AccueilRechercherS'enregistrerConnexion
Le Deal du moment :
Aliexpress : codes promo valables sur tout le site
Voir le deal

 

 Le kenjutsu et le iaido

Aller en bas 
+2
Youpi l'alchimiste
Voyageur Solitaire
6 participants
Aller à la page : 1, 2  Suivant
AuteurMessage
cdang

cdang


Masculin Messages : 1472
Date d'inscription : 15/10/2014
Localisation : Le Havre (76)

Le kenjutsu et le iaido Empty
MessageSujet: Le kenjutsu et le iaido   Le kenjutsu et le iaido Icon_minitimeLun 10 Nov - 16:59

Le terme kenjutsu (剣術) désigne l'escrime japonaise au sabre : ken (剣 ou 刀) le sabre, jutsu (術) la technique de combat. Le iaijutsu (居合術) est une branche du kenjutsu qui se concentre sur le dégainage du sabre : être capable de dégainer et couper dans un seul geste. Utile en cas de réaction à une attaque surprise, ou en duel.

Au XIXe siècle, le Japon modernise son armée, les samouraïs sont remisés, l'enseignement des arts martiaux est interdit, mais continue de manière plus ou moins clandestine. Fin XIXe, certains redécouvrent ce pan de la culture que sont les arts martiaux, et transforment  les techniques de combat en pratique visant à l'amélioration physique et morale des citoyens. Les jutsu (術) deviennent des do (道), des « voies spirituelles ».

Le kenjutsu devient donc le kendo (剣道), et le iaijutsu devient le iaido (居合道). Ce sont des pratiques essentiellement fondées sur des kata (形 : copier  exactement avec le pinceau, souvent traduit par « forme ») c'est-à-dire la répétition d'exercices, représentant des situations de combat, pour arriver à un geste parfait.

Oui mais voilà : les arts martiaux s'exportent, en particulier en France, où l'on aime la compétition. On transforme des pratiques d'amélioration continue en sports de combat, avec des catégories, des points, un vainqueur et un vaincu. Alors que l'escrime au sabre est une pratique de coupe — un geste ample et précis, engageant tout le corps, pour trancher l'adversaire —, le kendo devient un sport de touche : un coup rapide mais suivi d'un recul pour éviter d'être touché. Les kendoka développent un sens de l'observation (pour chercher l'ouverture dans la garde) et une rapidité impressionnants, mais perdent la racine de l'art, la coupe. Par ailleurs, pour des raisons de sécurité, ils frappent là où l'adversaire est protégé, alors que le samouraï cherchait au contraire les failles de l'armure.

Certains restent sur un art de kata, et parmi ceux-là, certains décident de rebaptiser leur pratique kenjutsu pour marquer la différence, bien que cela soit un do.

Le iaido n'est pas touché par ce phénomène (il existe des compétitions de kata, mais pas de combat).

Le kendo se pratique essentiellement au shinai (竹刀), un sabre fait de lames de bambou souples, et avec une armure appelée bogu (防具) ; ils font quelques kata au bokken (木刀), un sabre de bois plein, et sans armure.

Le kenjutsu et le iaido 160px-Kangeiko_3_%2822_jan_2010%29
Kendo, avec shinai et bogu

Le kenjutsu se fait exclusivement au bokken, et sans armure.

Le kenjutsu et le iaido Sassen%2C_Hyoho_Niten_Ichi_Ryu_kenjutsu
Kenjutsu au bokken

Le iaido, quant à lui, se pratique seul, sans adversaire, et avec un iaito (居合刀 ; to et ken étant deux manières de prononcer le caractère 刀, « sabre ») et, bien sûr, sans armure (puisqu'il n'y a pas d'adversaire). Le iaito est une réplique de katana (日本刀) en acier (ou en alliage léger pour les flemmards), mais non tranchant. À partir d'un certain niveau, on peut pratiquer avec un katana (tranchant), et l'on fait des exercice de coupe sur des rouleaux de paille de riz : c'est le batto do (抜刀道), parfois appelé tameshi giri (試切, mais ce dernier terme désigne un test de coupe du sabre, et non une pratique).

Le kenjutsu et le iaido Sensei_iaido-rework
Iaido, avec un iaito

On note que dans tous les cas, le vêtement d'entraînement, appelé keikogi (稽古着), comporte une veste, shitagi (下着), et une sorte de pantalon large, le hakama (袴). Le rôle du hakama est de protéger les jambes des griffures lorsque l'on se promène dans les fourrés. On pense souvent qu'il sert à cacher les pieds, mais le bas du hakama était enlacé dans les lanières des sandales, donnant l'impression d'un pantalon bouffant.


Dernière édition par cdang le Dim 25 Oct - 12:53, édité 9 fois
Revenir en haut Aller en bas
cdang

cdang


Masculin Messages : 1472
Date d'inscription : 15/10/2014
Localisation : Le Havre (76)

Le kenjutsu et le iaido Empty
MessageSujet: Re: Le kenjutsu et le iaido   Le kenjutsu et le iaido Icon_minitimeLun 10 Nov - 18:28

De l'art de la guerre à l'art du duel

L'escrime japonaise a suivi une évolution similaire à l'escrime européenne, mais pour des raisons différentes.

Il s'agit initialement de techniques de guerre, on combat en armure. Mais au XVIIe siècle, le Japon est unifié par le shogun Tokugawa qui met en place un système d'otages : les seigneurs féodaux, les daimyo, doivent maintenir une coûteuse résidence à Edo (future Tokyo), la capitale, et y laisser leur famille (sous la main du shogun). Ils doivent résider la moitié du temps à Edo, et la moitié du temps dans leur fief.

Cela impose une paix de fait. L'escrime devient donc un art de duel (en Europe, c'est en raison de l'arrivée des armes à feu). Par ailleurs, puisque le destin du samouraï n'est plus de mourir sur le champ de bataille (mise à part quelques escarmouches et opérations de maintien de l'ordre), l'art du sabre prend une dimension spirituelle et religieuse.

Certains samouraïs déchus (ronin) restent des brutes épaisses, employés comme gardes du corps (yojimbo) ou devenant des brigands. D'autres deviennent maîtres d'arme. Certains errent, provoquant les samouraïs en duel pour prouver leur valeur et affiner leur art (c'est notamment le cas de Miyamoto Musashi).

Dans la culture japonaise, il existe un geste idéal, parfait. C'est le geste produisant l'effet voulu, mais en fournissant l'effort le plus faible, tout en empruntant le chemin le plus court. Il faut pour cela répéter inlassablement le geste pour éliminer les gestes parasites et corriger la posture (d'où les kata). Cela se retrouve dans de nombreux éléments de la culture, notamment la calligraphie. Et, évidemment, dans le kenjustu et le iaijutsu. Par ailleurs, avant la mise en mouvement par les muscles moteurs, il faut relâcher les muscles antagonistes, ceux qui empêchent le mouvement, ceux qui maintiennent la posture initiale. Le mouvement commence donc par le relâchement.

