JDR GRANDEUR NATURE

(Photo/Viot-Gamma)

C'est dans la fin des années 1970 qu'apparaît le jeu de rôle grandeur nature. Il s'inspire tout d'abord des Murder Party, très en vogue dans le monde anglo-saxon, où il s'agit de mener une enquête en extérieur, une sorte de "chasse au trésor", afin de retrouver un mystérieux assassin. Les participants sont lâchés en extérieur par groupes ou par couples et doivent souvent récupérer des objets ou des indices placés à des endroits spécifiques par le "maître de jeu".

Très vite, la mode de la Fantasy qui explose dans la décennie suivante va voir l'apparition de tout l'univers Fantasy et Médiéval-Fantastique dans le JDR Grandeur Nature.
Il ne s'agit plus d'une enquête ou d'une simple chasse au trésor : il faut maintenant adapter tout un univers "pour de vrai". On arrive donc à une activité mêlant théâtre et reconstitution historique (Ou celle de l'univers concerné), principalement au travers des costumes et objets quotidiens. Il  faut élaborer un scénario solide, trouver l'endroit adéquat (Location possible), des costumes, objets...
Le manque de moyens peut contraindre à une partie en huis-clos autour d'un plateau et où les joueurs se contentent d'être costumés, souvent pour des parties supposées se dérouler dans un vieux manoir ou une atmosphère victorienne et plus tournées vers la réflexion que l'action. On peut même penser à une partie de CLUEDO, où chacun endosse la tenue et le rôle d'un des personnages.

Mais certaines parties sont de véritables pièces de théâtre, en extérieur ou dans un lieu loué pour l'occasion et où chaque joueur interprète son personnage, son rôle : voleur, guerrier, magicien... si l'on reste dans l'univers fantastique. Il ne s'agit pas ici d'une reconstitution historique, souvent destinée à être présentée à un public, mais bel et bien d'une partie de jeu de rôle entre passionnés, comme Donjons et Dragons ou L'Oeil noir.

Ce qui passe encore (Malheureusement...) pour une lubie d'originaux sous nos lattitudes est pris très au sérieux et depuis longtemps dans les pays scandinaves et anglo-saxons. Là-bas, l'union faisant la force, les passionnés se regroupent pour des conventions, voire sous formes d'associations afin d'avoir les moyens, financiers, logistiques, matériels, de donner libre cours à leur passion. Beaucoup d'étudiants parmi eux, encouragés par des universités qui y voient une véritable expression théâtrale d'un côté, une formidable émulation artistique et intellectuelle de l'autre (Confection des costumes, écriture du scénario...). Beaucoup, éprouvant des difficultés à parler en public, timides ou réservés, trouvent dans ces parties un moyen de s'exprimer et de vaincre leurs inhibitions. Au delà du ludique, il y a bien une dimension sociale dans le grandeur nature.

Evidemment, la question financière impose des restrictions, il ne faut pas imaginer des parties avec des effets spéciaux ou pyrotechniques dignes d'un film. Mais cela ne laisse que plus de place à l'imagination et à l'improvisation. Il existe également des "trucs" : croiser les bras sur la poitrine et rester immobile peut signifier que l'on a eu recours à un sort d'invisibilité pour échapper à un adversaire, du jus de myrtille ou de la peinture peut représenter le sang d'une blessure...
Ne pas oublier également le cadre juridique : les participants préviennent les autorités (Souvent la partie se déroule avec l'accord de ces dernières) de leur présence en tels ou tels lieux, réservent l'endroit à l'avance, s'engagent à le restituer dans l'état trouvé... Toute une organisation qui, cette fois, ne laisse guère de place à l'improvisation.
A noter enfin : beaucoup de femmes dans ces parties (Globalement 40% des participants).

Vous l'aurez compris, avec ce sujet, le Pavillon des Joueurs vous invite à quitter nos salons pour vous adonner à vos jeux préférés en extérieur. Et à vraiment jouer votre rôle...

T'as déjà essayé ? Moi jamais...

