RanXerox & LiberatoreAttention : sujet pour public averti RanXerox (ou Ranx) est un androïde créé à partir des pièces d'un photocopieur, personnage principal de trois bandes dessinées cyberpunk éponymes, dessinées par l'italien Tanino Liberatore. Les scénarios sont de Stefano Tamburini pour les deux premiers tomes parus au début des années 80. Alain Chabat signe l'essentiel du troisième et dernier réalisé une quinzaine d'années plus tard, qui donne une suite là où l'histoire semblait inachevée.
Couverture de la récente dernière intégrale qui réunit les 3 tomes et divers bonus :
- Citation :
Ranx est un colosse dans un monde de brutes. Ranx est un robot entouré d humains.
Depuis un malencontreux court-circuit, il est victime d un simili-sentiment amoureux pour une petite peste de 12 ans shootée en permanence et au caractère exécrable, Lubna.
Pour lui trouver de la drogue, se débarrasser de ses amants, lui faire plaisir, Ranx ira du massacre collectif à la performance au music-hall.
Ranx n a peur de rien, et surtout pas du ridicule. Au-delà de la provocation et du défoulement libérateur, ne cherchez pas de sens à ces histoires épiques : elles sont un prétexte pour que vous explose en pleine figure une dose létale de cyberpunk, d'ultra violence crue et d'érotisme, dans une espèce de parodie du monde moderne, de sa perdition dans la consommation et l'égoïsme.
Retrouvez enfin ce monument de la bande dessinée trash (lauréat du prix Alfred presse à Angoulême en 1983) dans une intégrale grand format, idéale pour apprécier la puissance de l'incroyable dessin hyper réaliste de Liberatore. Ne ratez pas Ranx, car lui ne vous ratera pas !
Mon avis :
RanXerox, c'est un vrai coup de poing dans la gueule. Pour moi, RanXeroxest l'Orange Mécanique de la BD.
Un choc, même aujourd'hui, alors il faut essayer d'imaginer le côté novateur lors des 80's, en plein boom.
RanXerox faisait ses classes dans L'Echo des Savanes, alors que, paradoxalement, il était emblématique des valeurs portées par Metal Hurlant.
Alors oui, c'est l'un des fondateur du mouvement cyberpunk : ville futuriste, dystopie (donc sombre), et Ranx est une machine.
Une machine inhumaine et qui bugue souvent, avec son niveau d'agressivité au maximum, et qui peut massacrer à tour de bras.
Le marmot qui vous dérange dans le métro parce qu'il chiale ? Pas de problème, Ranx transforme sa tête en purée de framboise.
Ultra-violent, donc, et je renvoie à Orange Mécanique. Car il n'y a pas que Ranx la machine qui soit ultra violente, le reste de l'humanité l'est également. La violence de la BD n'est que le reflet de la société, la BD sert à le dénoncer. D'ailleurs les êtres humains de la BD ne valent pas mieux que Ranx.
Pas de tabou dans cette BD, le but est de choquer : dans la lignée de Lolita de Nabokov, RanXerox couche avec Lubna, la femme de sa vie, qui n'a que 12 ans, et la BD contient quelques passage X. Lubna est elle-même droguée. Question drogue, c'est cocaïne et héro. Mais bon, ils sont à peu près tous drogués dans cette BD.
Il ne faut surtout pas juger les dessins sur les premières pages du récit de l'intégrale : en N&B, c'est une sorte d'intro au trait très underground, fait clairement pour les zines.
Ensuite, le talent de Liberatore éclate avec des dessins en couleur qui n'ont plus rien à voir avec ceux du début, et son vrai style explose.
Revenons-en sur ces premières pages. D'emblée, on a envie de refermer car on est écoeuré par cette violence gratuite et l'absence de tabou.
Ensuite, on assiste à une épopée sauvage et bestiale, Ranx ayant un côté très simiesque d'ailleurs, mais ce robot à la musculature de gorille ne cherche pas vraiment à imiter les humains. De toute façon, les humains de la BD font comme lui, sexe, drogue, et violence.
Les amateurs de SF auront noté les petits clin d'oeil à Asimov (dont les Lois de la Robotique sont bafouées joyeusement) et à Ballard (Crash, mêlant sexe et accidents de voiture).
Passé le premier écoeurement, certains -comme moi- diront que la violence de cette BD sera toujours inférieure à la réalité.
Pendant ce temps, l'homme torture, tue, viole, pour son plaisir ou pour l'argent.
Sinon, la lecture est aussi un certain défouloir face à la censure et à l'hypocrisie générale, et le formatage actuel.
En conséquence, une BD à ne pas mettre en toute les mains, et pour lecteurs avertis.