Donc, pour le samouraï de cette époque, l'efficacité en combat passe par le relâchement musculaire et l'acquisition de ce geste parfait. Il y a d'ailleurs des justifications rationnelles : si on élimine les gestes parasites, on ne prévient pas l'adversaire de notre intention, on économise nos forces, le mouvement est plus rapide.

La dimension spirituelle se manifeste par le recherche du vide. Le mot vide a plusieurs sens. D'un point de vue symbolique, c'est un des éléments constitutifs du monde, avec l'eau, la terre, l'air le feu : pour les taoïstes, c'est le vide dans le verre qui en fait son utilité, c'est le vide au centre de la roue (le moyeu) qui lui permet de tourner autour de son axe, c'est le vide entre les murs qui permet d'habiter la maison, c'est le vide pratiqué dans le mur qui permet d'entrer et de sortir.

Le vide est également une métaphore de l'esprit, par opposition au corps matériel. Ainsi, quand Yagyu Munenori parle du « sabre qui donne la vie » (katsu jin ken, 活人剣), cela a plusieurs sens :

  • le samouraï, capable de tuer (le sabre qui donne la mort, satsu jin ken, 殺人剣), doit être capable de mansuétude, d'épargner, et de mettre ses compétences au service de la vie ;
  • par une feinte, je met le sabre de mon adversaire en mouvement là où je veux qu'il aille, je donne vie à son sabre ;
  • en coupant devant mon adversaire, plutôt que sur lui, je lui montre que je suis meilleur que lui (puisque j'ai réussi une coupe ni esquivée, ni parée), mais je l'épargne ; je coupe le vide, à la fois au sens littéral, mais aussi au sens figuré (je tranche son esprit, je crée une peur chez lui, qui coupe ses velléités agressives).

Par ailleurs, pour les japonais, l'être et le non-être sont deux faces d'une même réalité. Le non-être, c'est de l'être qui ne s'est pas encore révélé, du potentiel ; ou bien qui a cessé d'être. Le geste est de l'être, mais avant le geste, il y a l'intention, qui est un geste potentiel, et qui est du non-être. Du vide (de l'esprit).

Mais le vide dans l'esprit, c'est également l'absence de trouble : la peur, la colère nous empêchent de bien percevoir le monde et de l'analyser. L'idéal du samouraï, c'est de vider son esprit, donc de supprimer le trouble pour pouvoir mieux agir, mais aussi de réagir instinctivement (sans penser à son geste avant de le faire), donc plus rapidement, à ce qui se passe.


Dernière édition par cdang le Jeu 12 Mar - 15:08, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
VIC

VIC


Masculin Messages : 4285
Date d'inscription : 18/01/2012

Le kenjutsu et le iaido Empty
MessageSujet: Re: Le kenjutsu et le iaido   Le kenjutsu et le iaido Icon_minitimeMer 12 Nov - 14:31

Très intéressant, merci. Je me suis souvent interrogé sur le iaido, me demandant comment l'on pouvait perfectionner si longtemps un geste qui paraît relativement simple, et comment pouvait-il faire à lui seul l'objet d'un art martial. Je n'ai pas encore trouvé la réponse, j'imagine qu'il faudrait s'essayer à cette pratique ou bien y assister.

Revenir en haut Aller en bas
cdang

cdang


Masculin Messages : 1472
Date d'inscription : 15/10/2014
Localisation : Le Havre (76)

Le kenjutsu et le iaido Empty
MessageSujet: Re: Le kenjutsu et le iaido   Le kenjutsu et le iaido Icon_minitimeMer 12 Nov - 17:11

Alors, le iaido, c'est super chiant (et c'est pour ça que j'aime, je le suis moi-même, super-chiant). Face à un mur, tu répètes ton mouvement, le prof vient de corriger.

Simple, oui, en apparence, mais déjà, comme tu pratiques au départ lentement, le moindre déséquilibre ressort, tu ne peux pas faire le petit pas de côté qui te restabilise. Disons que la partie « chorégraphie » (mémoriser la succession des gestes) se fait assez vite, il y a une partie mémoire (se souvenir de tous les kata et de leurs noms), mais c'est cahouettes par rapport au Code de la route.

Par contre, il y a le respects de tous les principes, notamment de relâchement, d'extension des bras, de verticalité du buste, de maîtrise de l'orientation de la lame… et ça, pour tout mettre en place, c'est un long, long travail de répétition.

Du coup, il y en a que ça emmerde, ils papillonnent en apprenant des kata de plein d'écoles différentes histoire de varier les mouvements. C'est quelque chose que je comprend tout à fait, par contre, du coup, ils ne progressent pas — vers le mouvement « parfait » s'entend, mémoriser plein de kata différents est une forme de progression, mais pas dans la « voie » (do). Même si à mon dojo le prof est comme ça, je ne suis pas perso dans ce type de travail, je serai plus à continuer à travailler la première série de kata après 3 ans de pratique.

Malgré le fait de faire toujours la même chose, tu mesures les progrès en toi (moins de fatigue, plus de souplesse), et quand tu regardes les débutants.
Revenir en haut Aller en bas
Voyageur Solitaire
Admin
Voyageur Solitaire


Masculin Messages : 8489
Date d'inscription : 07/01/2012
Localisation : Ici et ailleurs...
Emploi/loisirs : Tout, passionnément...
Humeur : Ici et maintenant

Le kenjutsu et le iaido Empty
MessageSujet: Re: Le kenjutsu et le iaido   Le kenjutsu et le iaido Icon_minitimeMer 12 Nov - 17:28

J'adhère sur le principe qui me fascine. Cette gestuelle, cette recherche de l'amplitude, du geste parfait et harmonieux se retrouve dans bien d'autres disciplines comme le tir à l'arc japonais ou, d'une certaine manière, le Qi Gong ou autre gymnastique corporelle.

Après, perso... J'aurais jamais la patience, c'est clair !
Revenir en haut Aller en bas
https://les-terres-de-vs.forumgratuit.org
Youpi l'alchimiste

Youpi l'alchimiste


Masculin Messages : 515
Date d'inscription : 24/01/2012

Le kenjutsu et le iaido Empty
MessageSujet: Re: Le kenjutsu et le iaido   Le kenjutsu et le iaido Icon_minitimeJeu 13 Nov - 3:55


cdang a écrit:
Par contre, il y a le respects de tous les principes, notamment de relâchement, d'extension des bras, de verticalité du buste, de maîtrise de l'orientation de la lame… et ça, pour tout mettre en place, c'est un long, long travail de répétition.

C'est marrant parce que j'ai vraiment l'impression de retrouver cette mentalité dans le Karaté. On reproche parfois un trop grand attachement à la forme dans les arts martiaux Japonais. La forme étant un moyen d'approcher le fond et de bien ressentir la technique.