Alors... J'ai honte... Mais bon, personne ne nous écoute...
J'ai essayé avec un groupe de potes, une fois. C'était dans la cambrousse, un coin paumé où il y avait un vieux bâtiment en ruines plein de gravats... C'était pas vraiment une partie, plus un délire, on voulait fêter le fait d'avoir eu notre BAC... On s'était fait des "costumes" pourris avec les moyens du bord et des épées de merde en plastique, d'autres avaient quand-même loué des costumes (Histoire de faire un effort...)
On s'est donné rendez-vous là-bas à la nuit tombée et putain, mais qu'est-ce que c'était nul ! On avait un radio-cassette avec une musique "épique" pour l'ambiance et quelques bières aussi (Pas du tout historiques...) Très vite, on s'est pelé les couilles plus qu'autre chose... Et bien sûr, on est tombés sur des flics... Je pense que c'est le voisinage qui avait dû apeller, faut dire qu'on s'était fait des torches (Allumées au briquet, on fumait tous à cette époque)... Ils ont hésité un bon moment entre nous prendre pour des dingues ou se pisser dessus de rire tellement on avait l'air cons... Au final, ils nous ont demandé de partir en rigolant, on a eu du bol qu'ils soient aussi cool. Et bien sûr, on a pas retrouvé les bagnoles tout de suite, on a tourné dans le noir pendant une bonne demi-heure... Pathétique...
Si je te présente un jour mon ami d'enfance et que tu veux le faire éclater de rire à coup sûr, évoque cette anecdote devant lui, effet garanti.

lol, ça de l'aventure la vraie !

Quand j'y pense... Mais bon, on était jeunes, on était cons. Les flics étaient stupéfaits, on était là avec nos "armures" et "robes de magicien", nos torches à la main, nos épées en plastique de panoplie au côté, censés explorer une forteresse en ruines en pleine nuit... Et on était plus pintés qu'autre chose... On a vraiment eu du bol qu'ils soient aussi cool, on leur a expliqué un bon moment ce qu'on faisait et ils ont vu qu'on n'était pas méchants... C'était la fin des 80's, je me demande si aujourd'hui, ça se serait passé aussi bien...

Voyageur Solitaire a écrit:

C'était la fin des 80's, je me demande si aujourd'hui, ça se serait passé aussi bien...

Quelques années plus tard, tu tombais dans la période cimetière de Carpentras et Mireille Dumas… La garde-à-vue assurée

Aujourd'hui ça ne passerait plus, garde à vue et tout le bataclan, avec dépôt de plainte à coup sur, triste époque...

En ce qui me concerne j'en ai fait une avec des potes, un soir d'été, c'était il y a 15 ans de mémoire. Mais c'était du grand délire, rien d'officiel ni de sérieux. On était grimé en chevalier, ou guerrier, avec des tenues ridicules. On s'était donné rendez vous dans une cabane abandonnée dans une forêt, on s'imaginait voir sortir des ombres de la forêt des créatures maléfiques et on criait comme des malades. Résultats extinction de voix le lendemain pour les uns et rhume pour d'autres, car la nuit était plutôt froide et humide. Bref du grand n'importe quoi... Bon certes on a fait deux équipes, deux clans, on devait se poursuivre, mais dans la nuit noire c'était difficile. Pour le fun c'était un bon souvenir, on était jeune, pour le reste...

J'ai pourtant fait pas mal de fêtes médiévales, mais des JDR grandeur nature vraiment sérieux jamais, mais j'aimerai bien.

Encore une fois, on reste sidéré par le décalage de mentalité entre nos contrées et le monde anglo-saxon et les pays scandinaves. Au cours de mes recherches, je suis tombé sur des trucs de fous avec de véritables associations de passionnés, qui louent des endroits ou des lieux précis et apportent aux costumes, aux objets et accessoires un soin incroyable. Et surtout, ils sont à fond dedans, il n'est pas rare qu'ils préparent leur partie toute une année pour deux ou trois jours de jeu seulement. Je ne parle pas de reconstitution historique, mais bel et bien de jeux de rôles avec un scénario élaboré et des joueurs qui incarnent leur personnage et vivent vraiment une aventure. Et il n'y a pas que la Fantasy, la SF et le Victorien Steampunk ou l'ambiance "enquête Lovecraftienne" sont très présents aussi.

Oui en Angleterre il y a pas mal de petits clubs qui se refont des scènes a la "Sherlock Holmes" en costumes d’époques.

Est-ce que le fait de fabriquer des arcs, des épées et revêtir des armures à partir de vieux cartons, c'est aussi du JDR Grandeur Nature ? Parce que c'est ce que je faisais avec la petite bande de copains que nous étions, lorsque je passais le premier mois des vacances d'été dans le village de mes grands-parents, entre 11 et 13 ans...

Comme Warlock : pas de règles, pas de meneurs de jeu. On se faisait deux groupes et on organisait des batailles improvisées, des courses au trésor, dans le petit bois jouxtant le village. En plus, il y avait juste à côté un vieux cimetière abandonné et je vous laisse imaginer tous les délires que l'on pouvait se taper.

Le ruisseau devenait la "rivière sans retour" et notre bois était la "forêt maudite".

