Le Marquis de Sade / Les 120 Journées de Sodome

L'enfant terrible de la littérature française. Une plume qui sent le souffre...



De son vivant, la légende s'empara de Sade, comme pour persuader de la noirceur de ce personnage. En noircissant Sade, les hommes firent preuve des raffinements pervers qu'ils sont capables d'inventer autour des faits réels et dans les moyens de répression. A tel point que le terme de "sadisme" fut formé avec son nom.

Emprisonné à la Bastille, Sade formera l'oeuvre la plus originale et la plus inattendue qu'il n'ait jamais été donné de lire dans l'histoire de la littérature française : les "120 journées de Sodome". Ce roman - car c'est un roman - raconte l'histoire de quatre libertins qui s'enferment dans un château retiré, avec une quarantaine d'esclaves pour assouvir leurs désirs les plus pervers. C'est sur un rouleau aisément dissimulable, que Sade copia son récit. Mais le 4 juillet 1789, il est transféré, sans pouvoir rien emporter, à Charenton. Dix jours plus tard, son ex-cellule est pillée : le rouleau fut ramassé et, fait rare, conservé jusqu'en 1904 où un psychiatre allemand publia cette catalogie psychopathologique restée ignorée.

La perte de ce manuscrit fit verser à Sade des larmes de sang. Il n'aura de cesse de retrouver l'inspiration hardie des "120 journées". Libéré par la Révolution neuf mois plus tard, Sade n'avait encore été connu et oublié que comme libertin.

Marquis de Sade a écrit:

"Un jeune abbé demanda ma soeur. Il était jeune et joli, mais à peine pouvait-on distinguer son vit, tant il était petit et mou. Il l'étendit presque nue sur un canapé, se mit à genoux entre ses cuisses, lui soutenant les fesses des deux mains et lui chatouillant avec une le joli petit trou de son derrière. Pendant ce temps-là, sa bouche se porta sur le con de ma soeur. Il lui chatouilla le clitoris avec la langue, et s'y prit si adroitement, fit un usage si compassé et si égal de ses deux mouvements qu'en trois minutes il la plongea dans le délire. Je vis sa tête se pencher, ses yeux s'égarer, et la friponne s'écria : "Ah ! mon cher abbé, tu me fais mourir de plaisir." L'habitude de l'abbé était d'avaler exactement la liqueur que son libertinage faisait couler. Il n'y manqua pas, et se secouant, s'agitant à son tour tout en opérant contre le canapé sur lequel était ma soeur, je lui vis répandre à terre les marques certaines de sa virilité. J'eus mon tour le lendemain, et je puis vous assurer, messieurs, que c'est une des plus douces opérations où je me sois trouvée de ma vie. Le fripon d'abbé eut mes prémices, et le premier foutre que je perdis fut dans sa bouche. Plus empressée que ma soeur de lui rendre le plaisir qu'il me faisait, je saisis machinalement son vit flottant, et ma petite main lui rendit ce que sa bouche me faisait éprouver avec tant de délices."

(Extrait des "120 Journées de Sodome", ed. 10/18 )