La maitrise s'acquière par la répétition, les katas sont un outils pour faciliter l'apprentissage et rendre les techniques instinctives.
Revenir en haut Aller en bas
cdang

cdang


Masculin Messages : 1472
Date d'inscription : 15/10/2014
Localisation : Le Havre (76)

Le kenjutsu et le iaido Empty
MessageSujet: Re: Le kenjutsu et le iaido   Le kenjutsu et le iaido Icon_minitimeJeu 13 Nov - 16:41

En fait, on retrouve ça dans tous les budo à partir du moment où l'on met de côté la compétition. Bon, pour le judo, depuis David Douillet, ça me semble difficile de trouver ce travail, j'ai l'impression que ceux qui recherchent « la voie » son partis de la FFJDA pour fonder une école nommée ju no michi (michi étant un synonyme de do…).

Mon fils fait du karaté dans un dojo où ils ne font pas de compèt', et je crois que « le polissage du corps » est l'optique de la prof.

De manière générale, l'apprentissage par kata est très généralisé au Japon, dans tous les domaines, cf. par exemple Karyn Poupée, Les Japonais, Tallandier 2008 (978-2-84734-525-4), 2012 (ISBN 978-2-84734-858-3). Selon Karyn Poupée, c'est dû à leur apprentissage de la lecture : plusieurs milliers de caractère à mémoriser, ça fait des pages et des pages de copie… Un peu comme les chinois, « apprendre » et « copier » sont le même mot.

Tiens, par exemple, ci-dessous, un kata de pompier :


Dernière édition par cdang le Jeu 12 Mar - 15:13, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
cdang

cdang


Masculin Messages : 1472
Date d'inscription : 15/10/2014
Localisation : Le Havre (76)

Le kenjutsu et le iaido Empty
MessageSujet: Re: Le kenjutsu et le iaido   Le kenjutsu et le iaido Icon_minitimeJeu 13 Nov - 17:08

Pour revenir un peu plus dans le sujet, un joli morceau de kenjutsu : la scène d'ouverture du film Tabou (Gohatto 御法度, Nagisa Ôshima, 1999)



Je soupçonne le 3e adversaire d'être un kendoka (à sa manière de faire osciller son bokken quand il est en garde). On peut voir Takeshi Kitano dans le fond.

Sinon, le film est sur l'homosexualité chez les samouraïs, un phénomène pas particulièrement mal vu à l'époque : toléré, mais il ne fallait pas non plus trop l'étaler (genre on fait ce qu'on veut derrière les parois de papier mais on ne se galoche pas en public).
Revenir en haut Aller en bas
Gorak

Gorak


Masculin Scorpion Messages : 5587
Date d'inscription : 31/08/2012
Age : 50
Localisation : La Principauté de Montbéliard
Emploi/loisirs : Paladin - aime la littérature, la musique, les voyages, découvrir d'autres cultures
Humeur : Agréable et courtoise

Le kenjutsu et le iaido Empty
MessageSujet: Re: Le kenjutsu et le iaido   Le kenjutsu et le iaido Icon_minitimeJeu 13 Nov - 18:04

cdang a écrit:


Tiens, par exemple, ci-dessous, un kata de pompier :



Rassure-moi : ils ne font quand même pas tout ce cinéma quand il y a une alerte ? Parce que là, t'as vraiment le temps de griller... lol!

Chez nous, les manoeuvres, c'est beaucoup plus simple... Smile
Revenir en haut Aller en bas
http://othello.forumculture.net/
Voyageur Solitaire
Admin
Voyageur Solitaire


Masculin Messages : 8489
Date d'inscription : 07/01/2012
Localisation : Ici et ailleurs...
Emploi/loisirs : Tout, passionnément...
Humeur : Ici et maintenant

Le kenjutsu et le iaido Empty
MessageSujet: Re: Le kenjutsu et le iaido   Le kenjutsu et le iaido Icon_minitimeJeu 13 Nov - 19:02

"Sinon, le film est sur l'homosexualité chez les samouraïs, un phénomène pas particulièrement mal vu à l'époque : toléré, mais il ne fallait pas non plus trop l'étaler (genre on fait ce qu'on veut derrière les parois de papier mais on ne se galoche pas en public)."

Ah tiens, je pensais pas. Je sais que la Chine impériale a eu des périodes de grande tolérance sur ce sujet ainsi que d'autres pays d'Extrême-Orient, mais je pensais le Japon plus réticent dans ce domaine. Pour rester un instant sur le sujet, il y a un film coréen, Le roi et le clown qui semble avoir eu un joli succès en Asie :

Le kenjutsu et le iaido Clown110

Mais là, on est dans une histoire de théâtre (où les rôles de femmes étaient tenus uniquement par des hommes) et avec un personnage très androgyne. Loin des étreintes viriles entre guerriers intrépides. Enfin bon, revenons au sujet.
Revenir en haut Aller en bas
https://les-terres-de-vs.forumgratuit.org
VIC

VIC


Masculin Messages : 4285
Date d'inscription : 18/01/2012

Le kenjutsu et le iaido Empty
MessageSujet: Re: Le kenjutsu et le iaido   Le kenjutsu et le iaido Icon_minitimeJeu 13 Nov - 19:40

Les deux sujets peuvent se recouper également grâce à Mishima.
L'auteur dévoilait son enfance et son homosexualité dans Confession d'un masque, en 1949, qui le rendit célèbre : un livre assez touchant. Par la suite, il s'est construit un corps d’athlète et est devenu un expert en kendo. Il commettra un double suicide rituel avec son compagnon Morita (prévu par décapitation, puis finalement par seppuku) :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Yukio_Mishima


Dernière édition par VIC le Ven 14 Nov - 0:00, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Gorak

Gorak


Masculin Scorpion Messages : 5587
Date d'inscription : 31/08/2012
Age : 50
Localisation : La Principauté de Montbéliard
Emploi/loisirs : Paladin - aime la littérature, la musique, les voyages, découvrir d'autres cultures
Humeur : Agréable et courtoise

Le kenjutsu et le iaido Empty
MessageSujet: Re: Le kenjutsu et le iaido   Le kenjutsu et le iaido Icon_minitimeJeu 13 Nov - 21:09

Voyageur Solitaire a écrit:
"(genre on fait ce qu'on veut derrière les parois de papier)."

Mais en éteignant les lumières alors, sinon gare aux ombres chinoises... lol!
Revenir en haut Aller en bas
http://othello.forumculture.net/
cdang

cdang


Masculin Messages : 1472
Date d'inscription : 15/10/2014
Localisation : Le Havre (76)

Le kenjutsu et le iaido Empty
MessageSujet: Re: Le kenjutsu et le iaido   Le kenjutsu et le iaido Icon_minitimeVen 14 Nov - 10:32

Gorak a écrit:
[Kata pompier]

Rassure-moi : ils ne font quand même pas tout ce cinéma quand il y a une alerte ? Parce que là, t'as vraiment le temps de griller... lol!

