LES CHAMBRES DE RAPHAEL

"Le stanze di Raphaele" sont les appartements privés du pape Nicolas V au Vatican, mais c'est Jules II (qui a déjà été le prodigieux mécène de Michel Ange avec les peintures de la Sixtine) qui charge le jeune Raphaël de les décorer de ses peintures.

4 pièces, situées au deuxième étage du palais pontifical :
1.Salle de la Signature (1508-1511)
2.Salle d'Heliodore (1512-1514)
3.Salle de l'Incendie du Borgo (1514-1517)
4.Salle de Constantin (1517-1524)

Si les quatre se visitent, c'est surtout celle de la Signature qui attire les foules : c'est là que Raphaël a peint ses deux fresques les plus célèbres, La dispute du Saint-Sacrement et L'école d'Athènes, deux oeuvres magistrales se faisant face et symbolisant la confrontation de la Foi et de la Raison.



C'est la plus célèbre des deux. Réalisée de 1509 à 1512, ses dimensions sont respectables : 7,70 m X 5 m. Elle symbolise donc le triomphe de la Raison (en opposition à La dispute du Saint-Sacrement qui symbolise elle le triomphe de la Théologie et de la Foi). Pour cette raison, Raphaël y a représenté les plus grands noms de la pensée et de la philosophie antique, souvent sous les traits d'artistes de son époque : ainsi, Léonard de Vinci incarne Platon, Michel Ange est Héraclite et Raphaël lui-même est Apelle. Pour l'anecdote, le peintre a signé son oeuvre dans le cou d'Apelle.

Tatie Wikie nous aide à nous y retrouver :


Détail des personnages : 1 : Zénon de Cition ou Zénon d'Élée – 2 : Épicure – 3 : Frédéric II de Mantoue – 4 : Boèce ou Anaximandre ou Empédocle de Milet – 5 : Averroès – 6 : Pythagore – 7 : Alcibiade ou Alexandre le Grand – 8 : Antisthène ou Xénophon – 9 : Hypatie ou Francesco Maria Ier della Rovere – 10 : Eschine ou Xénophon – 11 : Parménide – 12 : Socrate – 13 : Héraclite (sous les traits de Michel-Ange) – 14 : Platon tenant le Timée (sous les traits de Léonard de Vinci, selon la plupart des sources) – 15 : Aristote tenant l’Éthique (sous les traits de Léonard de Vinci, selon Daniel Arasse) – 16 : Diogène de Sinope – 17 : Plotin – 18 : Euclide ou Archimède entouré d'étudiants (sous les traits de Bramante) – 19 : Strabon ou Zoroastre – 20 : Ptolémée – R : Raphaël en Apelle – 21 : Le Sodoma Quentin Augustine (Le Protogène)



Le terme "dispute" doit être pris ici dans le sens de "discussion". La configuration en voûte n'est en rien dûe au hasard : elle permet de faire de l'autel le centre de la composition et de diviser cette dernière en deux rangs, le rang terrestre et le rang céleste.
Le premier représente de nombreux saints, de grands théologiens chrétiens, des papes mais aussi des artistes comme le peintre Fra Angelico, l'auteur Dante ou l'architecte Bramante.
Le rang supérieur présente les plus grandes figures du christianisme, saints, prophètes, évangélistes, le roi David, des versions symboliques des deux Testaments, parfaitement ordonnés autour du Christ central, entouré de sa mère la Vierge et de Saint-Jean Baptiste.

Jules II, pape atypique entre tous, a voulu ces deux fresques pour symboliser son pouvoir temporel aussi bien que spirituel. Fabuleux mécène, il y a également fait paraître les plus grands artistes de son temps. Quant à Raphaël, rapellons qu'il a exécuté ces merveilles à 30 ans à peine et qu'il est mort très jeune, à 37 ans. On n'en est que plus stupéfait devant le nombre incroyable de tableaux, fresques et peintures réalisées en si peu de temps. Enterré au Panthéon de Rome, il eût droit à des funérailles de souverain. Vasari lui rendra le plus beau des hommages :
"Quand Raphaël mourut, la peinture disparût avec lui. Quand il ferma les yeux, elle devînt aveugle."