L'hypnose
Loin, très loin des clichés véhiculés dans les films ou la littérature, qu'en est-il réellement de l'hypnose ? Et de ses applications dans le domaine médical ?
L'hypnose ("qui provoque le sommeil"), est un état psychologique particulier marqué par le fonctionnement de l'individu à un niveau d'attention autre que l'état de conscience habituel. Il peut, sous certaines conditions, donner l'apparence du sommeil ou du somnambulisme. Cet état est généralement provoqué chez une personne par l'action d'une autre personne. L'hypnose peut être produite de multiples façons (regard, gestes, mots, instruments...) et chaque personne a sa propre sensibilité au phénomène, sa propre résistance ou acceptation.
La médecine s'intéresse très tôt à l'hypnose mais les débuts sont difficiles, on parle d'occultisme, de spectacle... Là où certains entrevoient une possible thérapie, d'autres crient au charlatanisme. On confond parfois l'hypnose avec la méditation profonde ou la relaxation. Il faudra attendre un moment pour que l'hypnose soit défini comme un état de conscience particulier, léger ou profond.
Pour la psychanalyse, c'est le moyen d'accéder a l'inconscient du patient et de traiter des "forces" inconscientes auxquelles on n'a pas accès en temps normal. Il s'agit alors principalement de résoudre des troubles de la personnalité. Freud l'utilisait pour retrouver la trace ou l'origine de traumatismes enfouis pouvant être la cause de certains troubles.
En psychothérapie, l'hypnose est aujourd'hui utilisée pour résoudre des problèmes somatiques comme les angoisses, le tabagisme, le stress, les phobies, les allergies, des troubles comme une timidité excessive, voire même comme une aide au développement personnel, apprendre à être en confiance, dépasser ses peurs.
En médecine, l'hypnose commence à prendre une place importante dans le domaine de l'anesthésie. Il a été démontré, principalement par l'imagerie cérébrale, que l'état d'hypnose permet de modifier la perception des sensations chez le sujet et donc, la sensation de la douleur. C'est à la fin du XIXème siècle que l'on s'intéresse à cette particularité de l'hypnose, on parle alors de "sommeil magnétique". C'est en 1859 qu'a lieu la première intervention chirurgicale avec anesthésie pratiquée par hypnose.
Aujourd'hui, l'hypnose peut venir compléter ou renforcer l'action de l'anesthésie ou plus rarement s'y substituer. Les bénéfices pour le patient sont nombreux, angoisse moins forte, moins de substances injectées, récupération plus rapide et surtout, plus rarement, possibilité de parler avec le patient pendant l'intervention.
Encore une fois, tout dépend du patient, de ses antécédents, de sa plus ou moins grande perméabilité à l'hypnose, du savoir-faire de l'anesthésiste. L'hypnosédation, c'est son nom, ne se fait pas n'importe comment et avec n'importe qui.
Il existe aussi l'autohypnose, qui permet à celui qui la pratique, de s'hypnotiser lui-même. C'est ce qu'a pratiqué par exemple le docteur Milton Erikson, un psychiatre américain du XXème siècle, qui se serait ainsi guéri d'une paralysie résultant de la poliomyélite. Il s'agissait pour lui d'utiliser les ressources intérieures de la personne pour se guérir. "On ne soigne pas un symptôme ou une maladie mais une personne".
Enfin, un dernier mot sur tous ces clichés sur des personnes totalement "aux ordres" de leur hypnotiseur et faisant leurs quatre volontés. L'hypnose reste limitée à la perte de contrôle partielle du
conscient de l'individu. L'inconscient, et donc les réflexes naturels de sauvegarde, n'est jamais atteint par le phénomène. On ne peut ainsi normalement pas aller contre la volonté la plus profonde de quelqu'un, lui faire accomplir une action qui irait à l'encontre de sa personnalité la plus profonde. De plus, la personne doit accepter de se laisser hypnotiser, doit se laisser faire et se concentrer. Tout dépend également, encore une fois, de la volonté et de la perméabilité de la personne. Chez certaines, l'hypnose fonctionne alors qu'elle se révèle inefficace chez d'autres.
L'hypnose, dans son application thérapeutique, a longtemps souffert (et souffre encore) de l'imagerie populaire véhiculée par les spectacles d'hypnotiseurs, souvent truqués, à la mode dès la fin du XIXème siècle, moment où l'on commençait justement à s'intéresser au phénomène.