Quand Beaumarchais livre sa pièce en 1781, elle est aussitôt interdite. "
Cela est détestable et ne saura jamais être joué", déclare Louis XVI au moment des procès qui occupèrent la censure pendant trois ans.
Mais la pièce sera finalement jouée et connaîtra même un succès phénomènal : 67 représentations en 1784 et 111 dans les cinq années qui suivirent.
Cette "Folle Journée" avait de quoi inquiéter les garants de l'ordre social. Beaumarchais s'en défendait pourtant en disant, dans sa préface, que sa pièce n'était "
qu'un charmant badinage". Certes, mais il n'y avait pas que cela. C'était une effrontée dérision de l'ordre établi. Les privilèges y étaient clairement remis en cause.
Sa pièce est au final une dérivation, une exagération naturelle de la féodalité et donc de l'Ancien Régime.
Figaro, né du peuple, sert le comte Almaviva lorsque sa cause est bonne mais se retourne contre lui quand son dessein est vil. C'est une manière de dire que le peuple est le régulateur de la puissance féodale et monarchique.
On a vu dans Figaro la montée de la bourgeoisie ou l'allégorie du tiers état.
Napoléon Bonaparte, plus tard, en parlant de cette pièce dira : "
Le Mariage de Figaro, c'est déjà la Révolution en marche".
Une Révolution qui, au fond, sera née sur les tréteaux.