Quelques années plus tard, en me baladant sur les lieux de nos aventures, je me suis rendu compte que le ruisseau était relié aux égoûts du village et que le bois était bien plus petit en réalité.

Il ne faudrait jamais grandir... ça ôte toute illusion...  

Oui dans ces pays la c'est culturel, tout ce qui touche au surnaturel, fantastique, fantasy, science fiction plait beaucoup. Et c'est normal pour eux d'avoir des conventions, des associations qui organisent ce genre d'évènement.

Chez nous c'est mal vu ou dénigré, ou pour des jeunes en mal de sensations fortes, encore l'exception culturelle à la française...

Déjà à l'époque, quand tu lisais des Livres Dont Vous Etes le Héros, c'était suspect, alors un JDR Grandeur Nature...

Voyageur Solitaire a écrit:

Déjà à l'époque, quand tu lisais des Livres Dont Vous Etes le Héros, c'était suspect, alors un JDR Grandeur Nature...

Ouais t'etais vu comme un "geek".

Voyageur Solitaire a écrit:

Déjà à l'époque, quand tu lisais des Livres Dont Vous Etes le Héros, c'était suspect, alors un JDR Grandeur Nature...

Il aurait déjà fallu pouvoir se regrouper. Entre amateurs. Mais évidemment à cette époque, internet n'existait pas encore... il y avait bien le minitel, mais bon...

Pour regrouper tous les "gamers" isolés que nous étions, il aurait fallu une revue ou un magazine spécialement consacré à ce genre de livres-jeux. Mais c'est vrai qu'on avait rien comme support.
Et pourtant, je fus étonné à quel point on était assez nombreux en fait en découvrant le nombre des membres de la Taverne.

Ces années là ont été les grandes années de la Fantasy, du Jeu de Rôle, de la SF... assorties d'une créativité et d'une imagination bouillonnantes (Même s'il y a eu pas mal de daubes quand-même...)
C'est sûr que si Internet avait existé à l'époque, ça aurait été assez fou.

Ce vieux lavoir au bas de notre village devenait le point de départ de nos nombreuses aventures.

Un temple romain ou les restes d'une civilisation mystérieuse, car à cette époque, le sol était encore en terre battue et mangé par les herbes folles.

Notre imagination était sans limites. Et cela nous entraînait dans des délires que même aucun rôliste n'aurait pu concevoir.

A côté courait le ruisseau qui devenait cette rivière qui nous menait jusqu'au bout de nos rêves. Quand nous le franchissions, chaussés de nos bottes, nous faisions toujours mine de veiller à ce qu'aucune créature aquatique ne vienne nous surprendre par derrière. On s'y déplaçait en file indienne, un archer en tête et un magicien fermait la marche. A cette époque, curieusement, je prenais souvent ce rôle.

Et derrière commençait ce bois qui fournissait la trame de toutes nos aventures.

Aventures ou jeux d'enfants, direz-vous... oui et non, en fait. Parce que, dans notre esprit, même si on appliquait pas les règles strictes d'un JDR, je pense que le ton était le même. On incarnait tous un rôle et on se prenait vraiment à nos aventures.

Les codes étaient ceux de l'héroic fantasy, genre pour lequel nous étions tous fans.

A l'époque les ldvelhs étaient à la mode, c'était comme la dit VS la grande époque de la fantasy. A l'école primaire on était nombreux à en parler, c'était même le sujet de prédilection avec le foot. J'ai connu et vécu ça de 86 à 90, on en faisait même pendant les récrés, on en parlait abondement, donc c'était (du moins de mon coté) chose normale de parler de ldvelhs. Je me souviens même qu'en cm1 une fois l'institutrice à la fin de la journée pendant une vingtaine de minutes nous à lu un ldvelh ludique (le retour d'Errare) et c'était nous en levant la main à la majorité qui devions choisir le chemin.

J'ai vécu ça avec plaisir et enthousiasme, donc de mon coté c'était normal de parler des ldvelhs à l'époque. Je ne sais pas si j'étais privilégié, mais c'était génial.

Gorak a écrit:

Voyageur Solitaire a écrit:

Déjà à l'époque, quand tu lisais des Livres Dont Vous Etes le Héros, c'était suspect, alors un JDR Grandeur Nature...

Il aurait déjà fallu pouvoir se regrouper. Entre amateurs. Mais évidemment à cette époque, internet n'existait pas encore... il y avait bien le minitel, mais bon...

Pour regrouper tous les "gamers" isolés que nous étions, il aurait fallu une revue ou un magazine spécialement consacré à ce genre de livres-jeux. Mais c'est vrai qu'on avait rien comme support.
Et pourtant, je fus étonné à quel point on était assez nombreux en fait en découvrant le nombre des membres de la Taverne.

