Je suis venu à ce film suite à nos échanges à moi et Donald sur le krav-maga et la boxe. Nous avions tout deux écrit que ces pratiques nous avaient, toutes proportions gardées, donné l'impression de nous sentir "vivants", de ressentir notre corps différemment, de renouer avec un corps en quelque sorte "anesthésié" par la vie moderne.
Et c'est bien cette problématique, ce concept, que propose
Fight Club, bien qu'ici poussé à l'extrême.
Le narrateur du film est un expert en assurances. Trentenaire, célibataire, désillusionné par la vie, il souffre d'insomnie chronique et cherche une façon de s'évader d'une existence monotone. Refusant de l'assister par médication, son médecin lui suggère de participer à des thérapies de groupe. Il rejoint donc un groupe de victimes du cancer et s'aperçoit que se faire passer pour une victime lui permet de se sentir mieux et de soigner son problème récurrent d'insomnie. Il y prend goût et décide d'intégrer d'autres groupes d'entraide.
C'est alors qu'il fait la connaissance de Tyler Durden. C'est un charismatique vendeur de savon qui lui laisse sa carte de visite. De retour chez lui, le narrateur découvre que son appartement a été détruit par une explosion. Il décide de téléphoner à Tyler et les deux hommes se rencontrent dans un bar. Leur discussion sur le consumérisme amène le narrateur à se faire inviter chez Tyler pour y passer la nuit. En sortant du bar, ce dernier lui propose de le frapper. D'abord hésitant, le narrateur se décide à lui donner un coup de poing. Il s'ensuit une bagarre entre eux qu'il trouve particulièrement vivifiante. Puis Tyler l'emmène dans la maison délabrée où il vit et où le narrateur prend rapidement ses quartiers. Les jours suivants, les deux hommes prennent l'habitude de se battre derrière le bar, ce qui finit par attirer l'attention de quelques clients qui demandent à participer. Tyler et le narrateur décident alors de former le Fight Club, un cercle exclusivement composé d'hommes, axé autour de combats ultra-violents se déroulant dans les sous-sols du bar.
Voici pour la trame principale de ce film de David Fincher, sorti en 1999 et adapté d'un roman.
Un film qui a connu l'échec aux USA et a été mieux accepté à l'étranger. Un film qui a surtout beaucoup dérangé par le concept qu'il pose : des personnages blasés, anesthésiés par la vie moderne, retrouvent la sensation d'exister, d'être vivant, par la souffrance, le combat, la violence. Certes, le concept est ici poussé à l'extrême, mais il n'en dérange pas moins et soulève les questions qui gênent : notre société est-elle devenue trop policée, trop correcte ? Avons-nous perdu notre instinct, endormis par le confort et le progrès ? La violence en est-elle venue à nous manquer ? Peut-on arriver à la réalisation de soi à travers la violence ?
Pour être franc, ce n'est pas le film que j'ai tant apprécié, mais bel et bien le dilemme qu'il pose. Dans ma pratique du krav-maga, le fait, dans des proportions raisonnables, de prendre des coups, d'en baver, de me battre, m'a beaucoup apporté, l'impression de ressentir à nouveau mon corps, mes forces, mes limites. Comprenons-nous bien : je ne fais ici nullement l'apologie de la violence et je ne suis pas non plus maso. C'est là d'ailleurs le danger du film qui, pour des esprits fragiles ou influençables, pourrait passer pour un modèle ou une incitation. Et c'est bien pour ça qu'il reste controversé, film culte pour certains et décrié par d'autres. Mais il invite à réfléchir sur un sujet pas forcément plaisant, sur la notion de révolte, d'autodestruction, de refoulement, et de ce côté là, Fincher a pour moi réussi un coup de maître.
Le débat reste ouvert...