leur corps sur la toile d'araignée de leur sauveur, Identrope, le maître des Madlands et de la tv, sorte de télévangéliste prophète.
Je pourrais citer encore quelques particularités parmi les habitants des Madlands, mais difficile d'en dire plus sans spoiler.
L'intrigue ? Un vétéran des Madlands se voit proposer la mission de tuer Identrope pour mettre fin à son monopole.
J'ai aimé ce bouquin par le décor de jdr qu'il offre, sorte d'univers chaotique où l'imagination peut créer des enclaves. On est clairement dans dans la continuité d'un K. DICK en plus vitaminé et avec une dose de cyberpunk. Mais, là où Dick nous pond généralement une voire deux bonnes idées par bouquin, ici Jeter semble plus généreux.
Le ton est plutôt sale et crû, provoc, avec un côté polar noir.
Je préviens, si l'univers est chaotique, le récit est un peu bordélique aussi. On aura ainsi pas mal de zones d'ombres, parfois très importantes, et parfois une absence d'explication assez inexplicable, justement.
À tenter si vous avez envie d'un héritier de K. Dick qui offre un décor intéressant.