A l'époque, dans la cour de récré, on étaient quand même pas mal à lire des LDVELH mais bien moins à lire des revues spécialisées comme Casus Belli et autres...

On se prêtaient même les livres (pas moi car j'étais un maniaque)

Moi avec mes copains on se faisait des "explorations" plutôt que des JDR grandeur nature, car pas loin de chez mes parents il y avait une vieille bâtisse genre 18e siècle qui était inoccupée suite au décès des proprios (de vieillesse, rien de macabre) et cette maison était un véritable lieu de fantasme à cause de son style et du fait que pour y accéder fallait aussi affronter une véritable foret amazonienne faite d'herbes folles et de ronces (ouille !) !

A chaque fois j'avais l'impression de rentrer dans le manoir de l'enfer mais sans les occupants horrifiques.

Elle ressemblait à ça (en plus décrépi et moins classe, avec un étage en moins et moins large aussi) :

Albatur a écrit:

Moi avec mes copains on se faisait des "explorations" plutôt que des JDR grandeur nature,

Voilà. C'étaiit à peu près la même chose que l'on faisait tous les étés. Mais, nous, c'était un vieux cimetière abandonné qui devenait alors l'aboutissement final de toutes nos explorations. On essayait de soulever les pierres tombales pour voir si on pouvait trouver quelques trésors. On s'amusait aussi à le parcourir la nuit tombée armés de nos épées et de nos arcs pour se défendre contre d'éventuels zombies.

C'était le temps où l'on construisait des cabanes. Mais je pense que vous l'avez tous fait. Chez nous, elles prenaient vite l'allure d'un campement barbare... il y avait la hutte du chef, celle du guérisseur, du forgeron, etc.

Mine de rien, on avait peut-être pas de X Box mais on s'amusait bien quand même. Franchement, je ne regrette pas mon enfance.

Ah ça des explorations j'en fait toujours (si je peux) à partir du moment ou je suis en pleine nature ou à la campagne avec des amis. Ce n'est pas parce que on est adulte qu'il faut oublier ça, la découverte, l'aventure et les explorations. Les gens hélas l'oublient trop souvent une fois adulte, oubliant leur âme d'aventurier et d'enfant.

Voyageur Solitaire a écrit:

Encore une fois, on reste sidéré par le décalage de mentalité entre nos contrées et le monde anglo-saxon et les pays scandinaves. Au cours de mes recherches, je suis tombé sur des trucs de fous avec de véritables associations de passionnés, qui louent des endroits ou des lieux précis et apportent aux costumes, aux objets et accessoires un soin incroyable.

Il y en a aussi en France. Voir notamment des articles de JdR Mag'. Il y en a en particulier un sur une équipe de costumière, qui devrait plaire à miss B.

Oui mais on a quand même l'impression qu'en France le JDR grandeur nature est encore mal vu et peu connu. (comme l'était les jeux vidéo dans les années 80)

@Warlock : moi aussi chez mes parents en me promenant j'ai repèré un sentier minuscule, coincé entre deux maisons, tout moisi, rempli par les herbes folles et je n'avais qu'une envie : aller voir il ou mène. J'y suis allé (mes chaussures ne m'ont pas dit merci vu la gadoue par endroit) et au bout ça menait à un pan de forêt, prés d'un ancien moulin

Ca j'adore, on marche, on se balade et on fini par trouver un petit sentier, perdu et isolé. Un sentier qui mène vers une nouvelle découverte, un lieu abandonné en pleine nature. C'est l'aventure et l'exploration même, pas besoin d'aller au bout du monde pour ça.

Dès que je me retrouve comme ça à la campagne, ou loin d'urbanisation à outrance, j'aime explorer les lieux autour de moi. On y découvre souvent des endroits insolites, c'est toujours enivrant et excitant ces explorations.

C'est ce que je fais aussi quand je voyage dans une ville que je ne connais pas encore. J'aime me laisser surprendre par ce que je vais trouver au coin de la rue. Ca peut être aussi bien un lieu qu'une rencontre.
Je me nourris beaucoup d'inconnus quand je suis en voyage.

Tiens, je remets le lien de l'association Clepsydre dont s'occupent mes amis rôlistes, une association qui fait des GN depuis ... 25 ans !

http://www.clepsydre.org/

Des passionnés qui font ça sérieusement. Beaucoup de GN sont ouverts aux enfants.
Si un jour, vous souhaitez y participer (et ce serait sympa tous ensemble) je crois qu'il faut réserver.
En effet, je les vois parler d'un GN plusieurs mois en avance, il y a un gros boulot en amont.