Chez nous, les manoeuvres, c'est beaucoup plus simple... Smile

Mmm, chronomètre la même manœuvre version française, je ne suis pas sûr que ça sera plus rapide, par contre, je suis quasiment certain qu'ils descendront sans vérifier qu'un véhicule arrive. Et puis, il ne faut pas oublier qu'il s'agit d'un entraînement : on sait (et eux aussi, ils le savent) que la réalité du terrain est différente ; par contre, dans chaque intervention réelle, on retrouve des morceaux de kata qui ont été longuement travaillés. Pour faire un parallèle avec le raisonnement, on est dans de l'inductif plutôt que dans du déductif. On travaille des cas d'école, et dans la réalité, on a des éléments de cas d'école que l'on peut appliquer.

VIC a écrit:
Les deux sujets peuvent se recouper également grâce à Mishima.
[…] Il commettra un double suicide rituel avec son compagnon Morita (prévu par décapitation, puis finalement par seppuku)
Le seppuku se termine normalement par une décapitation : on ne laisse pas agoniser le brave samouraï des heures les tripes à l'air (voire on le décapite avant qu'il ne s'ouvre le ventre dans certains cas).

Il y a d'ailleurs un kata de iaido de l'école Omori ryu dans lequel on est l'assistant d'un seppuku chargé de décapiter : juntô. Lors de la décapitation, il faut maîtriser sa coupe pour ne pas aller trop loin et laisser un bout de gorge accroché, afin que la tête ne roule pas au loin (elle reste à pendouiller) ; puis, on coupe ce lien d'un petit geste pour qu'elle tombe sur place (tout un raffinement).


Dernière édition par cdang le Mar 18 Nov - 11:35, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
cdang

cdang


Masculin Messages : 1472
Date d'inscription : 15/10/2014
Localisation : Le Havre (76)

Le kenjutsu et le iaido Empty
MessageSujet: Re: Le kenjutsu et le iaido   Le kenjutsu et le iaido Icon_minitimeLun 17 Nov - 14:11

Les principes du kenjutsu

Dans la scène d'introduction de Tabou (Gohatto), on voit du kenjutsu « martial » : Ôshima reconstitue une séance d'entraînement de samouraïs. De nos jours, les randori (assauts improvisés) ne se pratiquent qu'au kendo, avec protections (bogu) et sabres souples (shinai).

Lorsque l'on pratique avec un sabre dur (bokken), on ne fait que des kata : les mouvements se font sans surprise, chacun connaît son rôle. Malgré ça, on compte tout de même rarement quelques blessures : les coups sur les doigts (de temps en temps : en effet, on ne met en général pas les gardes sur les bokken), parfois une arcade à faire recoudre (rare)  affraid . Notons que selon la légende, Miyamoto Musashi aurait tué tous ses adversaires de duel avec un sabre en bois…

Le sabre se tient en général à deux mains, sauf dans certaines écoles (notamment la Niten ryu de Miyamoto Musashi, justement).

Un principe important est de considérer que l'on a bien un sabre tranchant (un katana) même lorsque l'on a un sabre de bois (bokken). Il y a un beau contre-exemple dans une scène de Zatoïchi (Takeshi Kitano, 2003), où l'on voit, lors d'un duel au bokken, un des sabreurs rompre cette règle et saisir la « lame » de son adversaire pour le battre, et claironner « c'est un bokken, pas un katana ! », ce qui provoque la réprobation des personnes présentes.

Les suburi sont un exercice de base : cela consiste à faire des coupes dans le vide. C'est un échauffement, un exercice de relâchement et d'assouplissement (et un peu de musculation, mais ce n'est pas le but premier). Il peut se faire de plusieurs manières : sur place, en avançant et en reculant (voire en sautant d'avant en arrière), en allant toucher le bas du dos avec sa pointe lorsque l'on arme, avec un suburito (sabre de suburi, en bois mais plus lourd que le bokken), …

Les kata permettent d'abord de mémoriser des positions et des coups, un peu comme en escrime européenne on apprend à se tenir en quarte, quinte, à fendre, … Le premier élément est la garde (kamae). Le kamae est une position d'attente, permettant de se défendre (parer, esquiver) ou d'attaquer. C'est aussi une position « de référence » : en kenjutsu, le début d'une coupe est un kamae, la fin d'une coupe est un kamae. Ainsi, à chaque instant du combat, l'escrimeur est dans une position familière, qu'il a travaillée, à partir de laquelle il s'est entraîné à attaquer et se défendre.

On utilise principalement cinq gardes :

  • jodan no gamae, garde haute : le sabre est levé au dessus de la tête, prêt à effectuer une coupe de haut en bas (jodan = niveau haut, gamae = kamae) ;
  • seigan no gamae : garde classique, le pointe étant dirigée vers la gorge ou les yeux de l'adversaire ; on utilise aussi parfois le terme chudan no gamae (seigan = droit dans les yeux, chudan = niveau moyen) ; idéal pour parer ou effectuer un coup d'estoc (tsuki), on peut passer rapidement à une garde plus offensive (jodan no gamae, hasso no gamae) ;
  • gedan no gamae (gedan = niveau bas) : le sabre est baissé, pointe vers le bas ; c'est la fin d'une coupe, c'est aussi une position de relâchement, mais le sabre est prêt à remonter pour intercepter une coupe (kiri age ou tsuri age) ou pour faire une coupe de bas en haut (gyaku kessa giri) ;
  • hasso no gamae : le sabre est tenu pointe vers le ciel, au niveau de l'oreille, et peut soit effectuer une coupe en diagonale (kesa giri), soit passer rapidement à une garde offensive haute (jodan no gamae) ; c'est une garde offensive comme jodan no gamae, mais plus reposante ;
  • waki kamae : le sabre est tenu sur le côté droit, pointe vers l'arrière, mains au niveau de la hanche ; comme la garde gedan, c'est une position de relâchement à partir de laquelle on peut intercepter une coupe (kiri/tsuri age), faire une coupe de bas en haut (gyaku kesa giri) ou passer en garde offensive (jodan/hasso no gamae) ; c'est la position que l'on prend lorsque l'on se fait « chasser » le sabre (par exemple par un maki otoshi) ; c'est aussi un piège tendu à l'adversaire (fausse ouverture dans la garde).


Le kenjutsu et le iaido 320px-Kendo-in-Bulgaria
Seigan no gamae

Le kenjutsu et le iaido 164px-Mori_B%C5%8Dmaru
Jodan no gamae

Le kenjutsu et le iaido 300px-Kenjutsu_at_the_Japanese_Garden_07
Jodan no gamae (gauche) face à un hasso no gamae (droite)

Le kenjutsu et le iaido 320px-WakiNoKamae
Waki kamae

Les coups principalement travaillés sont les suivants (kiri ou giri signifiant coupe) :

  • tsuki : coup d'estoc, la pointe vient percer la gorge de l'adversaire ; s'il est en armure, la lame est présentée à plat au niveau de la poitrine, puis est glissée contre la cuirasse, vers le haut, pour passer sous le gorgerin ;
  • kiri otoshi : coupe droite de haut en bas (otoshi), pour fendre l'adversaire en deux ;
  • kesa giri : coupe en diagonale de haut en bas, suivant le bord croisé du kimono ;
  • gyaku kesa giri : coupe kesa giri inversée : oblique du bas vers le haut (gyaku = inversé) ;
  • yoko guruma (roue latérale) : coupe horizontale.


