PIF GADGET

Certes, c'est plus un magazine qu'autre chose. Mais il a quand-même sa place ici, dans le sens où il a promu, publié et développé pas mal de BD devenues cultes.

C'est en 1969 qu'apparaît cet hebdomadaire, associé au personnage de Pif le chien (Qui lui a vu le jour en 1950), création du dessinateur José Cabrero Arnal, surnommé Paparnal.
Le magazine associe de nombreuses BD, comiques ou/et réalistes et chaque semaine, un "gadget". Passons sur les fameux gadgets, même si les pois sauteurs du Mexique sont entrés dans la légende. De même que "la main de Pif", autocollant jaune apparu en 1978, destiné à être collé à l'arrière de la voiture familiale et qui inspirera le sigle de "Touche pas à mon pote" des années plus tard. Et saluons surtout l'inventivité de la rédaction : un gadget par semaine pendant... 35 ans !
Mais revenons à la BD. Car là, c'est du lourd ! Chaque semaine, 80 pages d'aventure en noir et blanc ou en couleurs, avec de grands noms : Rahan, Corto Maltese, Docteur Justice, Davy Crocket, Robin des bois... Aux côtés de séries plus "enfantines" comme Placid et Muzo, Pifou, Gai-Luron, Corinne et Jeannot...  C'est dans les années 1970/80 que Pif Gadget devient un phénomène et le passage obligé de tout auteur de BD voulant faire connaître son oeuvre. Le magazine est alors un formidable outil de diffusion, de promotion pour la BD, dans tous les styles ou presque. Certains numéros sont diffusés à plus d'un million d'exemplaires (Un record en Europe pour l'époque), de très nombreux prix viennent couronner certains auteurs ayant "débuté" en faisant paraître leur travail dans le magazine.

Un mélange étonnant, détonnant, de divertissement et d'évasion, de jeu et de découverte. Même les fameux gadgets, derrière leur côté "enfantins" ou marrants, étaient souvent prétexte à expliquer des phénomènes naturels, basés sur des principes physiques élémentaires : les aimants, le magnétisme, l'eau, l'acoustique... Il y avait toujours une fiche d'explication qui reliait le gadget à un certain enseignement.
Un hebdomadaire atypique et incontournable de toute une période, créative, ludique et bouillonnante...
(On pourra inclure dans ce sujet toute la petite famille de Pif : Placid et Muzo, Pifou (Glop, glop !) et Brutos, Hercule, Gai-Luron le chien chic et dragueur...)

Un magazine sympathique et divertissant. Je dois en avoir encore 3 ou 4 que j'avais acheté petit. Et effectivement c'est très diversifié, des nombreuses aventures et histoires, des jeux ludiques et d'une richesse assez incroyable. J'aime beaucoup ce magazine, c'est original et on passe de bons moments en le lisant. A chaque magazine gamin on apprenait et découvrait de nouvelle chose, ça dépassait largement le cadre du simple magazine pour enfant.

En lisant les Rahan, j'ai voulu découvrir en quoi Pif Gadget avait été mythique pour certains. Je n'en n'avais acheté qu'une poignée.
J'ai lu sur la toile il y a quelques mois l'histoire du journal, assez compliquée d'ailleurs. Sa descente aux enfers après des tirages faramineux, la brutale dégringolade des ventes, les tentatives de reprise, puis le néant. Je ne me souviens plus du site que j'avais consulté mais c'était bien plus documenté que la page wikipedia du sujet. On y trouvait les coulisses du journal, les erreurs, les stratégies, etc...

De mémoire, la chute était multifactorielle : problème de rythme (les auteurs ne pouvaient pas suivre, donc rééditions d'anciens épisodes, du réchauffé), problème de mode (Pif aurait loupé le virage informatique des 80's, il n'aurait pas assez évolué), problème d'actionnariat et de dirigeants : on a parachuté à la tête du journal un responsable qui n'avait jamais travaillé dans la presse. C'était plus compliqué mais voici ce dont je me souviens en partie...

Sinon Pif est ressorti en 2004 pour s'éteindre en 2008. Et les propriétaires de la marque ont annoncé en 2014 qu'ils souhaitaient la relancer.

J'étais abonné à ce magazine.

