CHAPPiE (Neil Blomkamp, 2015)SynoptiqueEn 2016, pour faire face à la criminalité galopante (300 assassinats par jour), la police du Cap (Afrique du Sud) décide de s'équiper d'une police robotisée. Les robots, de modèle Scout, sont produits par la société sud-africaine Tetravaal, dirigée par Michelle Bradley (Sigourney Weaver).
L'intelligence artificielle (IA) implantée dans les robots est développée par un génie trentenaire, Deon Wilson (Dev Patel). Il est en concurrence avec Vincent Moore (Hugh Jackman) qui développe lui un drone aéro-terrestre, du nom de Original
(Moose), commandé par un casque neuronal. La police du Cap et la p.-d.g. Bradley favorisent le projet Scout, plus léger, meilleur marché, et délaissent le projet Original, plus orienté pour la guerre et assez peu adapté au maintien de l'ordre urbain.
Mais ce qui passionne Deon, c'est le développement d'une intelligence artificielle douée de conscience. Contre l'avis de sa p.-d.g., il implante la nouvelle IA dans un Scout mis au rebut, le n°22 (Sharlto Copley).
En parallèle, Ninja*, Yo-Landi* et Amerika (Jose Pablo Cantillo) sont des petits malfrats qui doivent une importante quantité d'argent à Hippo (Brandon Auret), un chef de gang. Ils décident d'enlever Deon pour qu'il désactive les Scouts et leur permette de réaliser un casse. Deon leur annonce que ce n'est pas possible, ils s'emparent donc du Scout 22, qui se comporte comme un enfant, et décident de l'élever pour qu'il les aide à réaliser le casse. Dans son langage enfantin, Scout 22 se baptise lui-même Chappie.
*Ninja et ¥o-Landi Vi$$er forment le groupe de rap Die Antwoord ; les noms des personnages sont leurs noms de scène.
1. Un Scout en action. 2. Vincent Moore (Hugh Jackman) et la p.-d.g. de Tetravaal Michelle Bradley (Sigourney Weaver) AvisVu comme ça, on dirait un film d'action. Détrompez-vous : les 3/4 du film relèvent plus du Walt Disney, entre
Rox et Rookie et
Wall-E (oui, je sais, c'est un grand écart), avec quand même un côté
Oliver Twist. Le sujet tourne essentiellement sur l'éducation de Chappie : Deon, « le créateur »
(maker), un doux idéaliste, essaie de lui inculquer des principes moraux et d'éveiller en lui un sens artistique. Yo-Landi, « maman »
(mummy), se prend d'affection pour Chappie et rentre dans le jeu de Deon, tout en sachant qu'elle a besoin qu'il réalise le casse pour leur survie. Ninja, « papa »
(daddy), essaie de l'élever à la dure pour le pervertir ; Amerika, lui, est plus subtil et comprend mieux la psychologie de Chappie et comment contourner ses principes moraux.
On voit donc un robot policer de taille adulte se comporter comme un enfant peureux, puis s'éveiller, prendre le style gangsta, de manière plutôt attendrissante (ça, c'est pour le côté
Wall-E).
Bon, sur la fin, ça décanille un peu quand même, avec quelques images un peu sanglantes (une décapitation relativement explicite) comme les affectionne Neil Blomkamp, sans toutefois tomber dans le gore.
Au final, ça en fait un film assez étrange, très décalé, plus proche de son premier long métrage
District 9 (2009) que d'
Elysium (2013). J'ai du mal à être très enthousiaste : plein de bons sentiments, des éléments assez convenus (la machine qui a peur de la mort), un combat qui ressemble à celui d'
Iron Man (Jon Favreau, 2008) ou de
RoboCop (Paul Verhoeven, 1987) (ou à bien y réfléchir à David et Goliath ; bon, on va dire que ça compte pas), le côté métamorphose emprunté à
District 9, le gag du check
(push) pompé sur le
take five de
Terminator 2 (James Cameron, 1991), Deon le cliché du bricoleur génial (geek) sans vie sociale en dehors de ses robots domestiques (nerd), des comportements qui semblent irréels (la maternité de Yo-Landi, la tolérance de Ninja envers Deon)… Et pour autant, je n'arrive pas à détester, il me séduit par son côté décalé, par l'univers sombre que sert de toile de fond, par son côté
Wall-E.
1. Chappie et Deon. 2. Ninja, Amerika et Chapie