Le kenjutsu et le iaido 160px-Iaido_practitioner
Position de fin d'une coupe kiri otoshi

Le kenjutsu et le iaido 320px-Iaido_tournament_2006_-_003
Position finale d'une coupe gyaku kesa giri

Le kenjutsu et le iaido 320px-Iaido_tournament_2006_-_002
Position finale d'une coupe yoko guruma

On travaille aussi d'autres mouvements de sabre :

  • maki otoshi : mouvement destiné à chasser le sabre de l'adversaire pour provoquer une ouverture (maki = rouleau, comme les maki sushi, otoshi = vers le bas) ;
  • kiri kaeshi (contre-coupe), ou uke nagashi (recevoir et continuer) : esquive en se protégeant de son sabre (le sabre adverse glisse comme la pluie sur un toit), permettant un replacement et une contre-coupe ;
  • tsuri age ou kiri age : sur une attaque de haut en bas (kiri otoshi), le défenseur monte son sabre en garde haute (jodan no gamae) ; la trajectoire du sabre montant rencontre celle du sabre descendant, le sabre de l'attaquant est chassé sur le côté, ce qui ouvre la voie pour une contre-attaque (kiri otoshi).

Dans les parades, on s'attache à ne pas bloquer le sabre de l'attaquent, ce qui risquerait de casser son propre sabre ou de l'ébrécher, mais plutôt à le faire glisser, à le dévier.

Le travail consiste  soit à travailler une situation, soit à travailler un enchaînement de situations.

Le but des kata est bien sûr d'apprendre à maîtriser des mouvements de base, mais aussi (et surtout, de nos jours où l'on ne se bat plus au sabre) d'assimiler des principes :

  • shisei : l'attitude juste, rester droit et relâché pour garder l'équilibre, avoir une bonne mobilité et une bonne vision du champ de bataille ;
  • zanshin : vigilance, avoir un esprit en paix permettant d'être attentif ;
  • ma ai : concept mêlant la notion de distance (distance de sécurité, distance d'engagement), de rythme (être dans le rythme du mouvement du partenaire pour placer son propre mouvement au bon moment) et la direction (se placer hors de la trajectoire de coupe de l'adversaire, maintenir l'adversaire sur la trajectoire de sa propre coupe), on peut voir ça comme chercher l'ouverture dans la garde de l'adversaire tout en maintenant sa garde fermée ;
  • te no uchi (mains vers l'intérieur) : manière de tenir le sabre à deux mains ;
  • ha suji (tranchant tel un pinceau) : maîtrise de l'orientation du plan de la lame.

À l'inverse des yaourts destinés à soit disant rester en bonne santé alors qu'on mange n'importe comment à côté, ce que l'on fait à l'extérieur se voit à l'intérieur confused


Dernière édition par cdang le Jeu 12 Mar - 15:28, édité 4 fois
Revenir en haut Aller en bas
Gorak

Gorak


Masculin Scorpion Messages : 5587
Date d'inscription : 31/08/2012
Age : 50
Localisation : La Principauté de Montbéliard
Emploi/loisirs : Paladin - aime la littérature, la musique, les voyages, découvrir d'autres cultures
Humeur : Agréable et courtoise

Le kenjutsu et le iaido Empty
MessageSujet: Re: Le kenjutsu et le iaido   Le kenjutsu et le iaido Icon_minitimeLun 17 Nov - 17:48

Voilà un art martial qui me conviendrait bien. Enfin, si je ne suis pas trop âgé pour commencer.

Par contre, l'équipement ne doit pas être donné, non ?
Revenir en haut Aller en bas
http://othello.forumculture.net/
cdang

cdang


Masculin Messages : 1472
Date d'inscription : 15/10/2014
Localisation : Le Havre (76)

Le kenjutsu et le iaido Empty
MessageSujet: Re: Le kenjutsu et le iaido   Le kenjutsu et le iaido Icon_minitimeMar 18 Nov - 10:28

Gorak a écrit:
Voilà un art martial qui me conviendrait bien. Enfin, si je ne suis pas trop âgé pour commencer.

Par contre, l'équipement ne doit pas être donné, non ?

Concernant le kenjutsu (pratique au sabre en bois) :

on parle de do, de « voie ». C'est une pratique qui est normalement accessible à tous, quel que soit l'âge. Le problème est peut-être plus de trouver un dojo.

Le sabre, et aussi de bâton court (jo), se travaillent en aïkido. La pratique des armes est souvent liée à la pratique à mains nues, mais certains dojo proposent des cours d'arme à part. Tu peux donc aller voir le dojo d'aïkido du coin et leur demander (c'est un art martial assez répandu en France, il y en a un peu partout). Tu peux aussi aller voir un dojo de kendo et leur dire que tu ne t'intéresses qu'au travail de kata, voir s'ils ont quelque chose à te proposer.

Le sabre se pratique aussi dans d'autre arts, comme le ninjutsu.

Les dojo pratiquant spécifiquement le kenjutsu sont plus rares, faut chercher.

Le matériel, c'est juste une veste de kendo (un kimono de judo peut aussi convenir, ça se trouve dans tous les magasins de sport, la différence est que veste de kendo est plus longue et peut donc se porter sans pantalon, et est bleue foncé ou noire, compter env. 30 à 50 EUR), un hakama (jupe culotte, compter 80 EUR) et un bokken (sabre en bois, compter 15 EUR).

Concernant le iaido (l'art de dégainer) :

la principale limitation physique, c'est qu'il y a des mouvements à genou, donc ça dépend de l'état de tes genoux. On peut bien sûr se contenter de pratiquer debout, il y a plein de mouvements debout, l'enseignant devrait en principe s'adapter à l'élève.

Cela peut se pratiquer au sein du Comité national kendo (Fédération de judo), ou au sein de la Fédération européenne de iaido (ce sont souvent des dojo d'aïkido).

La pratique du iai inclue en général du kenjutsu.

Les vêtements sont les mêmes que pour le kenjutsu. Au départ, on peut pratiquer avec un bokken, et éventuellement un fourreau (saya) en plastique (env. 20 EUR) ; j'ai fait ça pendant 2 ans. L'achat d'un iaito (lame en métal) est un investissement de quelques centaines d'euros, il faut voir ça avec l'enseignant. On peut en acheter en ligne, de bonne qualité et à un prix raisonnable ; bien sûr, rien ne remplace le fait de l'essayer dans une boutique (en particulier concernant la longueur de la lame), mais faut en trouver (sur Paris, l'excellent Zanshin ayant fermé, il doit rester Budo Store et Nippon Budo).
Revenir en haut Aller en bas
Gorak

Gorak


Masculin Scorpion Messages : 5587
Date d'inscription : 31/08/2012
Age : 50
Localisation : La Principauté de Montbéliard
Emploi/loisirs : Paladin - aime la littérature, la musique, les voyages, découvrir d'autres cultures
Humeur : Agréable et courtoise

Le kenjutsu et le iaido Empty
MessageSujet: Re: Le kenjutsu et le iaido   Le kenjutsu et le iaido Icon_minitimeMar 18 Nov - 13:15

Oui, c'est surtout la partie des katas qui m'intéresse. Je pourrais combiner cela à ma pratique du Tai-Chi.