Voyageur Solitaire a écrit:

Mais revenons à la BD. Car là, c'est du lourd ! Chaque semaine, 80 pages d'aventure en noir et blanc ou en couleurs, avec de grands noms : Rahan, Corto Maltese, Docteur Justice, Davy Crocket, Robin des bois...

Comme tu l'as dit, c'était du lourd. Surtout mon préféré : Doc Justice.



Mélange de Bob Morane et de Mac Gyver, sur fond d'aventure et de karaté. J'aimais beaucoup cette BD.

Pif gadget a quand même été un des grands apports du communisme à la culture française. Respect !

(Oui, c'était subtil autant on peut flairer le côté catho d'Astrapi à 100 lieues, autant la côté coco de Pif, faut vraiment le lire entre les lignes, genre la page où on peut écrire et envoyer une photo pour se trouver un correspondant partout dans le monde.)

cdang a écrit:

(Oui, c'était subtil autant on peut fléirer le côté catho d'Astrapi à 100 lieues, autant la côté coco de Pif, faut vraiment le lire entre les lignes, genre la page où on peut écrire et envoyer une photo pour se trouver un correspondant partout dans le monde.)

Beaucoup de publications pour la jeunesse furent à l'origine initiées par des mouvements catholiques ou communistes. Tintin, par exemple, a démarré dans un journal catho. De même qu'Astérix a commencé à distribuer des torgnoles aux Romains dans un magazine plutôt proche de la gauche. On peut trouver de pareils exemples à l'infini.

Ce qui est somme toute normal. Les cathos et les cocos cherchaient à toucher un public jeune et populaire.

Mais sans faire de prosélytisme. Et puis, de toute façon, il y a des valeurs catholiques et des valeurs communistes qui sont très nobles, je trouve. Et qui sont proches : charité, partage, fraternité, solidarité et camaraderie.

^^ Je me souviens surtout de la série télé...quand j'étais gamin avant de partir pour une dure journée sur les bancs de l'école...

Enfin, pour ma part j'ai toujours préféré le chat Hercule (c'est toujours le cas puisque j'aime bien les chats mais je déteste les chiens)...j'en ai eu quelques numéros, mais j'ai jamais vraiment accroché, je préférais de très loin lire un bon picsou mag ou aut'...

Pareil, j'adore les chats. J'aime les chiens aussi, mais c'est pas pareil.
Pour ce qui est de Pif Gadget, à l'époque j'étais plus tourné vers les histoires de Pif et Hercule, Placid et Muzo et les autres que les aventures plus "sérieuses" de Rahan et Docteur Justice. Les fameux gadgets ne m'intéressaient guère, à deux/trois exceptions près. C'est à partir de 1985 que le magazine s'essoufle, les ventes baissent soudainement et début 1986, il n'y aura plus de gadget pendant quelques semaines. On voit réapparaître des BD déjà proposées de même pour certains gadgets, on fait appel à des valeurs sûres de la BD, déjà connues et appréciées, pour maintenir le navire à flots... Pif Gadget tient toujours la route, mais n'est plus novateur.

Pif le chien est donc né en 1948 très exactement, sous la plume de José Arnal qui travaillait alors pour le journal L'Humanité. Il est devenu par la suite le héros principal et la mascotte de Vaillant, puis de son successeur Pif Gadget.
A cette époque, Arnal est malade et très fatigué (Il a été déporté pendant la guerre) et laisse progressivement son héros à d'autres illustrateurs.

Hercule le chat apparaît lui en 1950 et vient compléter les aventures de notre chien. Pansement sur le museau (Sans que l'on sache pourquoi), sourire roublard aux lèvres, il est d'abord l'antagoniste de Pif, puis les deux se rapprochent et finiront par devenir complices, nouant une amitié sincère, bien qu'orageuse. Hercule finira par avoir ses propres aventures.
Malicieux, Arnal offre un petit compagnon à chacun de ses deux héros et contre toute attente, un chat pour Pif et un chien pour Hercule... Il sera présent lui-même dans une aventure où il vient rendre visite à ses deux fistons qui se précipitent dans ses bras en l'apellant Paparnal, surnom affectueux que l'artiste se voyait attribué par ses amis.


Nos deux compères se retrouvent également en poche, de petit format et sur fond rouge, suivant un thème ou une destination différente à chaque parution. Leurs grands rivaux de l'époque sont Placid et Muzo, qui eux sont en fond bleu.

Voyageur Solitaire a écrit:

Nos deux compères se retrouvent également en poche, de petit format et sur fond rouge, suivant un thème ou une destination différente à chaque parution. Leurs grands rivaux de l'époque sont Placid et Muzo, qui eux sont en fond bleu.

Moi, ça me rappelle les vacances, ça. C'est à ce moment-là que j'en lisais le plus. Avec les Mickey Parade et autre Picsou Magazine...

Toi aussi ?

D'ailleurs, j'en ai encore un bon paquet rangés dans mes cartons à la cave. Tu vas sûrement penser que c'est un "crime", mais bon, je peux tout caser chez moi où sinon je croulerais sous les vieux bouquins...

Complémentaires de la petite famille de Pif, voici donc Placid, l'ours (Hé non, c'est pas Mickey...) et Muzo, le renard.
Animaux anthropomorphiques eux aussi, ils naissent sous la plume d'Arnal en 1946. Paraissant d'abord dans Pif-Gadget, ils ont droit eux aussi, devant leur succès, à une édition poche mensuelle en petit format à fond bleu :


Comme pour Pif et Hercule, il y avait une thématique chaque mois, profession, lieu géographique précis... plus des jeux et des blagues.
Placid porte bien son nom, il est plutôt tranquille, bonhomme et posé, tendance paresseux et gourmand. Muzo est plus fin, plus adulte et autoritaire, semblant exercer une certaine autorité sur son compagnon.
Arnal n'hésite pas non plus à se faire apparaître dans leurs aventures, dessiné ou de plus loin, par une lettre de lui que recoivent les deux complices.
Au fil du temps, comme pour Pif et Hercule, le style évoluera, nos compères arboreront des vêtements modernes, polo, jeans et baskets et évolueront dans des décors moins simplistes et plus en phase avec leur époque. On les verra également partager quelques cases avec les autres à l'occasion d'un numéro spécial de Pif-Gadget, comme celui du Nouvel An où on les voit attablés avec Pif, Hercule, Pifou, Brutos et les autres autour de la table du réveillon et se souhaitant bonne année.

Il y a avait aussi Dicentim le Franc. (j’aimais bien ce petit héros)

J'accrochais pas vraiment avec ce personnage, je le trouvais assez... insupportable, pour être franc (Sans jeu de mots !)
Il y avait aussi Arthur le fantôme et surtout Horace le cheval de l'ouest que j'aimais beaucoup.
A suivre...

J'aimais bien aussi Arthur le fantôme.

Il n'est autre que le fils de Pif (Hé oui...) et l'on ignore qui est sa mère, chose étonnante dans la BD jeunesse "convenable" de ces années. Il apparaît en 1958 et a la particularité de s'exprimer par onomatopées, Glop ! ou Pas glop !, ce qui correspond à sa nature de chiot.
D'abord présent dans la petite famille, il s'en échappe pour emménager avec Brutos, un chien paternaliste et ombrageux avec lequel il entre souvent en conflit. Pifou aura également sa parution en poche. A noter qu'il n'est pas la création d'Arnal comme Pif, mais de Roger Mas, mort en 2010.



Ce sympathique revenant écossais, né dans un château au Moyen Age et voyageant dans le temps pour punir les méchants, fait son apparition en 1953, sous le crayon de Jean Cézard (Mort en 1977). Pif-Gadget continuera à publier ses aventures, le héros ayant été repris par le dessinateur Mircea Arapu, fan de l'oeuvre de Cézard, jusqu'en 1988.
Un dessin bien plus détaillé et "réaliste" que la ligne claire de Pif et les autres et des aventures un tantinet plus adultes également.