Mais bon, encore faudrait-il trouver un club dans les parages, et ça c'est pas gagné... c'est à peine si j'ai pu trouver un club de Tai-Chi à côté de chez moi.

Parce que, bien qu'ayant le permis, je ne possède pas de voiture. Et à partir d'une certaine heure le soir, il n'y a plus de bus pour rentrer chez moi.

Et oui, ce sont les inconvénients d'habiter dans une ville moyenne de province... Smile
Revenir en haut Aller en bas
http://othello.forumculture.net/
cdang

cdang


Masculin Messages : 1472
Date d'inscription : 15/10/2014
Localisation : Le Havre (76)

Le kenjutsu et le iaido Empty
MessageSujet: Re: Le kenjutsu et le iaido   Le kenjutsu et le iaido Icon_minitimeMar 18 Nov - 14:40

Perso, je vais au dojo à vélo  Wink

Si tu habites bien à Montbéliard, le site du Comité national kendo indique un dojo à Belfort (Yushikan, École Primaire Jean Jaures - 112 avenue Jean-Jaurès ; bon, à vélo ça fait quand même une trotte, tu as peut-être des concitoyens qui pourraient te covoiturer).

Le site de la FFAAA (prononcer « 2F3A ») me donne un dojo d'aïkido à Montbéliard (Zanshinkan Aikido, complexe sportif de la Lizaine, route d'Héricourt). Le site de la ligue de Franche Comté de la FFAB (l'autre fédé d'aïkido) donne plusieurs dojo dans le Doubs.
Revenir en haut Aller en bas
VIC

VIC


Masculin Messages : 4285
Date d'inscription : 18/01/2012

Le kenjutsu et le iaido Empty
MessageSujet: Re: Le kenjutsu et le iaido   Le kenjutsu et le iaido Icon_minitimeMar 18 Nov - 21:00

Idem que Gorak, cet art martial m'intéresse, notamment les katas. Mais bon, pas le temps pour l'instant. Peut-être dans 3 ou 4 ans ^^
Revenir en haut Aller en bas
cdang

cdang


Masculin Messages : 1472
Date d'inscription : 15/10/2014
Localisation : Le Havre (76)

Le kenjutsu et le iaido Empty
MessageSujet: Re: Le kenjutsu et le iaido   Le kenjutsu et le iaido Icon_minitimeMer 19 Nov - 9:50

Pour toi Vic, sur Paris, c'est plus simple, il y a plusieurs dojo d'un peu tout. Et si tu acceptes de franchir le périph', je peux même t'indiquer mon ancien prof, qui est en outre devenu un ami, et qui reste pour moi un modèle de rigueur en budo (il ne cherche pas à attirer ou à garder ses élèves avec des activités « ludiques »).
Revenir en haut Aller en bas
cdang

cdang


Masculin Messages : 1472
Date d'inscription : 15/10/2014
Localisation : Le Havre (76)

Le kenjutsu et le iaido Empty
MessageSujet: Re: Le kenjutsu et le iaido   Le kenjutsu et le iaido Icon_minitimeVen 21 Nov - 17:36

Le ki-ken-tai

Arf, dans les principes que l'on cherche à développer dans le kenjutsu (shisei, zanshin, ma ai, te no uchi, ha suji), j'ai oublié le ki-ken-tai. Ça tombe bien, ça va me permettre de développer un peu.

Donc :

  • ki (気), l'énergie qui baigne l'univers et insuffle la vie ;
  • ken (刀), le sabre ;
  • tai (体), le corps.

Revenons à l'idéal du combattant : il doit faire le vide dans son esprit, à la fois pour ne pas être troublé et bénéficier de toutes ses capacités mentales, mais aussi pour ne pas avoir de geste parasite. Ici, ki peut se traduire par intention : si je pense à mon attaque avant de l'exécuter, je vais avoir des gestes parasites qui vont indiquer à mon adversaire que je vais déclencher l'attaque ; il pourra utiliser ces signes (armenent du coup, plissement des yeux, …) pour déclencher lui-même son attaque, que je ne pourrai parer car je suis obnubilé par le geste que j'ai prévu de faire (notion de sen no sen, initiative simultanée, et de sen sen no sen, initiative anticipée).

Donc, je dois déclencher mon attaque au moment où je l'envisage, mon ki doit être synchrone avec mon attaque.

Mon attaque est bien évidemment un mouvement du sabre, ken. Mais c'est aussi un mouvement du corps, tai : en garde (kamae), chaque assaillant se place hors de portée du sabre de l'adversaire, mais pas trop loin pour n'avoir qu'un pas à faire pour pouvoir toucher (ma ai, gestion de la distance). Donc, mon corps doit avancer en même temps que mon sabre coupe : pas avant, car alors je m'expose avant de trancher mon adversaire, pas après, car alors ma distance est insuffisante au moment de la coupe.

Je dois donc travailler à unifier l'intention ki, le sabre ken et le corps tai dans le même mouvement.

Les kendoka disent : ki ken tai no ichi (ichi = un). L'arbitre peut juger de  l'unification du sabre et du corps ; pour pouvoir juger de l'unification d'iceux avec l'intention, l'attaquant doit crier l'endroit qu'il vise (men pour le casque, do pour la cuirasse, kote pour les poignets).

Au kenjutsu, on ne peut travailler que l'unification ken tai, puisque le mouvement à faire est prévu à l'avance (kata). Dans un premier temps — je dirai presque « naïvement » —, on arme la coupe (on prend le kamae de départ), on commence le pas en même temps que la coupe, on termine le pas en même temps que la coupe.

Mais le travail du corps est en fait un travail de hanches (koshi) : on peut bouger les jambes en restant sur place (faire du moonwalk), ce qui est important n'est pas en fait le mouvement des jambes mais le mouvement des hanches. Ce concept est très important pour les japonais, d'ailleurs, les hanches ont une signification mystique :

  • une respiration « normale » se fait en gonflant et dégonflant le ventre (mouvement du diaphragme, les épaules ne bougent pas) ;
  • la mère porte l'enfant dans le ventre ;
  • de fait, la circulation du ki est supposée passer par un point situé sous le nombril, le seika tanden (les chinois l'appellent dantian, c'est un des chakra des indiens) ;
  • sans doute de là la forte symbolique de l'éventration dans le suicide rituel, le seppuku.

Donc, le mouvement du corps, c'est d'abord le mouvement du ventre, des hanches (et d'ailleurs, les hanches portent le reste du corps).

Donc, dans une deuxième phase du travail, c'est le mouvement des hanches qui est important : le pied se pose de manière légère avant la fin de la coupe, et une partie du poids du corps est transférée sur le pied avant, via un mouvement des hanches (une légère rotation) au moment où la coupe se termine. Ainsi, vu de l'extérieur, le pied est en avance sur le sabre, mais la hanche est synchrone. Cela aussi est ki ken tai.