Un de mes préférés... Beaucoup plus adulte, ce qui n'a rien d'étonnant sous la plume de Marcel Gotlib. Chien apathique et posé, tendance légèrement dépressive, Gai-Luron est largement inspiré du Droopy de Tex Avery. Vite affublé d'une amie, Belle-Lurette, notre toutou n'apparaîtra qu'épisodiquement dans Pif-Gadget : il est vrai que le personnage était assez détonnant, sorte de dragueur légèrement macho, un peu "homme à femmes", paresseux et un tantinet mondain, désabusé et parfois cynique. Il est souvent accompagné d'une petite souris qui apparaît ici et là en fin de page pour un commentaire ou un jeu de mots, souvent à l'attention du lecteur.
Gai-Luron aura rapidement sa série, en 11 albums cartonnés avec des titres comme "Gai-Luron drague comme une bête"... Sans oublier un passage nettement plus corsé dans Fluide Glacial sous le titre "Gai-Luron en slip" et représenté avec une énorme grosseur sous son slip, au grand émoi de Belle-Lurette...

J'aimais bien Arthur mais beaucoup moins Pifou et Gai-luron.

Pifou m'a longtemps gavé avec ses Glop, Glop... A l'époque, j'avais pas compris que c'était un chiot et que c'est pour ça qu'il s'exprimait ainsi.
Gai-Luron, c'est du Gotlib... Moi-même, je l'ai apprécié plus tard. Mais c'est quand-même assez dingue de voir cohabiter des personnages et des niveaux de lecture si différents dans un seul magazine. Il y avait vraiment de tout dans ces pages, du plus basique au plus adulte.

Puisque je vois que l'on est pas mal nombreux ici à avoir été des lecteurs assidus de ce magazine, cela vous dirait de fabriquer un forum spécialement sur l'univers "Pif-Gadget" et prolonger, à notre manière, sa mémoire ?

Perso, j'ai déjà assez d'un forum à gérer et à faire tourner...

Il y a déjà de très bons sites sur ce sujet.

RÉSURRECTION !

« Pif Gadget » ressort pour l’été, Le Monde (16/05/2015)

Caroline Constant, « Pif, c’est un état d’esprit et des valeurs » (entretien avec le rédac' chef Olivier Chartrain), L'Humanité (24/06/2015)


Je l'ai acheté. Maxi Pif (192 p.), sans gadget, avec Rahan,  Rocketeer. Pas encore lu, mais mon fils (8 ans) n'en décolle pas !

Je vais l'acheter

Pas bête de le sortir en grand numéro spécial pour l'été. Pour ceux qui ont suivi son parcours anarchique, c'est un vrai casse-tête.
A mon avis ils ont raison de tenter de le sortir en gros numéros ponctuels : les nostalgiques seront + enclins à se l'acheter. La parution hebdo c'est ingérable maintenant, pour plusieurs raisons.
Par ailleurs, ce format permet davantage des récits complets (les récits "à suivre" ne correspondent plus du tout au marché depuis plusieurs décennies).

VIC a écrit:

La parution hebdo c'est ingérable maintenant, pour plusieurs raisons.

C'est ingérable aussi parce que la jeunesse d'aujourd'hui n'a plus rien en commun avec celle d'hier. Aujourd'hui, dans l'ère numérique où tout est connecté, ce genre de publication n'a plus trop sa place. Surtout si elle n'est pas liée avec un site internet. C'est aussi pour cela que "Pif" dans sa formule classique a fini par disparaître.

Mais de temps en temps, la parution d'un numéro "spécial" offrant jeux et BD me semble une bonne solution. Même si je crains, qu'à part quelques nostalgiques, il n'y ait pas beaucoup d'acheteurs : les nouvelles générations, c'est triste à dire, sont passées à autre chose...

Hebdo c'est dur, mais il existe des mensuels pour enfants qui marchent bien. Mise à part les licences (en particulier celles dégoulinantes de rose pour les filles genre Princesses ou Little Pony), il y a des trucs comme Abricot ou Astrapi (si, si, ça existe encore) qui tiennent la route.

(Par contre, ils ont sagement laissé tombé les gadgets, avec les mensuels sus-cités, le coffre à jouets dégueule de faux smartphones et appareils photo.)

J'ai pu lire ce Maxi pif, et on y retrouve bien l'esprit Pif. Bien sur on a ce coté jeux d'été à faire sur la plage et un apport enfantin, néanmoins certaines histoires sont sympathiques. Notamment celles de Rahan et de Rocketeer. La plus grosse histoire est celle de Pif et l'armoire magique, plutôt plaisante et divertissante et la meilleure histoire de l'album avec celle de Corto Maltese. Un maxi Pif plutôt réussi dans son ensemble, qui plaira beaucoup aux enfants.