On retrouve ce concept dans la manière « théorique » de donner un coup de poing en avançant (tsuki) au karaté : le pied se pose légèrement, puis le poids est transféré au moment où le poing part (mouvement du bras et de la hanche). On voit bien ce travail de hanche au karaté sur la vidéo suivante :

en statique, ou voit le mouvement de hanche entre 02:00 et 02:05, puis il est démontré dans la plage 02:25-02:35 ; on voit le mouvement de hanche en avançant dans la plage 03:56-04:04.

Le ki ken tai est donc la manière jugée la plus sûre de porter une attaque :

  • en n'ayant pas d'intention jusqu'au moment de l'attaque, je reste vigilant et je peux effectuer une parade ou une esquive (go no sen, l'adversaire a l'initiative) si l'adversaire décide d'attaquer avant ;
  • en étant attentif, je peux aussi percevoir les signes avant-coureurs d'une attaque et donc attaquer alors qu'il est lui-même obnubilé par son intention d'attaque (sen sen no sen) ;
  • moi-même, je ne trahis pas mon intention d'attaque puisque je déclenche mon attaque au moment même où je l'envisage ;
  • j'engage mon corps (mes hanches) au bon moment, donc je m'expose au minimum tout en ayant la puissance maximale au moment de l'impact ;

je travaille cela en faisant attention, lors des kata, à synchroniser le mouvement des hanches avec celui du sabre.
Revenir en haut Aller en bas
VIC

VIC


Masculin Messages : 4285
Date d'inscription : 18/01/2012

Le kenjutsu et le iaido Empty
MessageSujet: Re: Le kenjutsu et le iaido   Le kenjutsu et le iaido Icon_minitimeVen 21 Nov - 18:44

Oui, merci bien, tu peux toujours me donner par mp les coordonnées de ton ancien prof, même si il est peu probable que je choisisse de franchir le périf, mais bon, on ne sait jamais...

Est-ce que le chi n'est pas en fait lié à l'expulsion brutale de l'air ? C'est ce qu'il me semblait. Je me demandais si le cri (le kaï je crois) partait du même principe (en dehors du fait d'impressionner l'adversaire pour lui faire perdre un temps de réflexe).

Citation :
pour pouvoir juger de l'unification d'iceux avec l'intention, l'attaquant doit crier l'endroit qu'il vise (men pour le casque, do pour la cuirasse, kote pour les poignets).
Je me demande ce qui ce passerait si un combattant annonçait d'autres endroits à la place, ça devrait faire une sacrée pagaille.

Concernant la vidéo, je les vois pratiquer des mouvements opposés (avancer le bras droit tout en reculant le bras gauche). Il me semble que ces mouvements opposés permettent ou plus de rapidité, ou plus de force. Est-ce faux ? Merci.

Revenir en haut Aller en bas
cdang

cdang


Masculin Messages : 1472
Date d'inscription : 15/10/2014
Localisation : Le Havre (76)

Le kenjutsu et le iaido Empty
MessageSujet: Re: Le kenjutsu et le iaido   Le kenjutsu et le iaido Icon_minitimeVen 21 Nov - 23:37

VIC a écrit:

Est-ce que le chi n'est pas en fait lié à l'expulsion brutale de l'air ? C'est ce qu'il me semblait. Je me demandais si le cri (le kaï je crois) partait du même principe (en dehors du fait d'impressionner l'adversaire pour lui faire perdre un temps de réflexe).
Pour ce que j'en sais, le ki est une croyance mystique, c'est l'énergie de l'univers. À l'époque où on ne connaissait pas l'oxygène, la respiration permettait de faire le plein de ki et de le distribuer dans le reste du corps (en passant par le seika tanden). Mais il y a aussi une réserve de ki interne qui s'épuise, ce qui provoque le vieillissement.

On a en tête le kiai des karatékas. Le kiai est en fait une extension du ki interne, une manière de le projeter. Cela peut se faire par l'intermédiaire d'un cri, mais apparemment pas que ; et le cri n'est pas forcément violent, l'important est qu'il soit, je crois, « intense » (de même qu'un chanteur pro peut avoir une voix « dense » sans forcément chanter fort, alors que Jane Birkin a une voix éthérée même lorsqu'elle chante fort). Et de toute manière, il doit provenir du ventre (du seika tanden) ; les joueurs d'instrument à vent appellent ça la colonne d'air (la contraction des abdos et du diaphragme permet de maîtriser la pression).

Citation :
men-do-kote
Je me demande ce qui ce passerait si un combattant annonçait d'autres endroits à la place, ça devrait faire une sacrée pagaille.
Euh, c'est uniquement dans l'optique d'une compétition de kendo, pour pouvoir sanctionner une erreur. Sur le champ de bataille, tu parles qu'on s'en fout.

Citation :

Concernant la vidéo, je les vois pratiquer des mouvements opposés (avancer le bras droit tout en reculant le bras gauche). Il me semble que ces mouvements opposés permettent ou plus de rapidité, ou plus de force. Est-ce faux ? Merci.
Je ne suis pas karatéka, mais je vois les choses comme ça :
  • dans la garde (kamae), on a une main devant qui permet de maintenir l'adversaire à distance, de parer un coup, et éventuellement de saisir ce qui passerait à proximité ; reculer ce bras pendant que l'autre frappe permet simplement d'inverser la garde, donc d'avoir toujours un bras devant en protection et un bras armé prêt à frapper ;
  • l'échange des bras permet de faire participer tout le tronc, de la hanche à l'épaule, à la frappe, et donc de mettre plus de puissance ;
  • peut-être que replier le bras permet un relâchement de certains muscles facilitant la frappe de l'autre bras ; là, j'essaie de frapper en maintenant le bras devant, c'est pas « naturel » et ça me gêne un peu.
Revenir en haut Aller en bas
cdang

cdang


Masculin Messages : 1472
Date d'inscription : 15/10/2014
Localisation : Le Havre (76)

Le kenjutsu et le iaido Empty
MessageSujet: Re: Le kenjutsu et le iaido   Le kenjutsu et le iaido Icon_minitimeVen 28 Nov - 11:53

Saya no uchi


  • saya (鞘) : le fourreau ;
  • uchi (内) : dedans ;

le terme saya no uchi désigne donc les techniques pratiquées en gardant le sabre dans le fourreau. On peut les pratiquer avec un bokken (sabre en bois) en imaginant qu'il est dans un saya.

À l'origine, il pouvait s'agir de techniques non-létales, par exemple pour corriger un paysan sans le tuer, mais surtout de techniques d'urgence : si l'on n'a pas le temps de dégainer, ou si un adversaire nous empêche de dégainer — en saisissant le poignet ou la poignée du sabre par exemple. Dans ce cas-là, on peut utiliser les parties non tranchantes du sabre pour frapper ou comme levier pour une clef de poignet (par exemple).

La vidéo suivante montre un agresseur volant le sabre de sa victime pour l'utiliser contre lui.



Contrairement au fourreau européen qui est attaché à la ceinture par des sangles, le saya est juste glissé dans la ceinture ; un cordon, le sageo, est noué à la ceinture et empêche le vol du saya. Mais le saya est mobile dans la ceinture et peut être éventuellement complètement dégagé.

Le kenjutsu et le iaido 360px-Illustration_of_samurai_wearing_various_types_of_armor_by_Brian_Snoddy
Le saya est simplement glissé dans la ceinture.

Une technique saya no uchi simple consiste à donner un coup avec le pommeau du sabre (kashira) : on saisit la poignée (tsuka) de la main droite et le saya de la main gauche, comme pour dégainer, mais les deux mains vont vers l'avant. En application martiale, on vise en général le plexus solaire (le bas du sternum, il y a un os assez fragile, le xyphoïde), ou la gorge ; à l'entraînement, on frappe plutôt les abdos. La frappe fait reculer l'adversaire, ce qui laisse la place pour dégainer — il suffit de faire glisser le saya vers l'arrière en maintenant le bras droit (qui tient la poignée) tendu —, puis trancher.

La vidéo suivante montre un kata de l'école Seitie iai. Le pratiquant est attaqué des deux côtés ; il frappe l'adversaire devant lui avec le kashira, puis dégaine et pique l'adversaire derrière lui, et enfin se retourne vers le premier adversaire et le tranche.



Si un adversaire tente de saisir la poignée en venant de la droite (le sabre est porté sur la flanc gauche), on s'éloigne avec un pas sur le côté gauche ; la main gauche tire le saya vers la gauche (pour éloigner encore plus la poignée). De la, on peut faire un arc de cercle vers le haut pour frapper l'adversaire avec la garde (tsuka).

La vidéo suivante montre les kata de la série Hasegawa (niveau moyen de l'école Muso Shinden ryu). On voit ce mouvement de frappe vers 02:55 (la technique est suivie d'un dégainage et d'une coupe)


Si un adversaire réussit à saisir la poignée, il ne va plus la lâcher — ayant commencé les hostilités, il n'a aucun intérêt à libérer le sabre. On pose la main droite par dessus la main de l'adversaire, et la main gauche sur le saya, puis on fait un petit mouvement circulaire (mawashi) avec la poignée pour tordre son poignet (kote mawashi, que les aïkidokas appellent nikyo). Ce mouvement part des hanches : ce sont les hanches qui bougent, les mains étant posées sur la poignée et le saya pour que le sabre bouge de manière solidaire. Ainsi, on utilise les muscles des jambes, les plus puissants.

Si un adversaire saisit le saya par derrière, il peut déséquilibrer le porteur pour pouvoir ensuite lui voler son sabre (comme dans la première vidéo). Dans ce cas là, on peut se dégage par un pas, toujours en saisissant la poignée et le saya de la même manière.

On voit ce mouvement dans la vidéo précédente, vers 05:38 (également suivi d'un dégainage, puis d'une pique).

En ninjutsu, ils ont des techniques saya no uchi utilisant la cordelette sageo pour immobiliser ou étrangler l'adversaire.
Revenir en haut Aller en bas
cdang

cdang


Masculin Messages : 1472
Date d'inscription : 15/10/2014
Localisation : Le Havre (76)

Le kenjutsu et le iaido Empty
MessageSujet: Re: Le kenjutsu et le iaido   Le kenjutsu et le iaido Icon_minitimeMar 2 Déc - 12:55

Le hasuji


  • ha (刃) : le tranchant de la lame ;
  • suji (筋) : ligne ;

le hasuji désigne l'angle que fait la lame avec la cible. Le terme suji désigne la partie de la chair qui donne la force (muscle, tendon) mais aussi la corde de l'arc (initialement en tendon) ; on peut donc le comprendre comme étant la manière dont les muscles donnent la force au tranchant. Suji désigne aussi la ligne ; dans cette dernière acception, on pourrait y voir un rapport avec la calligraphie : la trace du sabre dans le corps est telle la trace du pinceau sur le papier. La ligne donne aussi le chemin, le chemin dans l'air et à travers le corps.

Le concept est assez clair lorsque l'on considère le batto do, la coupe de nattes de paille. La vidéo ci-dessous montre un exercice de coupe selon quatre plans différents : shiho giri, coupe dans les quatre directions (le même terme peut désigner d'autres types d'exercice). On voit également le reishiki (étiquette, protocole qui précède et qui suit l'exercice).



La vidéo suivante montre le rapport entre la coupe et la calligraphie. L'exercice s'appelle happo giri, coupe dans les huit directions (là encore, le terme peut désigner un autre type d'exercice). Le mouvement étant plus lent que sur la vidéo précédente (il n'y a pas besoin d'avoir une vitesse à l'impact), on peut bien voir l'orientation de la lame sur chaque coupe.



Avec un shinai (sabre souple de lamelles de bambou), le concept est moins évident : en effet le sabre est cylindrique. Toutefois, une cordelette, le tsuru, relie la pointe à la poignée, comme un hauban, et donne une légère courbure au shinai. Le tsuru matérialise le dos de la lame (mune), et donc la touche n'est validée que si c'est la partie opposée au tsuru qu touche l'adversaire.

La forme du bokken (sabre de bois rigide), et encore plus celle du iaito (katana non affûté), reproduit celle du katana, le tranchant (ha) est clairement matérialisé. Le pratiquant s'attache, lors des exercices, à bien orienter sa lame dans le sens de la coupe. En particulier, lorsque l'on est en garde (kamae), la lame doit déjà avoir l'orientation de la coupe.

Le kenjutsu et le iaido 320px-Kodachi_ja_tanchikuto_1
Bokken (gauche) et shinai (droite). Le tranchant (ha) est vers la droite de l'image. On voit nettement le tsuru.

On pourra bien sûr critiquer que si une garde donne une seule possibilité de coupe, il n'y a pas d'effet de surprise. On en revient au fait que l'on pratique un do, une voie de progression continue, et non pas un jutsu, une pratique visant à vaincre.

Au iaido, on cherche à couper dans la continuité du dégainage, même si cette première coupe, le nuki tsuke, est souvent plus une menace destinée à stopper l'attaque qui vient qu'un tranchage de l'adversaire. Le fourreau doit donc être orienté dans le sens de la coupe. Toutefois, pour éviter que l'adversaire ne puisse prédire la coupe qui va être faite, le dégainage se fait toujours avec la lame dans le plan vertical (tranchant vers le haut), puis le fourreau tourne durant le dernier tiers du dégainage.


Dernière édition par cdang le Mer 3 Déc - 11:11, édité 3 fois
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé





Le kenjutsu et le iaido Empty
MessageSujet: Re: Le kenjutsu et le iaido   Le kenjutsu et le iaido Icon_minitime

Revenir en haut Aller en bas
 
Le kenjutsu et le iaido
Revenir en haut 
Page 1 sur 2Aller à la page : 1, 2  Suivant

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Terres d'évasion... :: LA MAISON DU CORPS :: La salle d'armes-
Sauter vers: